Le président de la métropole ouvre une crise inutile dans la majorité

Publié le 2 juin 2023

Le 26 mai 2023 après un conseil de métropole plutôt studieux et calme, Christophe Ferrari, président de la métropole Grenoble-Alpes-Métropole, a envoyé une lettre au groupe « Une métropole d’avance (UMA) » (avec copie aux autres groupes de la majorité de la métropole) intitulée : « Abrogation de la délégation d’un Vice-Président du groupe UMA ». Selon sa décision annoncée, cette abrogation serait effective le 16 juin 2026 et elle vise Lionel Coiffard l’un des deux coprésidents du groupe UMA.

Dans un communiqué, l’ADES a exprimé « son désaccord avec l’annonce du président de La Métro de sa future décision d’abroger la délégation du vice-président Lionel Coiffard chargé de la prévention, de la collecte et de la valorisation des déchets. Il s’agit d’une des politiques essentielles de la métropole et les délibérations préparées par Lionel Coiffard ont toutes été adoptées sans difficulté par le conseil de métropole depuis le début du mandat. Qu’est-il exactement reproché à Lionel Coiffard qui pourrait fonder une telle décision ? La position du président de la métropole est-elle partagée par l’ensemble de la majorité métropolitaine ? 

Pour l’ADES, la priorité devrait être de mobiliser toutes les énergies pour préparer au mieux les politiques publiques essentielles afin d’assurer un avenir vivable pour toutes et tous dans notre agglomération où les situations sociales se dégradent à cause d’une politique gouvernementale défaillante. »

Le président de La Métro avait déjà envoyé un premier ultimatum au groupe UMA le 17 mai 2023 espérant faire voter au conseil métropolitain du 26 mai la suppression d’un poste de vice-président au groupe UMA : « Je vous demande aujourd’hui, afin de respecter la proportionnelle, de m’indiquer avant mardi 23 mai minuit, le nom de l’élue ou de l’élu dont la délégation prendra fin. A défaut, je suspendrai par arrêté une délégation relevant d’UMA avant d’inscrire une délibération en Conseil métropolitain. » Menace non mise à exécution comme prévu. Au même moment, le président Ferrari annonçait à la presse la création de son association politique qui appelle à la réconciliation !  C’est plutôt raté. Les élections sénatoriales qui approchent seraient t’elles une motivation pour ces diverses opérations politiciennes ?

La décision surprenante du président de la Métro a fait l’objet de très nombreuses réactions :

« Le groupe UMA prend acte de la volonté de retrait de délégation souhaité par Christophe Ferrari. Un courrier qui arrive 3 heures après un conseil métropolitain au cours duquel il n’a pas su répondre en séance à une interpellation sur ses menaces de retrait de délégation, et lui demandant l’apaisement. Une fois de plus les méthodes utilisées par le Président de Grenoble Alpes Métropole à l’encontre de l’un de nos membres nous interpellent. Nous ne comprenons ni le sens, ni l’objectif de telles méthodes.
Le groupe UMA est solidaire envers Lionel Coiffard, Vice-Président de Grenoble Alpes Métropole et coprésident de notre groupe politique. Par ce choix, Christophe Ferrari cible également une politique publique au cœur des enjeux de transitions écologiques et sociales que nous portons fortement.
Le groupe UMA représente plusieurs composantes de gauche de notre territoire. En 2020 les habitants ont fait des choix. Les attaques politiciennes perpétuelles de Christophe Ferrari à notre encontre montrent une fois de plus que l’expression des urnes ne lui convient pas. En se coupant de la sensibilité de gauche écologiste et citoyenne nous nous demandons quel est son projet pour les métropolitaines et métropolitains. »

L’ensemble des mouvements politiques qui soutiennent les groupes UMA et CCC : ADES, EELV, Génération.s, La France Insoumise, PCF, Réseau Citoyen de Grenoble ont réagi :

« Le président de la Métro ouvre une crise dans la majorité métropolitaine.

Ce vendredi 26 mai 2023, a` l’issue d’un conseil métropolitain qui ne laissait rien supposer, Christophe Ferrari a envoyé un courrier au groupe UMA (Une Métropole d’Avance – gauche, citoyens, insoumis et écologistes) pour annoncer qu’il retirait a` UMA la délégation d’un vice-président, Lionel Coiffard, considérant que l’application de la proportionnelle n’était plus respectée après le départ de 5 élu-es de ce groupe. Pourtant ces départs incluant un poste de vice-président et de conseillère déléguée, la répartition entre les groupes ´était de fait toujours bien respectée. Cet acte posé en dehors du Conseil où se déroulent les échanges politiques s’est fait au mépris des conseillers et conseillères de notre métropole. Aucun reproche n’est évoqué quant à la réalisation des missions du VP en charge de la Prévention, de la Collecte et de Valorisation des Déchets, qui n’a jamais été un sujet polémique ces dernières années.

L’ensemble des mouvements politiques signant ce communiqué sont ´évidemment favorables à la proportionnelle et considèrent que l’exécutif comprend en plus des vice-présidents, le Président de Grenoble Alpes Métropole. La répartition actuelle est donc en accord avec la proportionnelle : c’est bien à un diktat présidentiel que nous sommes confrontés.

Avant de sanctionner un groupe politique, et particulièrement un élu de ce groupe, Christophe Ferrari ne devrait-il pas expliciter le projet politique métropolitain qu’il porte, au moment où de nombreuses voix (groupe CCC – communistes et secrétaire départemental du PCF, maires des ”moyennes communes” de Actes comme de UMA) ont appelé à l’apaisement ?

Alors que nous sommes collectivement engagés depuis 2020 dans cette majorité de gauche écologiste et solidaire, que nos élu-es remplissent avec conviction leurs missions et contribuent à l’accélération de la transition écologique et sociale plus que jamais nécessaire, une question reste en suspens : quelle majorité veut Christophe Ferrari, pour quel projet politique ? »

Et un communiqué du 31 mai des maires et adjoints au maire de communes où existent des majorités de gauche plurielle issues des groupes ACTES et UMA : Eybens, La Tronche, Saint Egrève et Seyssinet-Pariset :

« La majorité a besoin de traits d’union, pas de point final

Nous sommes fatigués des affrontements incessants et des crises politiques qui rythment la vie de la Métropole depuis 3 ans et dont les responsabilités sont évidemment partagées.

Nous sommes las également du manque de dialogue et continuons de penser que tout ne doit pas se régler par courriers, communiqués de presse ou tweets…

Nous en appelons à la raison et à la responsabilité des uns et des autres, membres de la majorité actuelle pour sortir de cette crise. Il n’y a qu’une seule voie pour cela : le dialogue dans le respect de chacun et de nos identités politiques au seul service des habitants de notre métropole.

Nous rêvons, ni plus ni moins, d’une coalition métropolitaine qui soit à l’image de nos majorités plurielles communales où nous savons nous parler et agir, au-delà de nos différences, en cherchant le compromis exigeant dans l’intérêt public. Faisons de même à la Métropole pour ces trois prochaines années, comme nous le faisons déjà sur de nombreuses politiques publiques depuis trois ans. Laissons de côtés les guerres de personnes et de clans, et relevons nos manches pour répondre aux défis de notre époque. Dans un contexte de défiance politique, entre 49-3 et guerre des gauches, les citoyenne.s méritent mieux que des batailles internes.

Nous devons lucidement et humblement changer nos pratiques en remettant au centre nos objectifs. Répondre à la crise du logement, se déplacer aisément, bien manger, respirer un bon air, protéger notre environnement, trouver un emploi, refabriquer nos villes et nos villages, vivre décemment : voilà les objectifs communs qui sont le ciment de nos engagements en politique. 

Pour Eybens : Nicolas Richard (Maire), Pierre Bejjaji (Conseiller métropolitain délégué à la prévention de la délinquance et à la prévention spécialisée et conseiller municipal délégué Aménagement du territoire et urbanisme), Dominique Scheiblin (Conseillère métropolitaine déléguée au gens du voyage et Conseillère municipale déléguée Transition sociale)

Pour la Tronche : Elizabeth Debeunne (Vice-présidente de Grenoble Alpes Métropole chargée de l’économie sociale, solidaire et circulaire, adjointe au Maire à la communication, l’intercommunalité et la Métropole)

Pour Saint-Egrève : Laurent Amadieu (Maire et Conseiller métropolitain), Françoise Charavin (1ère adjointe à la santé et Conseillère métropolitaine)

Pour Seyssinet-Pariset : Guillaume Lissy (Maire et Conseiller métropolitain), Laura Siefert (Conseillère municipale et Conseillère métropolitaine) »

Les tensions successives portées par les exécutifs de façon unilatérale, alors que nous les avons élu dans un esprit de pluralisme des écologistes à gauche, mettent à mal les efforts collectifs qui réunissent en permanence nos militants, et nuisent à la démocratie et aux nécessaires politiques sociales et climatiques. 

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