Comme chaque année, le 17 octobre a lieu un rassemblement à 18 h Place Edmond Arnaud à Grenoble (quartier Très Cloitres), devant la plaque qui rend hommage aux victimes de la manifestation du 17 octobre 1961 à Paris. La cérémonie est organisée par « le collectif 17 octobre 1961 Isère » et la ville de Grenoble. Puis un défilé vers la passerelle St Laurent où seront jetées des fleurs dans l’Isère à la mémoire des manifestants algériens massacrés à Paris.
Le 17 octobre 1961, des dizaines de milliers de travailleurs algériens et leurs familles ont manifesté pacifiquement à Paris pour le droit à l’indépendance de l’Algérie, pour leur droit à l’égalité et à la dignité, contre le couvre-feu raciste qui leur était imposé.
Alors que la manifestation était pacifique, la répression s’est abattue sur les manifestants avec une grande violence : des milliers d’arrestations, des centaines de morts ou disparus. Le préfet de police de Paris qui conduisait les opérations était Maurice Papon, condamné en 1998 pour complicité de crimes contre l’humanité pour des actes commis entre 1942 et 1944.
Au nom de la raison d’État, le silence fut organisé sur cette tragédie par le pouvoir de l’époque et ses successeurs. C’est grâce à l’action de citoyens, historiens, écrivains, associations, grâce au foisonnement d’initiatives militantes, que la vérité a pu émerger.
L’État français doit dire la réalité de ce que furent la colonisation et la guerre d’Algérie, reconnaître sa responsabilité et agir en conséquence contre toute tentative de réhabilitation du colonialisme.
En Algérie, après les militants du Hirak, la répression frappe les organisations défendant les droits et libertés (dissolution de la Ligue Algérienne de Défense des Droits de l’Homme en janvier 2023), les journalistes (Ihsane El Kadi, directeur de Radio-M, a été condamné à huit ans de prison dont 5 ferme le 18 juin 2023), et récemment le lanceur d’alerte environnementale Kamal Aïssat, placé sous contrôle judiciaire depuis le 16 juillet dernier et interdit de sortie du territoire national, conséquence de son engagement pour la préservation de la vallée de la Soummam, classée « zone humide protégée ».
L’hommage aux manifestant.es du 17 octobre 1961 doit aussi se traduire par une solidarité au présent avec celles et ceux qui agissent pour les droits et libertés du peuple algérien.
Nous demandons la libération immédiate et sans condition des prisonniers d’opinion en Algérie.
Manifestons pour :
- exiger de l’État français qu’il reconnaisse officiellement sa responsabilité dans les massacres liés à la colonisation ;
- exiger la reconnaissance des massacres du 17 octobre comme crime d’État ;
- réclamer l’ouverture des archives de la Guerre d’Algérie et de la colonisation aux chercheurs français et étrangers, sans restriction, ni exclusives ;
- refuser les discours xénophobes, racistes, antisémites, colonialistes.
Mots-clefs : colonisation, histoire, Mémoire, Mobilisations