Le nouveau gouvernement : la cohabitation du macronisme à l’extrême-droite

Publié le 27 septembre 2024

Le Premier ministre a annoncé que son gouvernement n’était pas un gouvernement de cohabitation, ce qui signifie qu’il y a un accord de gouvernement avec le président de la République et entre les député-es macronistes et ceux de LR. Cet accord de gouvernement est soutenu au départ par environ 212 député-es, sous la surveillance constante de l’extrême droite. Deux groupes étant ainsi « réconciliés », ils forment le bloc le plus important à l’Assemblée nationale, mais vont-t-ils tenir longtemps ensemble ? En effet contrairement au Nouveau Front Populaire qui s’était mis d’accord sur un programme, ce nouveau bloc est loin d’en avoir un, et n’a pas plus une unité d’action. Il suffit de se souvenir que la droite LR refusait absolument tout accord avec le macronisme. Leur affaire pourrait vite se lézarder, d’ailleurs cela a déjà commencé avec le départ d’une députée du groupe Ensemble Pour la République.

Pour pouvoir survivre, Macron et Barnier ont donné des gages à l’extrême droite, notamment en plaçant au ministère de l’intérieur, le sénateur Retailleau.  Celui-ci n’a pas fait dans le détail en expliquant, dès son arrivée Place Beauvau que sa priorité était de rétablir l’ordre et que la pente pour le faire sera rude, sous-entendant l’inaction de son prédécesseur Darmanin. A peine nommé il a une déclaré au Figaro : « L’immigration, quand elle n’est pas maîtrisée, n’est une chance pour personne, ni pour la France ni pour les immigrés. Le vrai sujet, c’est le nombre. Trop, c’est trop ». Le Rassemblement national jubile de voir qu’à nouveau il gagne la bataille idéologique.

Dès qu’il y a un risque de mécontenter le RN, le Premier ministre s’empresse de rassurer Marine Le Pen au téléphone. Tout se passe comme s’il y avait un passager clandestin dans le gouvernement : le Rassemblement national. Ce gouvernement peut peut-être durer plus longtemps que prévu jusqu’à ce que le macronisme se délite. Le Nouveau Front Populaire sera-t-il assez habile pour élargir les votes de ses propositions par des député-es de centre gauche et se montrer une alternative solide face à une dérive vers l’extrême-droite très inquiétante ?

Pour une analyse socio-politique du gouvernement voir ici.

On attend le discours de politique générale du 1er octobre du Premier ministre, qui pour l’instant en dit le moins possible, il est probable qu’il restera encore le plus possible dans le vague pour laisser découvrir la réalité de sa politique décrite dans le projet de budget qui ne sera dévoilé que vers le 9 octobre à l’Assemblée nationale. La crise écologique et sociale n’est au centre des préoccupations ni de Barnier, ni de Macron, ni de Le Pen.

On devrait tout de même connaitre l’avis du Haut conseil des finances publiques sur le projet de loi de finances 2025 avant que le budget soit déposé aux parlementaires.

Maintenant on connait les plafonds de dépenses prévues en 2025 pour chaque ministère, élaboré par le précédent gouvernement, mais il s’agit de comparaison avec les dépenses prévues dans la loi de finances initiale de 2024 votée en décembre 2023. Or les vraies dépenses ont beaucoup dérapé et les recettes ont beaucoup diminué, donc ces données plafond ne sont pas figées, loin de là, de ce fait une austérité maximale nous guette.

Les dernières prévisions sur le déficit français pour 2024 sont très inquiétantes car il dépasserait les 6 % du PIB et les collectivités locales sont pointées du doigt. Voir par exemple la dernière étude de la Banque Postale.

Il faut craindre un sévère coup de rabot sur les dotations de l’Etat aux collectivités locales ou un encadrement vigoureux de leurs dépenses. Ce qui mettrait en péril l’investissement public car ce sont les collectivités locales qui sont responsables des deux tiers des investissements publics.

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