L’avenir de la plateforme chimique en question

Publié le 25 octobre 2024

L’entreprise chimique Vencorex emploie 450 personnes à Pont de Claix. Elle était mise en redressement judiciaire le 10 septembre 2024. Son propriétaire était le groupe thaïlandais PTT Global Chemical. Vencorex n’était plus capable de soutenir la concurrence asiatique. Malheureusement et contrairement aux espoirs des salarié.es, un seul repreneur a déposé une offre de reprise. Il s’agit de l’entreprise hongroise BorsodChem, qui appartient à un groupe chinois. Toutefois, elle ne reprendrait que 25 salariés sur les 46 qui composent l’atelier de tolonates, qui fabrique des composants pour peintures et vernis, qui alimentent bon nombre d’industries chimiques, dont l’usine Arkema à Jarrie.

Le personnel de Vencorex a décidé en assemblée générale de se mettre en grève illimitée avec blocage du site le mercredi 23 octobre. Une grève est aussi déclenchée à Arkema qui craint aussi pour son avenir. C’et tout le complexe chimiste qui est atteint.

Le tribunal de commerce doit rendre une décision le 6 novembre prochain, soit poursuivre le redressement judiciaire de Vencorex ou prononcer la liquidation de l’entreprise.

Le syndicat CGT alertait depuis longtemps sur la situation. En plus, la CGT craint un effet domino pour les autres entreprises des plateformes chimiques de Pont-de-Claix et de Jarrie, dont certaines exploitent les sous-produits de Vencorex, notamment pour produire du chlore liquide.

Les activités de Vencorex en début de chaîne de chlore et de soude, n’ont intéressé aucun repreneur. Pour la production de sel deux acheteurs potentiels sont intéressés dont Arkema, mais pour l’instant aucune offre n’a été déposée.

Le sénateur écologiste Guillaume Gontard se posait la question « de savoir comment une entreprise qui fournit la matière première pour l’ensemble de la chimie, qui ne devait pas avoir de problème pour fonctionner, arrive dans cette situation. On sait que derrière, ce sont des questions à la fois de spéculation à l’international, de groupes qui veulent prendre la main sur des ressources pour pouvoir maîtriser l’ensemble d’un marché, mais aussi la question du dumping… »

Le sénateur s’interrogeait sur la stratégie du groupe PTT Global Chemical, qui possède d’autres usines et pourrait également avoir « la volonté d’assécher la production française pour se reporter vers les USA ou la Thaïlande… Je regrette le manque de vision stratégique. On a toujours tendance à vouloir recréer des choses, comme avec les mégafactories, en oubliant que nous avons des matières premières qui existent, qui sont plutôt en difficulté. Ça soulève la question de comment on se protège au niveau français et européen pour ne pas perdre nos productions de matières premières, qui sont la clé d’entrée de nos productions industrielles. »

Avec les députées Cyrielle Chatelain et Marie-Noëlle Battistel, le sénateur avait demandé au préfet de l’Isère de mettre en place un comité de pilotage avec des représentants des salarié.es, des élu.es et les services de l’Etat. « Le préfet a répondu qu’il ne souhaitait pas le faire tout de suite, car il y avait encore des négociations avec des éléments confidentiels ». On peut s’interroger sur ce manque de réactivité des services de l’Etat ?

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