
Un rapport sur la mise en place des « groupes de besoins » – dénomination qui avait remplacé celle de groupes de niveau – en français et mathématiques au collège, ce rapport intermédiaire de l’inspection générale de l’Éducation, du Sport et de la Recherche sur les groupes de besoins au collège pointe le risque de voir les écarts de compétences se creuser entre les élèves et ne relève pas de bénéfice pour les élèves les plus fragiles. La fameuse réforme Attal sur les groupes de niveaux était une fausse bonne idée, la correction par les groupes de besoin n’est pas un succès loin d’en faut.
Voici les conclusions de la synthèse de ce rapport : La mission a porté un regard approfondi sur la manière dont cette mesure atteignait ou non les objectifs qui lui étaient fixés et notamment le fait de « garantir à tous les élèves l’acquisition progressive et la maîtrise des connaissances et des compétences », des plus fragiles aux plus avancés. Il importe de préciser que la mesure a offert une réelle visibilité à la grande difficulté scolaire, sans parvenir à la résorber. La diminution des effectifs constitue cependant l’avancée majeure mise en avant par les enseignants pour tenter d’y répondre.
C’est pourquoi, si les effets s’avèrent contrastés en ce qui concerne les élèves « à faibles besoins » ou « à besoins modérés », en revanche les élèves les plus fragiles, « à forts besoins », n’ont clairement pas bénéficié des avancées attendues de la mesure. Les raisons en sont multiples mais le risque est majeur de voir les écarts de compétences se creuser entre les élèves et ainsi fragiliser fortement le retour en classe entière en début de 4 e.
Pour répondre à l’ensemble de ces constats, la mission recommande de revenir sur le caractère systématique de cette mesure pour tous les élèves de 6 e et de 5 e sur l’ensemble des heures de français et de mathématiques, en redonnant de l’autonomie aux chefs d’établissement dans les choix à opérer localement.
Pour cela, chaque collège arrêtera une stratégie de réussite des élèves, de la 6 e à la 3 e, révisée annuellement selon les avancées constatées et les résultats des élèves aux évaluations institutionnelles, formalisée dans un document ayant vocation à être présenté en conseil d’administration.
Eu égard aux nombreuses réformes qui ont concerné le collège, et plus largement le système éducatif, ces dernières années, la mission préconise d’inscrire toute politique d’évolution du collège dans une démarche systémique et de long terme. Il est, pour cela, indispensable que cette démarche s’appuie sur une modification substantielle de la formation initiale et continue des professeurs du second degré en portant une attention spécifique aux questions relevant de la gestion de l’hétérogénéité et du traitement de la grande difficulté scolaire.
Et les 5 recommandations :
Recommandation 1 (ministère de l’éducation nationale, de l’enseignement supérieur et de la recherche)
Revenir sur l’organisation des enseignements au collège où les cours de français et de mathématiques sont dispensés en groupes sur la totalité du volume horaire concerné, pour toutes les classes de 6 e et 5 e.
Définir de manière nationale un modèle unique de réponse, pour l’ensemble des établissements du territoire, aux questions complexes que soulèvent l’hétérogénéité des élèves et les besoins importants rencontrés par les plus fragiles d’entre eux, constitue une démarche peu susceptible de convenir à la grande diversité des situations scolaires, des profils d’élèves, des réalités inhérentes aux ressources humaines disponibles ainsi que des moyens dont disposent les collèges.
Recommandation 2 (ministère de l’éducation nationale, de l’enseignement supérieur et de la recherche)
Veiller à inscrire toute politique d’évolution du collège dans une démarche systémique et de long terme. Le système éducatif, et le collège en particulier, fait face, depuis plusieurs années, à de multiples réformes qui, pour certaines d’entre elles, en raison d’une absence d’évaluation et d’une trop courte durée de mise en œuvre, peinent à s’inscrire dans un temps pédagogique propice à une réflexion approfondie et pérenne.
Les équipes de collège ont connu en 2023-2024 et 2024-2025 deux années de réadaptation importante tant dans leurs pratiques professionnelles que dans le fonctionnement de leurs établissements. Dans un contexte de réécriture de nouveaux programmes d’enseignement et d’un nouveau socle commun, de mise en œuvre d’une réforme de la formation initiale et d’un déploiement des évaluations nationales à l’ensemble des niveaux de classe, il s’avère indispensable de garantir une stabilité plus importante par une approche systémique qui prenne en compte l’ensemble de ces leviers.
Recommandation 3 (ministère de l’éducation nationale, de l’enseignement supérieur et de la recherche)
Renforcer l’autonomie des chefs d’établissement sur les décisions à prendre pour faire réussir tous les élèves au collège et sur l’utilisation des moyens supplémentaires accordés dans le cadre de la mesure « groupes de besoin ».
Cette démarche permettrait aux équipes de valoriser les expérimentations engagées lors de ces deux dernières années (heures hebdomadaires de soutien et d’approfondissement, enseignements en groupes, soutien, etc.) en leur permettant de faire les choix qui répondent le mieux aux besoins de leurs élèves.
• Pour les aider dans ce choix, la mission dresse ci-dessous une liste d’aménagements possibles de l’enseignement en groupes et propose des alternatives aux équipes qui souhaiteraient mettre en place des fonctionnements hybrides ou totalement différents des groupes (« Préconisations pour guider les équipes dans la définition d’une stratégie destinée à accroître les connaissances et les compétences de tous les élèves en français et en mathématiques »).
• Dans le cadre de cette stratégie globale, la mission propose également, pour les établissements qui feraient le choix de conserver l’enseignement en groupes sur le même modèle que l’année 2024-2025, une série de points d’attention à prendre en considération afin de mettre en œuvre une démarche propice notamment à la réussite des élèves les plus fragiles.
Recommandation n°4 (chef d’établissement)
Définir et arrêter, au sein de chaque collège, une stratégie de réussite des élèves, de la 6 e à la 3 e
, formalisée dans un document présenté en conseil d’administration.
Cette feuille de route contiendra deux volets, en lien avec le décret du 3 avril 2025 : un plan de réussite 6e / 5 e, et un plan de réussite 4 e / 3e.
Pour chacun de ces deux volets, sera déclinée une stratégie interne pour accroître les connaissances et les compétences des élèves en français et en mathématiques, différente en termes de moyens alloués par le collège et de démarches mises en œuvre, mais liées en termes de diagnostic initial de l’établissement et d’objectifs fixés par les équipes. Cette stratégie pourra faire l’objet d’une présentation par le chef d’établissement dans le cadre du dialogue stratégique et de performance, lors de rencontres avec les équipes dans le cadre du contrat d’objectifs ou encore lors de l’évaluation de l’EPLE.
Recommandation n°5 (ministère de l’éducation nationale, de l’enseignement supérieur et de la recherche)
Engager un vaste programme de formation initiale et continue des enseignants du second degré portant en particulier sur la gestion de l’hétérogénéité des élèves.
Une action majeure, d’envergure, portant notamment sur la prise en charge de la grande difficulté scolaire et sur la différenciation apparaît comme essentielle. La clé de voûte de la réussite pour transformer le collège et lui assurer la capacité de prendre en charge tous les élèves dans leur diversité, doit reposer sur une articulation fine entre propositions de mise en œuvre sur le terrain et renforcement de la formation des enseignants.https://www.education.gouv.fr/media/227630/download
Mots-clefs : Education, france, inégalités