
Il s’agit d’un phénomène inédit et surprenant à plusieurs titres explique Atmo-Aura. Depuis plusieurs semaines, des millions d’hectares de forêts brulent au Canada. Ces incendies sont d’une précocité et d’une virulence inhabituelles, accentués par les effets du réchauffement climatique, notamment par la sécheresse.
Comme prévu et observé depuis plusieurs jours, les masses d’air chargées en particules fines issues de ces incendies traversent l’océan Atlantique sous un flux d’ouest à très haute altitude et survolent l’Europe sans impact notable sur les concentrations au sol.
Ces masses d’air sont notamment chargées de particules fines (PM10 et PM2,5). La part des particules les plus fines (PM2,5) est la plus importante, ce qui est spécifique aux phénomènes de combustion. Les fumées issues de feux de forêts peuvent également transporter d’autres composés, tels que des oxydes d’azote, des oxydes de carbone, ou autres Composés Organiques Volatils…
Les impacts observés depuis le 9 juin
Nous avons tous observés depuis lundi 9 juin un ciel voilé et laiteux, davantage encore hier mardi 10 juin avec une impression de brouillard et une visibilité réduite au loin. Que se passe-t-il ?
Sous l’effet d’un phénomène météorologique spécifique dans les hautes couches de l’atmosphère (inversion de subsidence, diminution de la pression atmosphérique…), le panache de fumées jusque-là transporté en altitude, mais déjà visible sur les reliefs alpins ces dernières 48h, est brusquement redescendu dans les basses couches de l’atmosphère, impactant significativement les concentrations observées sur l’ensemble de la région
Cet apport de particules a généré une augmentation globale des concentrations de particules PM10 et PM2,5 sur l’ensemble du territoire, occasionnant notamment des franchissements du seuil réglementaire journalier de 50 µg/m3 sur les bassins lyonnais et stéphanois.
De manière plus surprenante, ces imports de fumées canadiennes ont également provoqué une augmentation importante des concentrations d’ozone, avec l’observation de dépassements du seul horaire réglementaire de 180 µg/m3 sur le bassin lyonnais Nord-Isère, en Vallée du Rhône et en Haute-Loire.
L’influence des fumées issues de feux de forêts par rapport à l’augmentation des taux d’ozone est un phénomène inédit sur notre région, que nous allons investiguer plus en profondeur ces prochaines semaines, mais déjà documenté dans d’autres régions du globe. En effet, outre les particules, ces fumées d’incendie transportent des précurseurs d’ozone (oxydes d’azote, oxydes de carbone, COV), qui, sous l’effet de la chaleur et du rayonnement solaire, favorisent la production d’ozone.

Courbe d’évolution des PM10 sur la région

Courbe d’évolution des PM2.5 sur la région
Mots-clefs : climat, pollution atmosphérique, santé