
Les observations du dispositif TREND (Tendances récentes et nouvelles drogues) en 2024 font état de l’évolution des usages des outils numériques par les réseaux de trafic, des consommations de drogues par les personnes en situation de précarité et des usages de drogues dans des contextes de Chemsex (usage chimique liée aux pratiques sexuelles notamment de prostitution)
Le dispositif TREND montre que l’utilisation des réseaux sociaux par les trafiquants s’est généralisée. En 2024, l’annonce de contrôles sur l’application Telegram a entraîné la migration de nombreux comptes tenus par les trafiquants sur cette application vers d’autres applications et messageries instantanées.
Un communiqué de l’OFDT (Observatoire français des drogues et des tendances addictives) et une publication détaillée du 27 novembre 2025 intitulée : Evolutions des trafics de drogues : perfectionnement des techniques de vente et diversification des acteurs.
« Les observations du dispositif TREND de l’OFDT en 2024 montrent que l’usage des applications numériques et des messageries instantanées par les trafiquants de drogues se généralise et se perfectionne. La diversification des profils socio-démographiques des personnes impliquées dans les trafics constitue également un fait saillant des observations. Cette diversification mérite toutefois d’être relativisée dans la mesure où la présence de jeunes hommes connaissant des situations de grande vulnérabilité économique et sociale reste majoritaire sur les points de vente.
Malgré la forte baisse de sa production mondiale depuis 2022, l’héroïne continue d’être disponible, particulièrement dans certains territoires hexagonaux. Les prix au détail ainsi que les taux de pureté de la substance sont toujours caractérisés par leur forte variabilité, ce qui peut engendrer la survenue d’effets indésirables, voire d’incidents sanitaires.
Enfin, sauf exception, le dispositif TREND de l’OFDT n’observe pas de marché structuré de fentanyl (ou de ses dérivés) ou d’autres opioïdes de synthèse comme l’oxycodone. La consommation hors protocole thérapeutique de ces substances ne concerne qu’un très faible nombre de personnes qui l’obtiennent sur prescription médicale.
Usagers de drogues marginalisés : précarisation des conditions de vie, centralité de la cocaïne basée
Le dispositif TREND de l’OFDT signale une aggravation de la précarité qui caractérisait déjà les conditions de vie des personnes consommatrices de drogues marginalisées. Ce phénomène résulte d’une pluralité de facteurs : difficultés financières croissantes, expulsions locatives ou de squats, saturation des dispositifs d’hébergement, dématérialisation des démarches administratives, éloignement des centres-villes où sont implantés les dispositifs médico-sociaux. De même, la santé mentale et l’accès aux soins psychiques des personnes précaires consommatrices de drogues continuent d’être particulièrement préoccupants en 2024. Ils sont notamment liés au manque de places en structures (notamment dans les centres médico-psychologique) et au manque de coordination entre les secteurs de la psychiatrie publique et les structures d’addictologie.
Sur le plan des consommations de drogues, l’intensification des usages de cocaïne basée (ou crack) et l’accaparement du quotidien par la recherche et l’usage de ce produit constitue un fait saillant qui s’explique par le développement des ventes fractionnées (il est possible de se procurer des doses de cocaïne pour 20 ou 10 euros, parfois même 5 euros) et la satisfaction vis-à-vis d’effets puissants. Cette satisfaction vis-à-vis de la substance fait écho aux analyses toxicologiques pratiquées par le dispositif SINTES de l’OFDT, les forces de l’ordre, les associations de RdRD qui montrent une tendance à l’augmentation de la teneur moyenne de la cocaïne ces dernières années. Pour certaines personnes marginalisées, la consommation de cocaïne basée se substitue à celles d’opioïdes, notamment d’héroïne. L’usage de cocaïne basée (crack) concerne également, et de manière croissante, des personnes insérées socialement et économiquement. Certaines d’entre elles ont développé un usage intensif de la substance (souvent consécutivement au décès ou la maladie d’un proche, à une séparation conjugale, à la perte d’un emploi, etc.) et connaissent une dégradation rapide de leur situation sociale.
Chemsex et chemsexers
Peu de changements sont observés sur le plan des produits consommés en contexte de chemsex : la kétamine y est toutefois plus systématiquement présente, aux côtés du GHB/GBL et des cathinones de synthèse. La diversité de ces dernières marque les informations recueillies en 2024. Elle place de nombreux consommateurs, chemsexers ou non, dans l’incertitude quant au produit dont ils souhaitent faire usage et peut être à l’origine d’effets indésirables graves.
Certains chemsexers connaissent des difficultés croissantes à réguler leurs consommations de substances psychoactives, notamment de cathinones. Cette situation s’accompagne d’un épuisement physique et d’une souffrance psychique se manifestant parfois par des pensées suicidaires et des épisodes dépressifs ou anxieux.
Les demandes de soins et d’accompagnement liées à la pratique du chemsex auprès des structures d’addictologie et de RdRD sont décrites comme étant en hausse, du fait d’une meilleure identification de ces structures par les chemsexers et d’une adaptation des pratiques et dispositifs professionnels. Toutefois des difficultés d’accès aux soins continuent d’être rapportées, en raison d’inégalités territoriales et d’un manque d’intervenants en addictologie formés aux spécificités du chemsex, laissant certaines personnes en grand désarroi.
