Stade des Alpes : il coûte toujours aussi cher et ce n’est pas fini !

Publié le 8 janvier 2016

Stade des AlpesLe 18 décembre 2015, la Métro a passé un 6ème avenant au contrat de délégation de service public du stade des Alpes pour augmenter la subvention d’équilibre au délégataire qui n’arrive pas à rentabiliser suffisamment le stade. La Métro s’engage à verser chaque année 1,4 M€ à Sogestal, délégataire jusqu’à fin octobre 2020… Décidemment ce stade est un véritable trou noir et plus on l’utilise et plus il coûte cher ! Encore un héritage de mauvais choix passés.

Le Stade des Alpes souffre d’un péché originel qui le suivra jusqu’à sa fermeture et sa démolition… En 2000, MM. Migaud et Destot, pour assurer le rayonnement de Grenoble et développer l’attractivité de la ville et de l’agglomération, ont décidé sans débat public de remplacer le vieux stade Berty par un stade uniquement voué au football professionnel. On parlait même à l’époque pour justifier son volume (extension prévue à 28 000 places) que Grenoble pouvait avoir une équipe de football de niveau européen !!! Quand les politiques s’occupent de sport business, ça tourne toujours mal. Ou bien on investit pour l’intérêt général et la collectivité subventionne les activités ou bien c’est aux organisateurs des spectacles sportifs de payer le stade. Mais nos responsables de l’époque se sont permis de jeter de l’argent par les fenêtres et pour faire voter le principe de ce grand stade d’agglomération, l’investissement a été très sous-estimé puisque la première estimation était de 29 M€. En fait il a coûté quand on prend toutes les dépenses plus de 90 M€.

Ce stade n’a pas été pensé pour être multi-activités sportives ou culturelles d’intérêt général : pas de piste d’athlétisme, ni de vélo, pas d’espace pour accueillir des troisièmes mi-temps de rugby, des salles mal étudiées… En plus la ville de Grenoble a payé le parking sous le stade qui ne sert à rien, notamment il n’est pas utilisable, pour des questions de sécurité, lors des manifestations sportives ou culturelles dans le stade. Il a été construit pour permettre d’obtenir le permis de construire du stade, car il devait y avoir au moins 83 places de stationnement dédiées aux activités du stade pour obtenir le permis.

Les premières années d’utilisation ont vu la gestion désastreuse par Index Corporation, propriétaire du GF38, qui, après une courte montée en Ligue 1, a fait sombrer le club en CFA2. Heureusement que la nouvelle équipe municipale grenobloise a poussé le club de rugby à venir y jouer ses matchs et arrêter le projet d’extension du stade Lesdiguières qui aurait encore été un gaspillage d’argent public.

Le contrat de DSP (Délégation de Service Public) passé par M. Baïetto pour 8 ans à partir du 1er novembre 2012 avec la société Carilis ne prévoyait pas qu’il puisse y avoir un club résident et un club utilisateur en même temps. Carilis s’était engagé à faire de nombreuses manifestations dites « grande jauge » pour diminuer la subvention d’équilibre versée par la Métro. Carilis s’était engagé dans le contrat à créer une société uniquement dédiée à la gestion du stade d’où la création de la SAS Sogestal. Mais avec les deux clubs sportifs qui occupent le stade, cela rend plus difficile pour Sogestal d’organiser des manifestations grandes jauges, d’où sa demande de rallonge de la subvention à la Métro.

Il s’avère que vouloir rentabiliser ce stade à travers de multiples opérations gérées par un privé ne rapporte presque rien par rapport à une gestion directe. En effet les dépenses de Sogestal sont de 2,9 M€ annuelles financées par 1,6 M€ de recettes diverses (dont 0,7 M€ de locations par le FCG et le GF38) et 1,4 M€ de subventions de la Métro. Les locations hors activités sportives ne rapportent donc que 0,9 M€. Et il y a de nombreuses charges qui ne seraient pas supportées par une gestion directe.

Le coût du stade en gestion directe (avant la DSP à Carilis) était d’environ 1,3 M€ hors personnel (voir Compte administratif 2012 de la Métro) avec environ 0,4 M€ de recettes (sans club professionnel), donc on peut estimer que la gestion directe aurait coûté moins cher à la Métro que la gestion déléguée pour faire fonctionner le stade uniquement pour le rugby et le football. Essayer de faire de l’argent par de l’évènementiel semble illusoire et entre en concurrence avec d’autres structures notamment le Palais des Sports et ne rapporte pas grand-chose, ce stade n’étant pas fait pour cela.

Malheureusement nous devons supporter un très mauvais héritage du contrat d’affermage de M. Baïetto jusqu’en 2020, à moins de pouvoir le dénoncer sans indemnité ce qui n’est jamais très simple, mais devrait être néanmoins étudié.

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