La politique vaccinale : l’analyse de la cour des Comptes

Publié le 16 février 2018

Dans son rapport annuel 2018, dans l’analyse des politiques publiques, la cour des Comptes analyse la politique de vaccination, le chapitre s’intitule : « La politique vaccinale : un enjeu de santé publique, une confiance à conforter ».

La Cour confirme l’analyse d’Etienne Tête que nous indiquions dans l’article de la semaine précédente, c’est bien à cause de l’arrêt du Conseil d’Etat que le gouvernement s’est précipité pour changer les obligations de vaccinations :

« À la suite de la requête déposée auprès du ministère en février 2016 par 2 300 personnes demandant la mise à disposition distincte des trois vaccins obligatoires, sans combinaison avec d’autres vaccins simplement recommandés, consécutive à la rupture d’approvisionnement en vaccin trivalent DTP, le Conseil d’État, dans une décision du 8 février 2017, a enjoint à la ministre chargée de la santé de prendre dans un délai de six mois des mesures pour permettre de rendre disponibles des vaccins correspondant aux seules vaccinations obligatoires, sauf à ce que la loi évolue en élargissant le champ de ces dernières aux vaccinations recommandées. Cette dernière option a été en définitive retenue dans le cadre de la loi de financement de la sécurité sociale pour 2018… »

La Cour rappelle le fondement de la politique de vaccination :

« La vaccination consiste à protéger contre une maladie infectieuse une personne généralement non encore infectée, en lui administrant l’agent infectieux, atténué ou inactivé, ou des fragments de celui-ci. L’introduction dans l’organisme de ces antigènes induit une réponse immunitaire spécifique et protectrice. Au-delà de la personne vaccinée, cette protection assure une immunité de groupe, quand le nombre de personnes ainsi immunisées devient suffisant pour enrayer la transmission de l’agent infectieux dans la population. La vaccination a apporté une contribution essentielle à l’effondrement de la mortalité liée aux maladies infectieuses. Elle a ainsi permis d’éradiquer la variole, de faire chuter l’incidence mondiale de la poliomyélite de 99 % depuis 1988 et de faire baisser de 79 % le nombre de décès dus au virus de la rougeole dans le monde. Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), elle permet d’éviter deux à trois millions de décès par an dus à la diphtérie, au tétanos, à la coqueluche et à la rougeole. À l’exception de l’assainissement des eaux, aucune modalité d’intervention n’a eu autant d’impact sur la réduction de la mortalité. Tout en étant peu coûteuse, la vaccination est ainsi une des actions de santé publique parmi les plus efficaces… ».

Elle traite de l’hésitation et de l’opposition vaccinale qui s’exprime en France :

« Malgré les succès majeurs et indiscutables de la vaccination, les oppositions vaccinales ont progressé ces dernières années, singulièrement en France, pays marqué par une succession de crises qui ont affaibli la crédibilité des autorités sanitaires…

Cette hésitation vaccinale particulièrement importante s’inscrit dans un contexte français où se sont succédé depuis plus de 20 ans de multiples crises qui ont affaibli la crédibilité des autorités sanitaires : les crises sanitaires (hormone de croissance, sang contaminé, vache folle, Médiator®) et la gestion défaillante de campagnes vaccinales (campagne 1994-97 pour la vaccination anti-HBV (virus de l’hépatite B), campagne 2009-10 contre le virus H1N1) alimentent une défiance à leur encontre qui nourrit les controverses liées aux vaccins et à leurs adjuvants…

L’opposition vaccinale se nourrit à la fois d’une sous-estimation du risque infectieux, la perception de la balance risque/bénéfice s’inversant à mesure que tend à s’effacer la mémoire des grandes épidémies, mais également d’une hésitation vaccinale grandissante, largement relayée par les réseaux sociaux. Cette hésitation, qui touche toutes les catégories socio-professionnelles et les professionnels de santé eux-mêmes, comme en témoigne la faiblesse de la vaccination contre la grippe saisonnière, est aujourd’hui une cause majeure de la fragilisation de la couverture vaccinale, mais aussi la conséquence d’un manque de réactivité des pouvoirs publics. »

En 30 pages elle analyse l’ensemble des questions liées à la politique publique de la vaccination et ses buts sanitaires. En conclusion elle fait 5 recommandations à l’Etat :

« 1. généraliser le carnet de vaccination électronique ;

  1. ouvrir plus largement aux professionnels de santé autres que les professions médicales (infirmiers, pharmaciens) la possibilité de réaliser des vaccinations ;
  2. revenir sur la suspension de l’obligation de vaccination contre la grippe des professionnels de santé ;
  3. impliquer activement la médecine scolaire dans la vaccination et, le cas échéant, permettre des vaccinations de rattrapage par des professionnels de santé extérieurs à l’école ;
  4. ajouter aux missions de la Haute Autorité de santé le soin d’assurer la présence réactive sur les réseaux sociaux d’une information indépendante et scientifique sur la vaccination. »

Pour accédr au rapport annuel de la Cour des Comptes, cliquez ici.

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