Plan de relance, les plus précaires encore oubliés

Publié le 11 septembre 2020

La Fondation Abbé-Pierre et le collectif Alerte réagissent au plan de relance qui oublie les publics les plus précaires. La cohésion sociale était pourtant présentée comme l’une des trois priorités du plan de relance, mais entre la communication et l’action réelle il y a toujours un grand gouffre avec le macronisme.

La Fondation estime que depuis le début de la crise, les plus pauvres ont, à chaque fois, été aidés tardivement et a minima, qu’il s’agisse de la prime exceptionnelle de 150 euros, de l’aide aux étudiants précaires ou de la prime d’Action logement. Elle rappelle les mesures anti-sociales, qui pourraient impacter négativement les plus modestes, comme la réforme de l’assurance-chômage ou la contemporanéisation des APL (aides personnelles au logement).

Le collectif Alerte, qui rassemble les grandes associations de lutte contre l’exclusion, estime que les plus précaires sont une fois de plus ignorés. Le collectif juge que « le gouvernement, à travers le plan de relance économique qu’il vient de présenter, n’a une nouvelle fois pas pris la mesure de la réalité vécue par 9 millions de nos concitoyens, dont 3 millions d’enfants ». Il rappelle donc de nouveau l’urgence de développer des politiques ambitieuses afin d’éradiquer structurellement la pauvreté dans notre pays.

Le Premier ministre a expliqué, qu’en matière de lutte contre la précarité, les actions seront détaillées dans le PLFSS (projet de loi de financement de la sécurité sociale) et moins par le PLF (projet de loi de finances). Ces deux textes doivent être présentés d’ici la fin du mois de septembre. On verra si les inquiétudes des associations sont levées. Mais vu l’ampleur du déficit de la sécurité sociale, il y a fort à parier que le pied sera plutôt sur le frein.

Voici un extrait du communiqué « Plan de relance : les plus précaires, une fois de plus ignorés ! » du 3 septembre du collectif Alerte :

« Nous rappelons donc de nouveau l’urgence de développer des politiques ambitieuses afin d’éradiquer structurellement la pauvreté dans notre pays.

Les personnes les plus précaires, premières victimes des effets de la crise.

Perte d’emplois et de revenus, réduction de l’activité, augmentation des charges pendant le confinement, endettement, impayés de loyer, réduction drastique du reste à vivre qui pousse de plus en plus de gens vers les lieux de distribution alimentaire, rupture scolaire, surmortalité : les personnes en situation de précarité sont les premières à subir les effets de la crise alors que leur conditions de vie étaient déjà critiques auparavant, comme l’a souligné à de nombreuses reprises le collectif ALERTE. 

Nous sommes aujourd’hui face à une aggravation, un basculement et un ancrage d’une frange de la population dans la grande précarité. Alors que la paupérisation des 15-30 ans s’accélère, le plan de relance ne comporte aucune mesure qui leur garantisse un emploi stable et un revenu décent. Il faut agir maintenant !

Pour des mesures de long terme

Le gouvernement a certes su proposer des solutions temporaires face à la crise, notamment concernant l’aide alimentaire, l’hébergement et des aides financières exceptionnelles pour les familles modestes et les jeunes étudiants sans ressources. Mais nous regrettons qu’aucune disposition de long terme visant à faire évoluer structurellement la situation des personnes précaires n’ait été prise depuis le début du quinquennat. D’autant que le déploiement de la Stratégie de prévention et de lutte contre la pauvreté ne semble plus être une des priorités du gouvernement. 

Le gouvernement l’indique lui-même : il faudra a minima 2 ans pour retrouver le niveau économique d’avant crise. Il est donc temps que le gouvernement considère enfin que l’investissement dans les besoins économiques et sociaux des plus précaires est rentable et indispensable afin de lutter contre une pauvreté grandissante, au travers de :

  • La revalorisation significative du RSA et son ouverture dès 18 ans
  • La revalorisation des APL tenant compte des impayés de loyer
  • Le développement d’une politique de sécurisation alimentaire
  • L’accès aux soins pour tous, ouverture des droits en santé pour les étrangers
  • L’investissement dans l’Insertion par l’Activité Economique et les contrats aidés
  • La lutte contre l’isolement social… »

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