Planification écologique : les découvertes tardives du gouvernement, bien insuffisantes

Publié le 28 octobre 2022

Pour les écologistes de longue date, il est à la fois satisfaisant et dramatique d’observer que le gouvernement se penche sur la planification écologique en découvrant l’ampleur du travail à réaliser pour cause d’inaction depuis 20 ans et plus…

C’est réjouissant d’observer que nos dirigeants découvrent les sujets sur lesquels il faut agir en priorité, mais également dramatique de voir que le gouvernement croit pouvoir agir sans se poser la question du profond changement de société incontournable pour y parvenir, avec l’objectif politique de justice sociale et de lutte contre le changement climatique indissociables.

La Première ministre, le 21 octobre 2022, croit encore qu’arriver à une société neutre en carbone, demandera des adaptations et non des ruptures profondes dans l’organisation de nos sociétés.  Une indispensable révolution fiscale donnerait aux administrations publiques les moyens d’actions nécessaires en respectant l‘article 13 de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789, à savoir que la majorité des impôts et des taxes sont définis et demandés selon les capacités contributives de chaque ménage, ce qui n’existe ni dans les budgets de l’Etat (à part l’impôt sur le revenu qui est très minoritaire dans les recettes de l’Etat), ni dans celui des collectivités. Le refus de taxer les supers profits et les supers dividendes est la démonstration implacable que le néolibéralisme est toujours la boussole du gouvernement.

Sur le contenu du discours de la première ministre, prenons un seul exemple concernant la transition qui devra être adaptée localement : « Ce sont les territoires, qui ont entre leurs mains la plupart des compétences décisives pour la transition écologique, comme la mobilité, la restauration de la biodiversité, la gestion de l’eau ou des déchets ». Mais les budgets prévus pour les aides aux collectivités sont absents ou ridicules dans le budget de l’Etat sur ces questions, en particulier pour les mobilités.

De plus Madame Borne oublie deux secteurs essentiels pour diminuer les GES : le logement et l’alimentation qui doivent être aussi adaptés localement. Sur la rénovation énergétique des logements, il y a un besoin immense d’investissements, de créations de filières locales et d’aides aux propriétaires pour que les travaux soient engagés rapidement et à ce sujet il manque des financements massifs qui ne sont pas prévus dans le budget de l’Etat. La première ministre se réjouit de voir que « MaPrimeRenov » aide près de 700 000 ménages (en majorité pour changer de mode de chauffage mais pas d’isolation thermique). En raison du retard pris, des millions de logements sont concernés en raison de leur état énergétique, principalement des logements privés (il y a 5 millions de passoires thermiques) et la rapidité avec laquelle il faudrait avancer sur ces sujets est grandement ignorée.

Sur l’alimentation nous devons diminuer la consommation de viande. Dans l’agriculture l’utilisation des engrais chimiques doit fortement baisser, ainsi qu’une remise en cause des élevages industriels. Pas de réelle action fléchée n’est traduite dans les budgets.     

Tous les rapports qui sortent régulièrement sur les transitions énergétiques et écologique nécessaires, indiquent que la France est très loin de consacrer les financements suffisants à ces questions et qu’il s’agit d’une transformation en profondeur de notre société, d’où l’absolue nécessité d’une vision politique qui n’apparaît pas.

De nombreuses collectivités locales veulent prendre ces questions à bras le corps. Elles vont devoir se mobiliser pour que l’Etat prenne les bonnes décisions budgétaires et à leur niveau en agissant ici et maintenant en faveur des transitions indispensables. Les propositions de la convention citoyenne pour le climat de la métropole, vont dans le bon sens et devront être mises en œuvre rapidement et sans filtre…

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