Les budgets de référence en 2018, pour vivre dignement

Publié le 13 janvier 2023

Quel est le niveau de budget dont on a besoin pour vivre correctement ? C’est la question que s’est posé le conseil national des politiques de lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale (CNLE) dans son rapport 2022 sur « Les budgets de référence (BdR) en milieu rural, en ville moyenne et en Métropole du Grand Paris – Nouvelles pistes pour l’inclusion sociale. »

Il ressort de ce rapport qu’en fonction du territoire et pour des ménages logés dans le parc social, le budget de référence varie en 2018 entre 1419 € (milieu rural) et 1863 € (Métropole du Grand Paris) pour un actif seul ou entre 3381 € (Ville moyenne) et 3586 € (Métropole du Grand Paris) pour un couple d’actifs avec 2 enfants (pré et adolescents).

Le CNLE part d’abord des besoins des personnes et des familles, pour aboutir à un budget. Inspirée de l’expérience britannique, l’approche retenue fait le choix d’une méthode d’évaluation participative des besoins, cependant encadrée fortement par le recours à l’expertise. Priorité est donnée aux connaissances des personnes interrogées, représentatives de l’ensemble des groupes sociaux et non pas uniquement des ménages pauvres. Les budgets de référence ont été calculés par le Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie (CREDOC) et l’Institut de recherches économiques et sociales (IRES).


Le rapport se penche sur l’ensemble des dépenses minimales de biens et services nécessaires, pour qu’une famille participe de manière effective à la vie sociale, dans une visée d’inclusion sociale durable, et non de survie, sans peur du lendemain. Après valorisation par les experts de ce panier de biens et services, un budget de référence par type de familles, selon les territoires est obtenu, pour 8 configurations familiales.

« Principaux constats

Ce rapport, qui a nécessité un investissement considérable de connaissances, comporte au total 10 chapitres avec des études inédites de plusieurs chercheurs. Il revient notamment sur les modalités de réalisations des budgets de référence et relève quelques résultats saillants :

La vie décente se situe au-dessus du seuil de pauvreté monétaire conventionnel fixé à 60% du niveau de vie médian de la population en France métropolitaine. En moyenne le seuil de vie décente avoisine 84 % du niveau de vie médian, du champ examiné (territoires et configurations familiales), selon une étude du rapport CNLE réalisée à partir de l’enquête revenus fiscaux et sociaux de l’Insee.

Halo de pauvreté – Ces budgets révèlent une frange de la population qui sans être pauvre a des ressources modestes et connait régulièrement des manques ou des tensions budgétaires pour boucler les fins de mois. Au total, les pauvres et modestes non pauvres, en insuffisance budgétaire pour mener une vie convenable, représentent selon cette même étude environ 35 % de la population du champ examiné.

Ces budgets sont constitués à plus ou moins les trois quarts de dépenses contraintes ou peu compressibles.

Ils apportent un éclairage sur le continuum des situations autour du seuil de pauvreté monétaire officiel et sur ce que signifie « sortir de la pauvreté ».

On note l’influence décisive du lieu de vie sur le risque du manque. S’il s’observe une convergence des besoins élémentaires, subsistent des divergences conditionnées par les caractéristiques socio-économiques des territoires et les ressources institutionnelles.

Le poste de dépenses « Vie sociale » en Métropole du Grand Paris est le plus important des trois territoires. Il témoigne du besoin de s’aérer, de sortir d’une grande agglomération urbaine jugée stressante et de bénéficier a minima d’une offre culturelle et de sorties très développée.

A cet égard, le meilleur choix de lieu de vie selon le niveau requis du budget de référence est très souvent en ville moyenne. Les montants nécessaires pour atteindre une vie décente y sont souvent plus faibles qu’ailleurs. Ces agglomérations ne manquent pas d’atouts en raison d’une combinaison optimale du coût du logement, de la disponibilité de services publics et d’équipements collectifs. C’est aussi là que les aides nationales ou locales sous conditions de ressources sont plus efficaces en regard de l’écart entre le revenu du ménage et du budget de référence qu’elles permettent de réduire.

Se distingue clairement l’impact des services publics : équipements collectifs (Transports en commun, logement social, gardes d’enfants …), offre locale de services et d’aides (tarification sociale notamment), qui jouent un rôle majeur pour modérer à l’échelle domestique, le montant de revenu dont il faut pouvoir disposer pour mener une vie ordinaire dans la dignité.

On peut aussi noter que :

Le fait d’être locataire ou non du parc social influe très fortement sur les budgets de référence.

Le coût d’un enfant (jusqu’à l’âge de 14 ans) supplémentaire dans un foyer mesuré par les BdR est sensiblement plus élevé que les calculs conventionnels ne le prévoient. »

cnle_ra2020_-_assemblage_-_bat_web.pdf

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