Vidéoprotection, quelle efficacité dans les enquêtes judiciaires ?

Publié le 7 février 2025

Toujours la même polémique. Les ministres de l’Intérieur successifs poussent les communes à multiplier les caméras sur les voies publiques pour la vidéoprotection et certains maires et leurs équipes, dont celui de Grenoble, résistent à ces pressions. Cette politique est très simple, l’Etat s’occupe de la sécurité des biens et des personnes et demande aux communes de payer les moyens pour y parvenir. La seule question qui devrait intéresser les maires qui acceptent de payer à la place de l’Etat : est-ce efficace contre la délinquance ?

Pour la préfète de l’Isère, lors de ses vœux aux forces de l’ordre, le 28 janvier 2025 cette solution est très efficace, affirmation sans aucune démonstration.

A Grenoble, la décision d’implantation de caméras est faite en fonction de leur véritable utilité. L’efficacité est démontrée pour protéger les espaces clos (immeubles, tramways, parkings…), par contre sur les voies publiques les études scientifiques les plus récentes démontrent son inefficacité dans les enquêtes judiciaires. L’utilisation de l’argent public communal doit être justifiée à tout moment.

Une étude scientifique commandée par les gendarmes montre l’inefficacité de la vidéoprotection. Menée par une équipe d’universitaires grenoblois, l’étude met en lumière un faible taux d’élucidation des infractions et des effets quasiment nuls en matière de prévention de la délinquance, confirmant une affirmation de la Cour des comptes.

Il serait bon que la préfète de l’Isère prenne connaissance de ce travail avant de faire pression sur les communes pour qu’elles payent à la place de l’Etat ; si elle est si sûr de sa position, qu’elle débloque les fonds nécessaires, sinon elle ne fait que de la politique politicienne, ce qui n’est pas le rôle d’une préfète.

« Le 9 Décembre 2021, Guillaume GORMAND a restitué les résultats de l’étude « Evaluation de la contribution de la vidéoprotection de voie publique à l’élucidation des enquêtes judiciaires » lors des ateliers de recherche de l’Ecole des Officiers de la Gendarmerie Nationale « La place de la police municipale au sein du continuum de sécurité ».

En 2020, les magistrats de la Cour des comptes indiquaient qu’ils n’avaient trouvé « aucune corrélation globale […] entre l’existence de dispositifs de vidéoprotection et le niveau de la délinquance commise sur la voie publique, ou encore les taux d’élucidation ». Ils concluaient alors leur rapport annuel avec, entre autres, la recommandation #5 invitant à « Engager une évaluation de l’efficacité de la vidéoprotection de la voie publique, notamment dans l’élucidation des crimes et délits, avec le concours de chercheurs et d’experts ».

Par la présente étude, la Gendarmerie Nationale apporte une réponse à cette demande des Sages de la rue Cambon. En soutenant et accueillant sans tabou une démarche d’analyse scientifique, la Gendarmerie est à l’origine d’une démarche inédite qui constitue à ce jour l’évaluation la plus complète et détaillée de la contribution de la vidéoprotection à l’élucidation d’enquêtes judiciaire en France.

La démarche engagée a cherché, comme objectif principal, la mesure de la contribution au travail d’investigation et d’incrimination des auteurs de crimes et de délits de cette technologie installée dans les espaces publics. Au-delà de cette interrogation, les données collectées ont également permis de rendre compte d’un large spectre de l’utilisation de cet outil par les enquêteurs. Elle rend notamment compte du réflexe des enquêteurs à mobiliser cette ressource, décrit pour quels types d’infractions les caméras s’avèrent le plus pertinente ou, surtout, quelles sont les configurations les plus favorables à un bénéfice élevé de la vidéoprotection.

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