
La Fédération hospitalière de France (FHF) publie le 17 mars 2025 la deuxième édition du « baromètre de l’accès aux soins ». Il met en évidence une amorce de reprise qui doit être soutenue pour enrayer la dégradation de l’accès aux soins et éviter un retour en arrière de cinq ans, voire pire, vu la situation financière des établissements.
La date de publication n’a pas été choisie au hasard : c’est le 17 mars, cinq ans jour pour jour après le début du premier confinement dû à la pandémie de Covid-19.
Le président de la FHF introduit ce baromètre : « La situation de l’accès aux soins en 2024 indique que nous sommes à un tournant. Dans l’immédiat, l’activité hospitalière retrouve des couleurs, même si la reprise masque encore des disparités ; tandis que sur le plan structurel, cette amorce de rémission n’efface pas la dégradation continue de l’accès aux soins des dernières années. Dans ce contexte, l’hôpital public a besoin d’un soutien accru pour amplifier ses efforts et éviter un retour en arrière, voire une situation plus dégradée qu’à la veille du Covid vu l’aggravation des finances hospitalières. Alors que les voyants sont au rouge sur le plan budgétaire, il est urgent de mettre en place une logique de programmation pour se donner les moyens de construire une politique de santé soutenable sur le long terme. »
Voici le début de ce baromètre :
« L’ACTIVITÉ RETROUVE DES COULEURS MAIS NE LÈVE PAS TOUTES LES INQUIÉTUDES SUR LA SANTÉ PUBLIQUE
Pour la première fois depuis la crise, la dette de santé publique accumulée lors du Covid amorce une phase de résorption : le sous-recours cumulé est, à fin 2024, de 3 millions de séjours (vs. 3,5 millions en 2023). Cette tendance s’explique par un fort dynamisme de l’activité hospitalière en 2024, avec des niveaux de recours supérieurs aux attendus, notamment grâce au rattrapage des activités déprogrammées les années précédentes.
Comme l’an passé, la tendance générale continue toutefois de masquer des disparités préoccupantes :
En médecine, on constate un sous-recours sur les prises en charge digestives (- 8 %), la cardiologie (- 10 %), le système nerveux (- 9 %), et la rhumatologie (- 8 %). Certaines catégories de la population sont plus concernées, en particulier les 70 ans et plus avec un sous-recours de – 7,3 %, représentant 220 000 séjours.
En chirurgie, les niveaux de recours pour plusieurs chirurgies lourdes continuent de marquer le pas : chirurgie digestive (-7%) et neurochirurgie (-5,5%).
Cette situation a des conséquences lourdes sur la santé des patients, avec toujours la possibilité d’un retard pris sur la détection de certains cancers.
UNE RÉMISSION QUI RESTE FRAGILE VU LA FORTE DÉGRADATION DE L’ACCÈS AUX SOINS DEPUIS 2020
Plus de deux tiers des Français déclarent avoir renoncé à au moins un acte de soin ces 5 dernières années (hôpital et ville confondus.) Une proportion en hausse significative par rapport à 2024 (68 % vs. 63 %). Et quand ils se rendent à l’hôpital, plus de la moitié d’entre eux rencontrent des difficultés dans l’accès aux soins (54 % vs 50 % en 2024).
La situation est particulièrement préoccupante aux urgences, avec des difficultés multiples qui portent, entre autres, sur les délais élevés d’attentes (39 %), mais aussi sur des examens médicaux absents (36 %).
Résultat, les Français sont inquiets pour leur propre santé : trois quarts d’entre eux craignent de ne pas pouvoir accéder à des soins de qualité en cas de besoin urgent, et deux Français sur trois disent avoir peur d’être hospitalisés vu la situation actuelle !
LE DÉBUT DE REPRISE QUI SE MANIFESTE DEMANDE UNE ACTION SOUTENUE POUR ÉVITER UNE NOUVELLE SPIRALE NÉGATIVE.
Si la situation actuelle marque globalement un début d’embellie, elle n’est pas en mesure d’enrayer la dégradation continue de l’accès aux soins depuis cinq ans. Des mesures structurantes sont nécessaires pour renforcer notre bouclier sanitaire et flécher les dépenses vers les besoins les plus urgents :
94 % des Français soutiennent ainsi la formation de plus de médecins dans les disciplines médicales les plus en tension (psychiatrie, gériatrie, pédiatrie, gynécologie…),
74 % veulent une publication des actes établissement par établissement afin d’identifier les cas de sur-recours à des fins de rentabilité.
Preuve de la prise de conscience, 6 sur 10 seraient même prêts à accepter le transfert de certaines spécialités des hôpitaux de proximité (maternité, chirurgie…) vers des centres hospitaliers avec plus de personnel et plus d’équipements d’excellence… »
Mots-clefs : CHU, inégalités, santé