
Un communiqué de l’UNIOPSS (Union nationale interfédérale des œuvres et organismes privés non lucratifs sanitaires et sociaux) du 9 avril 2025 présente son étude intitulée « Personnes vieillissantes en CHRS et Logement Accompagné » menée avec le soutien de la Délégation interministérielle à l’hébergement et à l’accès au logement (Dihal).
Face à l’augmentation du nombre de personnes précaires vieillissantes, accueillies dans les structures d’hébergement et le logement accompagné, l’Uniopss a conduit, en 2024, une étude afin d’identifier et de proposer des solutions alternatives adaptées. Objectif : accompagner au mieux l’avancée en âge et la perte d’autonomie des personnes concernées.
De plus en plus de personnes vieillissantes sont accueillies dans les centres d’hébergement et de réinsertion sociale (CHRS) ou présentes dans les logements accompagnés (comme les pensions de famille). Ainsi, en Ile-de-France, 9 % des personnes accueillies dans les structures AHI (accueil, hébergement, insertion) sont en perte d’autonomie1. De surcroît, leur vieillissement est souvent précoce suite à un parcours de vie chaotique.
Ce vieillissement des personnes avec un long parcours à la rue est un phénomène relativement nouveau puisque jusque-là, elles n’atteignaient pas l’âge de la perte d’autonomie. Or, les structures qui assurent la prise en charge de personnes en situation de précarité ne sont pas toujours adaptées à l’accompagnement digne d’une perte d’autonomie. 87 % des structures en Ile-de-France accueillantes des personnes en situation de dépendance, indiquent être en difficulté face à ces personnes, principalement du fait de l’absence de solutions d’orientation2.
Une évaluation de ces constats a conduit l’Uniopss à réaliser une étude en 2024, soutenue par la Délégation interministérielle à l’hébergement et à l’accès au logement (DIHAL), afin de mettre en lumière des expériences innovantes d’accompagnement des personnes précaires vieillissantes et de formuler des préconisations. L’enjeu étant de parvenir à dépasser les frontières entre le secteur du grand âge et celui de l’hébergement/logement pour garantir un accompagnement global et de qualité aux personnes concernées.
Ces préconisations sont articulées autour de 3 axes : diversifier l’offre des solutions à destination des personnes âgées précaires ; éviter les ruptures de parcours des personnes ; consolider le droit commun qui étaye les personnes âgées précaires.
Pour être mises en œuvre, ces préconisations nécessitent une mobilisation conjointe des acteurs associatifs, des pouvoirs publics locaux et nationaux.
Les acteurs associatifs pourraient, par exemple, développer des bonnes pratiques d’interconnaissance, proposer à leurs salariés des formations croisées sur la dépendance pour les acteurs de l’hébergement, sur la précarité pour les acteurs du secteur de l’âge, formaliser des partenariats entre eux (CHRS, pensions de famille, Porteurs d’habitat inclusif, résidences autonomie, Ehpad), ou encore coupler les pensions de famille avec des petites unités de vie et des résidences autonomie.
De leur côté, les pouvoirs publics locaux pourraient, notamment, formaliser des partenariats entre le service public départemental de l’autonomie (SPDA) et les acteurs de l’hébergement et du logement accompagné ; relancer les appels à projets pour la création de petites unités de vie ; sans oublier l’implication des DREETS, ARS et hauts commissaires à la pauvreté au sein des comités régionaux de l’habitat et de l’hébergement, afin de tenir compte des besoins des personnes précaires dans la programmation de l’offre de logement et d’hébergement.
La mobilisation des pouvoirs publics nationaux est également essentielle. Plusieurs initiatives pourraient ainsi être prises, comme la suppression de la réduction de loyer de solidarité (RLS) aux bailleurs sociaux, de manière à dégager des fonds destinés à l’adaptation des logements au vieillissement ; la sécurisation de l’habitat inclusif (via la CNSA notamment) au-delà de 2029 ; ou encore l’organisation d’une Journée nationale de l’habitat inclusif à l’instar de celle de 2023.
Toutes ces préconisations sont réalisables, y compris dans le contexte budgétaire contraint que nous connaissons, puisque bon nombre d’entre elles reposent surtout sur une amélioration de la coopération entre acteurs.
La présentation de cette étude est une première étape qui sera suivie par l’organisation d’un webinaire début juillet pour une large mobilisation de tous les acteurs concernés, à la veille des discussions sur les PLF et PLFSS 2026.
Au regard de l’émergence d’intolérances inouïes dans certains pays, pourtant dotés d’une constitution proche de la nôtre, ne devient-il pas nécessaire de rappeler nos fondamentaux à préserver ? Cette étude nous rappelle un incontournable de nos valeurs de solidarité inscrites dans l’Article 1er de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme. « Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits. Les distinctions sociales ne peuvent être fondées que sur l’utilité commune. »
1Étude de la FAS Ile-de-France de 2016
2Contribution au Projet Régional de Santé, FAS Ile-de-France – Uriopss Ile-de-France, Décembre 2022
Mots-clefs : personnes âgées, précarité, santé