
A peine les collectivités ont-elles subi l’austérité touchant leurs budgets 2025, voilà qu’elles apprennent qu’elles risquent de subir une nouvelle et violente attaque du gouvernement pour leurs budgets 2026.
En effet le 15 avril le Premier ministre a lancé un « comité d’alerte » des finances publiques en vue de préparer le futur budget de l’Etat pour 2026. Créant un climat d’anxiété, il a lourdement insisté sur la gravité de la situation budgétaire représentée par le montant des déficits publics et le montant astronomique de la dette. Il propose de faire, en 2026, au minimum 40 milliards d’économies sur les budgets de l’Etat, de la Sécurité sociale et des collectivités locales.
Ce sont elles, les collectivités locales qui sont particulièrement visées ; divers ministres indiquent que leur rythme de dépenses est trop élevé. Pourtant elles assurent la grande majorité des investissements publics. Vouloir les obliger à moins dépenser est dangereux pour l’avenir, notamment pour les transitions nécessaires et l’emploi local, souvent non délocalisable.
Le paradoxe, c’est que la loi impose aux collectivités d’être rigoureuses dans leur gestion financière : interdiction d’emprunter pour payer des dépenses de fonctionnement et obligation de rembourser les emprunts par des ressources propres c’est-à-dire sans recours à l’emprunt. Elles disposent d’indicateurs fiables leur permettant de s’assurer que leur gestion ne dérive pas vers des zones dangereuses : un taux d’épargne brute d’au moins 10 % des recettes de fonctionnement et une capacité de désendettement inférieure à 10 ou 12 années.
En 2024, le taux d’épargne brute pour l’ensemble des collectivités est de 14,3% et la capacité de désendettement de 5,3 ans. Le stock de la dette des collectivités est d’environ 210 milliards d’euros …à comparer aux 2 700 milliards de la dette de l’Etat !
Quant à l’Etat, son épargne brute est largement négative puisque les dépenses de fonctionnement dépassent de 150 milliards les recettes de fonctionnement, l’Etat paye ses agents par de l’emprunt !
La dette et le déficit des collectivités représentent environ 10 % de celui de l’Etat, si effort il y a, ce ne devrait pas pour les collectivités, dépasser ce ratio. Le directeur d’Alternatives Economique, Christian Chavagneux, a estimé le 17 avril dernier que le gouvernement fait trois erreurs et prépare un désastre budgétaire en choisissant l’austérité.
Pour Alternatives Economiques, l’enjeu central est : comment reprendre le contrôle de nos comptes publics sans saboter l’activité économique. Le gouvernement s’égare en optant pour une austérité excessive, concentrée en 2026. C’est une erreur fondée sur un triple faux diagnostic : se focaliser sur la dette alors que le problème vient du déficit ; vouloir sprinter alors qu’il s’agit d’une course de fond ; baisser les dépenses alors qu’il faut plus de recettes.
Le déficit budgétaire était de 5,8 % en 2024. L’objectif affiché par le gouvernement est de 2,8 % en 2029. Pour y parvenir, Bercy estime l’effort nécessaire à 110 milliards d’euros entre 2026 et 2029. Cela représente 22 milliards d’économies annuelles. Le gouvernement veut mettre en place une « sur-austérité » en 2026.
Au moment où les incertitudes géopolitiques font craindre des récessions, en rajouter n’est vraiment pas la bonne politique. Une autre erreur du gouvernement étonne de nombreux économistes. Il s’agit de son obsession de baisser les dépenses, en oubliant les recettes. Pourtant, l’impact récessif d’une hausse des taxes et impôts est généralement moindre que celui d’une coupe budgétaire. Mais rien n’y fait: le dogme macroniste de nepas toucher aux prélèvements obligatoiresest la religion officielle. C’est le moment de réformer notre système fiscal où les super riches payent très peu d’impôts sur le revenu, où la fiscalité des très grands groupes est ménagée.
L’Assemblée nationale a voté en février une proposition de loi (surnommée la «taxe Zucman) pour y remédier: elle instaure un impôt minimum sur les ultrariches, et doit rapporter 20milliards d’euros de recettes. Mais son parcours législatif n’est pas terminé. Le 12juin, le texte arrivera au Sénat et risque de ne pas en ressortir indemne.
On voit donc qu’il serait infiniment préférable de laisser tranquille les collectivités locales surtout après le coup de rabot de 2025, de faire moins d’économies au niveau de l’Etat notamment sur l’école et l’hopital public, et d’augmenter les recettes pour enfin s’attaquer au déficit abyssal de l’Etat ce qui allègera la dette et le montant des intérêts qui atteint une somme inquiétante.
Mots-clefs : austérité, budget, état, gouvernement