Le président du Conseil général et la biodiversité

Publié le 16 novembre 2013

On ne lit jamais assez les publications du conseil général. Le sujet principal du numéro d’Isère magazine de novembre de 2013 est consacré à l’agriculture et au métier d’agriculteur.

Le président du conseil général A. Vallini dans son édito, nous dit que « les Français ont toujours entretenu un lien fort avec la terre qui les nourrit »… « La France reste la première puissance agricole européenne, les terres, devenues un enjeu spéculatif, disparaissent sous le béton. »… « En Isère, l’agriculture de demain se prépare aujourd’hui car l’avenir aussi est dans le pré. »

Ce constat que René Dumont a fait dans les années 1970, est aujourd’hui, fortement relayé par un autre agronome de Rhône Alpes, … qui s’efforce de transmettre aux générations futures qu’il leur faut tout mettre en œuvre pour que la Terre puisse continuer à nourrir ses enfants. Mais pour cela, il est indispensable de préserver la biodiversité, c’est grâce à cela que la terre se régénère pour continuer à produire des céréales, faire pousser l’herbe sur les prairies… Donc protéger la faune c’est protéger la flore et les herbacés.

Mais voilà, le Président du Conseil général quelques pages après son édito, « dénonce les entraves à l’action ».

Certes au fil du temps, les législations successives s’amoncellent dans les divers Codes, de l’environnement, de la santé, de l’urbanisme, etc. Malheureusement, jamais les parlementaires de droite ou de gauche, ne prennent le temps d’effectuer une véritable mise à plat des textes avant d’en adopter de nouveaux, ce qui entraîne un empilement de textes législatifs, qui sont parfois contradictoires et font par ailleurs, les beaux jours de cabinets d’avocats spécialisés en défense de citoyens qui s’opposent à telle ou telle décision.

Là où çà devient intéressant, c’est que le Président du conseil général a pris l’exemple d’un projet de construction d’un pont sur l’Isère lancé depuis 4 ans et toujours à l’état d’ébauche en raison « de prescriptions qui non seulement freinent le projet mais alourdissent aussi la facture du contribuable. »

Et de préciser « Ainsi, en plus du pont lui-même, nous allons devoir réaliser et financer la construction d’une prairie naturelle, humide et en pente douce. Coût : 500 000 euros. L’aménagement de mares à destination des tritons sur 13 000 m2 soit trois fois la surface impactée par le chantier. Des mares que nous devrons entretenir pendant 10 ans ! Coût 250 000 euros. Et enfin des corridors biologiques pour que l’ensemble de la faune puisse traverser la route en toute sécurité. Coût : 250 000 euros. … « Je me dis que nous vivons dans un pays encore bien riche pour pouvoir s’offrir ce genre d’exagérations. »

Tout ce discours, ressemble à une phrase désormais célèbre « l’environnement çà commence à bien faire » prononcée par Nicolas Sarkozy.

Le président du Conseil général ne doit pas faire le lien avec la nécessité absolue de protéger la faune et la flore pour que la terre ne se stérilise pas et puisse continuer à permettre la production de céréales, de fruits et de légumes, mais aussi éviter que les cours d’eau ne contiennent plus aucune espèce vivante en raison de la pollution des sols, qu’ont entraîné nombre d’ouvrages en béton et de routes goudronnées.

En retournant, la feuille de doléances contre les entraves, on pourrait simplement écrire que le Conseil général de l’Isère est encore bien riche, pour avoir dépensé en pure perte 30 millions d’euros, sans compter l’achat de maisons, pour fabriquer un tunnel : à coup sûr une impasse qui n’aurait pas amélioré la circulation mais aurait aggravé la pollution atmosphérique de la cuvette grenobloise. Et que dire aussi de ces choix de verser des millions d’euros aux grands groupes industriels pour le projet Nanotechnologies 2015/2020. De l’argent public qui va d’abord servir à rémunérer les actionnaires de ces multinationales.

Donc pour faire quelques économies d’argent public et continuer de protéger la biodiversité, nous suggérons que les parlementaires tant du Sénat, comme A. Vallini, que de l’Assemblée Nationale se penchent rapidement sur les questions de la financiarisation de l’économie. Ils pourraient par exemple, demander aux industriels d’investir leurs bénéfices dans des projets de recherches et développement, dans l’amélioration de leurs outils de production, plutôt que de verser des dividendes à leurs actionnaires, qui s’empressent de les transférer dans les paradis fiscaux. La révision complète de la politique fiscale de ce pays permettrait aux collectivités territoriales de percevoir un impôt juste, afin de développer de véritables politiques publiques pour la protection de l’environnement et l’installation et le maintien de jeunes agriculteurs dans notre département.

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