Pourquoi est-ce si difficile de redresser les finances de Grenoble ?

Publié le 8 juillet 2016

Pourquoi les finances de la ville de Grenoble sont beaucoup plus atteintes que la moyenne des autres villes par la baisse des dotations de l’Etat ? Nous avons déjà de nombreuses fois analysé cette situation en montrant que la capacité d’épargne avait été très dégradée par la gestion précédente. La grande majorité des communes avait conservé une épargne importante, elles ont pu absorber le choc beaucoup plus facilement que Grenoble qui dès 2011 a décroché et s’est dangereusement rapprochée de la ligne rouge qui mène à la mise sous tutelle (voir le graphique). L’épargne brute devient une recette d’investissement. Toute dégradation de cette épargne entraine une diminution des investissements (sauf recours à l’endettement).

epargne-brute

L’épargne brute est la différence entre recettes et dépenses de fonctionnement. Le taux d’épargne brute est le rapport entre épargne brute et recettes de fonctionnement. Pour une commune ce taux ne doit pas descendre en dessous de 7% sinon la commune ne peut plus payer ses amortissements et son budget est alors irrégulier puisqu’il ne finance pas une dépense obligatoire, d’où la mise sous tutelle qui menaçait dès 2015.

La Cour des Comptes vient de rendre le 29 juin son rapport sur la situation et les perspectives des finances publiques où elle indique qu’en 2015 les communes ont diminué leurs investissements de 22,7 % par rapport à 2014 et que cette diminution est sans précédent depuis plus de 30 ans ! Elle note aussi que la moitié de la réduction du déficit public provient des collectivités ! On voit là que l’Etat n’a pas fait les efforts de son côté et qu’il a fait peser sur les collectivités le plus gros effort de réduction des déficits, avec des dégâts considérables sur l’investissement des collectivités ce qui met en péril l’emploi local et l’avenir des services publics locaux

Pour lire le rapport de la Cour des Comptes, cliquez ici.

Mais pourquoi est-ce si difficile de redresser la situation ?

Dans le budget communal il y a deux éléments qui sont très difficiles à diminuer rapidement, ce sont les dépenses de personnel et le stock de la dette. Or la dégradation de l’épargne de la ville de Grenoble provient uniquement de l’augmentation non maitrisée des dépenses de personnel à partir de 2012 jusqu’au budget 2014 de l’ancienne majorité. Pour effacer cette dégradation, il faudrait diminuer de12 M€ les dépenses de personnel ce qui est impossible car cela représenterait 300 postes à supprimer vite ! Dès son arrivée la nouvelle équipe a freiné au maximum ces dépenses excessives en personnel en ne remplaçant pas tous les départs et en ne renouvelant pas des contrats à durée limitée. Elle a pu ainsi bloquer en 2015 et 2016 le coût global des charges de personnel. Mais il faut en 2017 et 2018 impérativement diminuer les dépenses de personnel sinon la ville ne pourra pas redresser ses finances. Rappel : il faut économiser en 2 ans 14 M€ puisqu’il faut retrouver fin 2018 une épargne nette nulle (soit 7,5 M€), compenser la baisse de dotation de 3 M€ en 2017 et l’augmentation des frais de personnels par l’amélioration des carrières soit 3,4 M€ non compensé par l’Etat. Il faut au moins diminuer les charges de personnel de la moitié de cet effort d’économie, sinon c’est la mise à mort des associations subventionnées et la dégradation du fonctionnement quotidien de la mairie.

D’où l’absolue nécessité d’un plan de sauvegarde qui pour l’instant vise des économies de 12,7 M€ ce qui va dans le bon sens mais à peine suffisant. Ce plan devrait supprimer environ 150 postes par des non remplacements de départs, d’où la nécessité de réorganiser l’ensemble des services pour éviter que certains dysfonctionnent fortement, comme pour les bibliothèques où 13 postes ne pourront pas être remplacés.

La lutte contre l’absentéisme est aussi un des moyens pour retrouver des marges de manœuvre. A Grenoble le taux d’absentéisme a beaucoup augmenté ces dernières années, il a été stabilisé à environ 10,5 %, alors que globalement dans l’ensemble des collectivités locales il n’a cessé d’augmenter (voir article).

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