Rythmes scolaires : comme un doute

Publié le 9 novembre 2013

On n’est jamais vraiment déçu à la lecture du magazine de propagande de la majorité municipale « Les Nouvelles de Grenoble » même quand il s’agit d’une tribune « libre ».

Ainsi peut-on lire à propos de la mise en place des rythmes scolaires cette analyse frappée au coin du bon sens : « Les nouveaux temps scolaires sont-ils adaptés aux plus petits ? Comment atténuer la présence des enfants en collectivité pendant la journée ?… L’augmentation de la fréquentation et la baisse du taux d’encadrement, impliquent l’embauche de nombreux intervenants… les nouveaux temps périscolaires changent le fonctionnement classique de l’école et les rapports entre enseignants, ATSEM (agents territoriaux spécialisés des écoles maternelles) animateurs. Il est nécessaire de stabiliser les listes d’enfants, sécuriser les sorties d’établissement, organiser les transferts d’activités, mutualiser une partie des locaux et du matériel, assumer les absences… Des cultures professionnelles se confrontent, il faudra du temps et un partenariat assumé pour une bonne articulation des temps de l’enfant dans la journée. Le problème du pilotage de l’ensemble du temps de l’enfant à l’école se pose. Quelle est la mission du directeur, le conseil d’école a-t-il un rôle nouveau à jouer, quelle sera la place des parents et des associations ? »

Mais de qui ce constat plutôt sévère, ces questions où l’on sent poindre une inquiétude et une certaine critique sur ce que l’on aurait dû anticiper alors que tout reste à faire ?

D’aucuns diraient : du groupe d’élus Ecologie et Solidarité ou mieux encore de l’ADES qui comme d’habitude énumère les difficultés mais ne propose rien. Eh ! bien ils auraient tort. Car l’auteur de ces lignes n’est autre que celui-là même qui, appuyé par la majorité municipale a décidé de la mise en place de la réforme des rythmes scolaires dès la rentrée 2013, à savoir l’adjoint à l’éducation par ailleurs président du groupe des élus GO.

« Il faudra du temps » dit-il maintenant que la machine est enclenchée, mais c’était avant qu’il fallait prendre ce temps pour engager un travail collectif rigoureux dans un climat serein. Personne ne pouvait être contre le retour à la semaine de 4,5 jours. En réalité qu’est-il advenu ? Des horaires de classes qui n’ont été modifiées qu’à la marge mais qui ont pour résultat de modifier l’amplitude horaire en collectivité et donc plus de fatigue pour les enfants. De fait, en la matière, les préconisations des chronobiologistes avancées un temps par la ville sont passées à la trappe. Quant au périscolaire, la garderie est devenue récréative, le soutien scolaire ou les études surveillées : l’accompagnement scolaire, et les activités éducatives qui existaient déjà à travers le projet éducatif ont été changés en ateliers éducatifs. Pas de révolution donc, mais beaucoup de bouleversements et d’incertitudes.

Depuis février 2013, bien avant cette mise en place, nous n’avons cessé d’alerter et de faire, contrairement à ce que disent nos contempteurs, des propositions notamment dans notre article daté du 23 février où nous disions qu’il fallait : « Déterminer quel est le temps le plus favorable aux enfants entre apprentissages et activités de loisirs.

  • Réintroduire dans le débat l’hypothèse du samedi matin.
  • Organiser une meilleure articulation entre les temps d’apprentissages des enfants et temps de détente.
  • Mettre en place toutes les conditions pour que la pause méridienne permette aux enfants de ne pas être bousculés pendant le repas.
  • S’assurer de la qualité des activités périscolaires (NDLR : on peut observer là l’intérêt des parents pour cette qualité qui n’apparaissait pas jusque là, alors que des activités existaient déjà par exemple dans le cadre du Projet Educatif) et les adapter selon l’école (maternelle ou élémentaire).
  • Réfléchir à la mise en place d’un cadre d’emploi spécifique des animateurs en périscolaire, qualification et pérennisation des emplois.

C’est de la qualité de la construction collective et sans précipitation que dépendra la réussite de cette réforme au seul profit de l’enfant. »

Le 3 mars dernier dans une conférence de presse, nous demandions à ce que tout soit « mis sur la table avant de se lancer. Sans rien éviter, ni la question du temps, le plus approprié de la journée, ni celle de l’encadrement et de son statut, ni celle des locaux disponibles. » Mais sans doute étions-nous animés des pires intentions. Si cela n’était pas aussi triste, il serait assez cocasse de constater que l’élu pose des questions mais ne suggère qu’une seule réponse, le temps. Exactement ce que nous disions. Il est donc légitime de s’interroger et savoir si les choix et les renoncements de cette majorité n’ont été dictés que par le seul intérêt supérieur de l’enfant. Le doute est permis.

Brève histoire de l’aménagement du temps de l’enfant

La réforme des rythmes scolaires proposée par le ministre de l’éducation nationale V. Peillon constitue-t-elle une révolution ? Pas vraiment au regard de l’histoire récente :

  • Années 1969-1970 Tiers Temps Pédagogique
  • 1986 Les Contrats Bleus et la valorisation des pratiques sportives
  • 1988-1993 : Le CATE : contrat d’aménagement du temps de l’enfant
  • 1995 : ARS : aménagement de rythmes scolaires.
  • 1995 : ARVEJ : aménagement du rythme de vie de l’enfant et du jeune qui regroupe le CATE le CVE (contrat ville enfant) et le CVEJ (contrat ville enfant jeune)
  • 1998 : Contrat Educatif Local
  • 2013 : Réforme des rythmes scolaires

Le point commun de ces décisions repose sur l’idée que si elles sont toujours prises au niveau national, leurs mises en application relèvent le plus souvent de la responsabilité des collectivités locales, ce qui, au regard de leur disparité de moyens (commune rurale ou grande ville) ou de choix politiques (autres que l’éducation) pourrait expliquer la brièveté de la vie de ces dispositifs successifs. Dans ces conditions, la décision gouvernementale ne garantit pas l’égalité de traitement sur l’ensemble du territoire, puisque si le cadre est tracé, les activités par exemple sont facultatives.

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Un commentaire sur “Rythmes scolaires : comme un doute”

  1. . OK sur constat de la situation. Mais sur samedi matin, pour sect. 1/2: parents clairement défavorables http://t.co/fnyEEZPaQg