Alors qu’une grande majorité de citoyens et de responsables politiques avaient jugé que le terrorisme voulait mettre à mal les valeurs de notre république et qu’il fallait réaffirmer ces valeurs haut et fort, voilà que pour des calculs bassement électoraux, le Président de la République et le gouvernement ont décidé de chasser sur les terres du Front National en reprenant et en l’amplifiant le discours de la honte de Sarkozy à Grenoble. Si la déchéance de la nationalité des binationaux français de naissance pour fait de terrorisme est introduite dans la Constitution, il y aura alors deux catégories de Français, ce qui remettrait en cause des fondements de notre république : l’égalité des droits et le droit du sol. De plus tout le monde reconnaît l’inefficacité de cette mesure pour empêcher le terrorisme.
Espérons qu’il y aura assez de parlementaires pour refuser cette proposition. Encore une fois il faut inlassablement répéter qu’on ne peut pas combattre les idées d’extrême droite en chassant sur leurs terres. Les leçons de l’histoire sont pourtant là pour nous le rappeler.
Après les accords de Munich, Winston Churchill écrivait : « Ils ont eu le choix entre le déshonneur et la guerre ; ils ont choisi le déshonneur, et ils auront la guerre ».
Et Benjamin Franklin, un des pères fondateurs des Etats Unis a écrit en 1755 “Ceux qui peuvent renoncer à la liberté essentielle pour obtenir un peu de sécurité temporaire, ne méritent ni la liberté ni la sécurité.”
Que chaque parlementaire mesure bien l’importance de son vote.
Précisions : l’exécutif socialiste va beaucoup plus loin que ce que proposait Sarkozy suite à son discours de la honte à Grenoble. En effet, en 2010 (cf. projet de loi Besson) la déchéance de nationalité concernait les « Français naturalisés depuis moins de dix ans condamnés pour meurtre ou tentative de meurtre sur personne dépositaire de l’autorité publique », mais pas pour les Français de naissance.
Or, aujourd’hui rentrerait dans le champ de cette mesure de déchéance environ les quelques 3,3 millions de binationaux (selon l’INED), soit 5% de la population.
La constitutionnalisation de la déchéance de la nationalité marque donc un net recul par rapport à la loi sur la nationalité du 26 juin 1889, recul d’ailleurs dénoncé en son temps par … Hollande lui-même lorsqu’il dénonçait les propositions de Sarkozy !
Autre point, pas moins important, est celui de la future constitutionnalisation de l’état d’urgence. La France s’aligne ainsi sur bon nombre de pays européens (le 1er fut la Hongrie en 2013) qui modifient leur Constitution et prennent des mesures d’exception réduisant les libertés des citoyens.
Mots-clefs : constitution, discriminations, République