ALERTE : l’élargissement de l’A 480 revient en force

Publié le 2 juillet 2017

L’Etat prépare une enquête publique préalable à la déclaration d’utilité publique (DUP) des travaux d’aménagement de l’A480 et de l’échangeur du Rondeau. Le dossier est envoyé aux diverses collectivités qui doivent donner un avis avant que l’enquête soit mise à la disposition du public. Le Conseil de la Métropole se réunit le 8 juillet et le Conseil municipal de Grenoble le 10 juillet.

L’aménagement proposé n’est pas conforme au protocole d’intention signé en novembre 2016 entre l’Etat, l’AREA, le département et la métropole et il faut souhaiter que ces collectivités réagissent et demandent d’importantes corrections à ce dossier. En effet il y a un important élargissement du domaine autoroutier puisqu’il va falloir exproprier des terrains et une forte augmentation du trafic (50%) et donc des impacts très importants sur les riverains et même le parc Vallier et l’école Vallier vont être impactés. On est en complète contradiction avec le projet de boulevard urbain à 70 km/h, on retrouve une vraie autoroute en plein centre de l’agglomération.

Les habitants sont conviés à des réunions publiques organisées par la société autoroutière (qui est le maitre d’ouvrage de l’élargissement de l’A480), pour Grenoble c’est le mercredi 5 juillet au stade des Alpes à 18 h 30. C’est l’occasion de demander des précisions sur ce projet qui revient en force ; c’est un retour en arrière très négatif.

L’élargissement de l’A 480 est un véritable serpent de mer. En novembre 2005 le gouvernement précisait les objectifs prioritaires de l’aménagement de cette autoroute urbaine notamment : « une amélioration de capacité permettant d’offrir un niveau de service satisfaisant aux heures de pointe » et évidemment « une insertion urbaine du projet de haute qualité »

La question du financement de cet élargissement s’est posée durant de longues années, dans le cadre du « Plan de modernisation des itinéraires routiers (PDMI 2009-2014) », l’Etat avait alloué généreusement une enveloppe budgétaire de 20 millions d’euros « pour l’aménagement de l’A480 dans la traversée de l’agglomération grenobloise. Le périmètre concerné s’étend sur 12 km entre l’échangeur A48/A480/RN481 au nord et la jonction A480/RN85 au sud. » Le reste du financement devait être apporté par les collectivités notamment la Métro, le département et la ville de Grenoble.

Un projet d’aménagement limité a donné lieu à une concertation dont les conclusions ont été rendues publique. Ce projet ne traitait pas de l’aménagement du Rondeau.

Pour régler la question du financement, l’Etat a décidé de concéder l’A 480 à l’AREA et à lui faire payer 300 M€ de travaux par un allongement de la concession de l’A48 et l’augmentation des péages aux entrées de l’agglomération. L’avenant à la concession de l’AREA qui couvrait l’A 48 et l’A51 a été autorisé par un décret d’août 2015, cet avenant prévoyait une augmentation très nette de la largeur de l’autoroute pour réaliser une 3ème voie qui permettra une augmentation du trafic très importante (50%) de 7200 véhicules par heure à 10 800 véhicules par heure (total des deux sens). D’où un élargissement de 5 mètres, le gabarit de l’autoroute passant de 22 mètres à 27 mètres et l’augmentation de la surface imperméabilisée sera de 22 %.

Cet élargissement est contraire au protocole de novembre 2016 qui prévoyait notamment de respecter l’emprise du domaine routier préexistant. Or si le nouveau projet respectait l’emprise du domaine routier préexistant il n’y aurait pas besoin d’exproprier pour acquérir du foncier supplémentaire. Il y a tromperie sur la marchandise !!! Le protocole prévoyait en plus de l’abandon de l’élargissement, un engagement commun pour un abaissement de la vitesse à 70 Km/h sur la section urbaine de l’A480, un traitement prioritaire des échangeurs pour fluidifier la circulation, une réduction importante du bruit et de la pollution. Le nouveau projet tourne le dos à ces avancées positives, on retrouve une autoroute au lieu d’un boulevard urbain.

Par contre tout le monde reconnaissait la nécessité de restructurer l’échangeur du Rondeau, il en coûtera 83 M€ TTC (valeur mars 2016) payé par l’AREA (34,5 M€) pour le compte de l’Etat, le solde par les collectivités locales. Le coût de l’aménagement de l’A 480 coûtera 265 M€ pris en charge par AREA.

Dans le dossier préparatoire à l’enquête publique, l’Etat affirme : « Aujourd’hui, le scenario « profil à 2×3 voies avec BAU » fait l’objet d’un consensus entre les partenaires du projet. » Ceci n’est pas exact puisque ce profil augmente l’emprise de l’autoroute et on verra ce qu’en dise les partenaires dont la Métro qui précisait en novembre 2015 : « Grenoble-Alpes Métropole veillera, par ailleurs, à ce que le caractère urbain de l’A 480 soit pleinement pris en considération, au travers de mesures de régulation du trafic et notamment des vitesses à 70 km/h, de profil de voirie ou encore d’insertion. » Or la vitesse de 70 km/h, n’est plus présente dans le projet d’aménagement, tout est calibré pour 90 km/h.

L’AREA essaye de montrer que l’augmentation de trafic ne proviendra que du trafic local car il n’y aurait pas d’élargissement à 2 fois 3 voies au nord du pont sur l’Isère. Mais à partir du moment où le pont sur l’Isère sera élargi à 2 fois 3 voies, il ne restera plus qu’une petite portion à élargir pour que le trafic de transit et d’échange s’engouffre sur l’A 480 et on se retrouvera dans le scénario catastrophe avec l’asphyxie de l’agglomération. Mais attention, cet élargissement total à 2 fois 3 voies est prévu par le décret d’aout 2015, donc l’AREA pourra le faire ensuite sans difficultés.

Mots-clefs : , ,

Le commentaires sont fermés.