Le projet d’élargissement de l’A480 prévoit un déboisement des berges du Drac et la FRAPNA-Isère a fait connaitre son désaccord sur la manière dont le chantier va détruire la biodiversité et la flore de ces berges. Souhaitons que la commission d’enquête sur l’autorisation environnementale réagisse aussi sur ces déboisements excessifs qui pourraient tout à fait être évités. La FRAPNA a indiqué que l’Association des Digues du Drac, de l’Isère et de la Romanche (ADIDR) projetait de déboiser de manière excessive les berges de l’Isère, du Drac et de la Romanche. L’ADIDR a critiqué la position de la FRAPNA dans le Dauphiné libéré du 16 octobre. Le 19 octobre, la FRAPNA répond à l’ADIDR :
« La FRAPNA souhaite apporter les précisions suivantes :
L’alerte engagée par la FRAPNA s’appuie sur les documents suivants : les rapports d’activité de l’ADIDR, le guide de gestion de la végétation des ouvrages hydrauliques en remblai publié en 2015 par l’IRSTEA et que l’ADIDR applique…
La réalité des chiffres du déboisement :
La FRAPNA prend note que les surfaces bois.ées passées en surfaces fauchées représentaient en réalité une surface de 25 à 30 hectares et non de 70 ha comme cela est pourtant écrit dans le Guide de l’IRSTEA
(page190) dans sa présentation du «Cas des digues de l’Isère».
Toutefois 25 à 30 ha constituent toujours une superficie et un linéaire très importants : une bande boisée de 10 m de largeur sur 25 à 30 km, soit l’équivalent de Grenoble Pontcharra.
Selon l’ADIDR, l’estimation de 70 000 arbres supprimés était donc exagérée et seulement 3 000 arbres auraient été coupés. La FRAPNA en prend acte mais fait remarquer que son estimation inclut des arbres de taillis et que le premier plan de gestion de l’ADIDR prévoyait également l’abattage de 603 arbres isolés par an, soit 6 030 arbres au total sur 10 ans, ce qui amène à un total de 9 000 arbres, nombre important.
Malgré ces rectifications, il faut bien admettre que cette très importante diminution des boisements des digues pose question au moment où chacun se rend compte de la crise climatique et de l’importante érosion de la biodiversité.
Les coupes à blanc :
Ensuite la FRAPNA conteste l’affirmation suivante de l’ADIDR « On ne fait jamais une coupe à blanc » alors qu’en page 90 du guide d’entretien figurent 2 photos avec pour légende : « remise en état de talus de digue par coupe rase à gauche et débroussaillage d’entretien à droite ».
La carte de vœux de l’ADIDR conforte l’affirmation de la FRAPNA.
Les déboisements des digues :
Enfin, il apparait à la lecture du guide de gestion appliqué par l’ADIDR qu’en zone rurale le traitement des surfaces boisées primitives repose uniquement, après une coupe rase, sur la conservation des seules grosses souches qui vont rejeter. Ensuite, chaque année, l’ADIDR procédera à un broyage et tonte du sous-étage de végétation. Du boisement primitif diversifié, il ne restera donc que des cépées (repousses de tiges sur la souche de l’arbre coupé) entourées d’herbes qui seront tondues régulièrement. Aucune replantation n’étant évoquée, si les arbres présents ne recèpent pas ou mal, ce qui est le cas de plusieurs espèces d’arbres (conifères, bouleau, merisier, chêne par exemple), cela entrainera la disparition totale du boisement et son remplacement par de l’herbe rase. Si les arbres pouvant recéper sont rares, on aura une densité d’arbres très faible et donc une dégradation du corridor biologique. Cela signifie aussi une absence de renouvellement des espèces d’arbres, le fauchage annuel interdisant toute nouvelle pousse d’arbre qui ne recèpe pas. Le résultat à terme sera donc un boisement clairsemé, beaucoup moins diversifié, entouré d’un espace enherbé fauché chaque année et donc un corridor écologique et une biodiversité très dégradés.
Dans ces conditions, on peut craindre la quasi-disparition de toutes les espèces d’oiseaux tels les pics, sittelle, rapaces nocturnes, de mammifères (écureuil, chauves-souris) qui colonisent les grands et vieux arbres.
L’impact des déboisements :
Se promener à l’ombre sera de plus en plus difficile au fil du temps. Nous avons donc tout lieu de craindre que l’effet final de ce type d’entretien ne soit la disparition progressive mais totale ou presque des arbres sur les digues, ce qui permettrait une surveillance par des drones et un fauchage par des robots faucheurs.
Cela serait un désastre pour l’environnement.
Pour l’éviter, la FRAPNA demande que l’on modifie ce plan de gestion et que l’on protège les digues par l’insertion de palplanches ou d’un voile étanche de béton.
Protéger les digues autrement :
L’ADIDR fait un mauvais procès à la FRAPNA en engageant la discussion sur le bilan carbone dont on connaît les difficultés d’estimation et qui requiert une approche globale autrement plus complexe que ce que l’on peut dire en quelques mots.
Concernant les palplanches, il est bien évident qu’il s’agit pour nous d’une solution extrême, sur un linéaire limité, quand rien d’autre n’est possible pour sauver un cordon boisé.
Nous avons conscience que cela coûte cher, mais les bienfaits des arbres sont ensuite donnés pour des années : ombre, dépollution, biodiversité, déplacements évités ….
Les deux techniques, palplanches et voile de béton, ont déjà été utilisées le long des digues de l’Isère
(1km de palplanches sur la digue à Meylan et 2km de voile étanche sur la digue du campus).
Conclusion :
La FRAPNA souhaite que l’on recherche des solutions alliant la sécurité, la diversité biologique, la qualité du corridor écologique et l’agrément de la promenade. Cela implique de prévoir des replantations au départ si le boisement est trop clairsemé ou peu diversifié. »
Mots-clefs : Déplacements, écologie, risques majeurs