A480, l’autorisation environnementale est arrêtée par le préfet

Publié le 18 janvier 2019

La dernière décision administrative concernant l’élargissement de l’A480 vient d’être prise par le préfet de l’Isère. Le 14 janvier 2018 le préfet de l’Isère a arrêté l’autorisation environnementale, qui ouvre la voie aux travaux d’élargissement de l’A 480. Cet arrêté est pris suite à l’avis favorable de l’enquête publique, dont le rapport a été très critiqué vu les positions climatosceptiques des commissaires enquêteurs et leur refus de transmettre aux maitres d’ouvrages certaines observations, interrogations ou propositions du public.

Le recours déposé contre la Déclaration d’Utilité Publique permettra-t-il de bloquer les travaux qui sont programmés pour mars 2019 ? On devrait le savoir prochainement suite au prochain dépôt d’un référé suspension.

Au même moment, le 16 janvier, 135 scientifiques locaux rendent public un appel demandant aux décideurs de revoir le projet d’élargissement de l’A480, intitulé : « L’“affaire du siècle” dans l’agglomération grenobloise : “Nous en appelons aux décideurs politiques locaux pour reconsidérer l’élargissement de l’A480”.

En voici un extrait :

« le projet d’élargissement de l’A480 retenu par l’étude du maître d’ouvrage (AREA ) s’inscrit dans un renforcement des déplacements routiers et est dimensionné pour une vitesse du trafic de 90 km/h et nécessite des travaux d’une grande ampleur, en mobilisant un budget de près de 300 millions d’euro pour réaménager 7 km de voirie. Cette étude qui spécifie une solution unique, ne permet pas de comparaison avec des scénarios alternatifs. En l’état, l’élargissement de l’autoroute tel que proposé met en péril les efforts du Plan de Déplacements Urbains, actuellement en cours d’adoption par les différents acteurs des mobilités du territoire grenoblois, et visant à améliorer, de façon concertée et à long terme, les déplacements et à réduire leurs nuisances. En outre, à la lecture des considérations de négationnisme climatique figurant dans le rapport d’enquête du dossier d’autorisation environnementale, en contradiction totale avec l’état de l’art scientifique en la matière, il est permis de douter de la crédibilité globale des conclusions de ce rapport d’enquête en matière de biodiversité et d’impacts sanitaires. Nous, scientifiques grenoblois investis dans les activités de recherche et d’enseignement dans le domaine des sciences du climat, de l’environnement et de la transition énergétique, en appelons aux responsables politiques et administratifs en charge du dossier A480 pour les enjoindre à reconsidérer ce projet, et mettre en cohérence dès à présent les orientations de développement territorial avec les enjeux primordiaux de qualité de l’air et des futurs climatiques… »

https://www.ledauphine.com/isere-sud/2019/01/16/grenoble-les-scientifiques-appellent-a-reconsiderer-l-elargissement-de-l-a480

Pour ce qui concerne l’arrêté d’autorisation environnementale, certains des considérants en vertu desquels il a été signé par le préfet, sont des plus contestables, par exemple (non limitatif) :

« CONSIDERANT qu’après études des différentes variantes du projet analysant les contraintes environnementales, les contraintes de sécurité et techniques, la solution retenue se présente, parmi les alternatives proposées, comme le meilleur compromis entre les impératifs techniques, économiques, sociaux et environnementaux et qu’il n’existe pas d’autre solution alternative satisfaisante, en application de l’article L.411-2 du code de l’environnement. » En fait il existait une solution beaucoup plus satisfaisante qui consistait à utiliser la bande d’arrêt d’urgence de la partie centrale et de limiter la vitesse à 70 km/h, donc sans agression supplémentaire de l’environnement, qui avait été proposée en 2011 par l’Etat !

« CONSIDERANT que le projet a pour objectif de maintenir à leur niveau actuel les flux d’échanges et de transit sur la section centrale de l’autoroute A480 en conservant un gabarit à deux fois deux voies sur les accès nord (connexion à l’A48), sud (vers l’A51) et est (RN87 – A41) ;» Cette affirmation surprendra tous les experts des déplacements qui constatent que toute augmentation de capacité entraîne une augmentation du trafic automobile et ce ne sont pas les verrous qui y changeront grand-chose puisqu’ils ne réduisent pas la capacité actuelle. Et les verrous sont faits pour être supprimés assez facilement puisque le pont sur l’Isère sera élargi, lui qui pouvait être un verrou plus difficile à supprimer à l’avenir. Maintenant que tout est entre les mains d’AREA, les logiques autoroutières l’emporteront toujours.

« CONSIDERANT que ce projet de réaménagement sur place offre également l’opportunité de mettre en œuvre un programme de remise à niveau environnementale et patrimoniale d’une infrastructure vétuste » ; Faux : l’aménagement n’est pas sur place puisqu’il déborde largement les limites de l’autoroute existante.

Pour accéder à l’arrêté d’autorisation environnementale cliquez ici.

Le délai de recours contre cette décision est de 4 mois (mais seulement de deux mois pour l’AREA et la DREAL qui sont les pétitionnaires).

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