La pollution de l’air tue plus que prévu

Publié le 22 mars 2019

Chaque année, près de 800.000 personnes en Europe meurent prématurément en raison de la pollution atmosphérique. Entre 40 et 80 % de ces décès prématurés sont dus à des maladies cardiovasculaires, estiment des chercheurs allemands, qui publient le 12 mars 2019 une nouvelle étude dans la revue « European Heart Journal ».

En France il y aurait 105 décès pour 100.000 habitants dus à la pollution de l’air. Appliqué à l’agglomération grenobloise cela ferait plus de 460 décès par an ! En Bulgarie c’est deux fois plus qu’en France (211 décès pour 100 000 habitants).

Il est urgent de redéfinir des seuils acceptables pour les différents polluants dont les particules très fines, les oxydes d’azote et l’ozone, les seuils actuels étant beaucoup trop élevés. Les seuils de l’OMS sont beaucoup plus précautionneux que les seuils actuels. Il faudrait amplifier les politiques publiques pour faire diminuer les pollutions de l’air intérieur et extérieur.

Les chercheurs estiment à 790.000 le nombre de morts dus à la pollution de l’air en 2015 dans l’ensemble de l’Europe, dont 659.000 dans les 28 états de l’Union européenne. Une estimation nettement supérieure à celle de l’Agence européenne de l’environnement (AEE). Dans son rapport annuel publié en octobre, elle jugeait que la pollution de l’air aux particules très fines (PM2,5), au dioxyde d’azote (NO2, émis par les moteurs diesel) et à l’ozone (O3) était responsable en 2015 de 518.000 décès prématurés dans 41 pays d’Europe, et 480.000 dans l’UE.

Cette nouvelle étude est essentiellement consacrée à l’Europe, mais ses auteurs ont également appliqué leur méthode de calcul à l’ensemble du monde. Ils arrivent au chiffre astronomique de 8,8 millions de morts causés par la pollution de l’air en 2015 sur l’ensemble de la planète, dont 2,8 millions pour la Chine. De précédents travaux chiffraient plutôt le total mondial à 4,5 millions. 

Résumé de l’article (traduit de l’anglais) :

« La pollution de l’air ambiant est un risque majeur pour la santé, entraînant une mortalité respiratoire et cardiovasculaire. Un modèle mondial récent de mortalité par exposition, basé sur un nombre inégalé d’études de cohortes dans de nombreux pays, fournit de nouvelles fonctions de risque, appelant à une réévaluation de la charge de morbidité. En conséquence, nous avons estimé la mortalité cardiovasculaire excessive attribuée à la pollution atmosphérique en Europe.

Méthodes et résultats

Les nouvelles fonctions de rapport de risque ont été combinées à des données sur l’exposition à la pollution de l’air ambiant pour estimer les impacts en Europe et dans les 28 pays de l’Union européenne (UE-28). Le taux annuel de surmortalité dû à la pollution de l’air ambiant en Europe est de 790 000 [intervalle de confiance à 95% (IC à 95%) de 645 000 à 934 000] et de 659 000 (IC à 95% de 537 000 à 775 000) dans l’UE-28. Entre 40% et 80% sont dus à des événements cardiovasculaires, qui dominent les résultats pour la santé. La limite supérieure inclut les événements attribués à d’autres maladies non transmissibles, qui ne sont actuellement pas spécifiés. Ces estimations dépassent de plus d’un facteur deux les analyses récentes, telles que la charge mondiale de morbidité pour 2015. Nous estimons que la pollution atmosphérique réduit l’espérance de vie moyenne en Europe d’environ 2,2 ans avec un taux de mortalité annuel attribuable par habitant en Europe de 133/100 000 par an.

Conclusion

Nous fournissons de nouvelles données basées sur de nouvelles fonctions de ratio de risque suggérant que les impacts sur la santé imputables à la pollution de l’air ambiant en Europe sont considérablement plus élevés que prévu auparavant, bien que soumis à une incertitude considérable. Nos résultats impliquent que le remplacement des combustibles fossiles par des sources d’énergie propres et renouvelables pourrait réduire considérablement la réduction de l’espérance de vie due à la pollution atmosphérique. »

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