La stratégie de Macron pour les municipales à Grenoble en 2020

Publié le 10 janvier 2020

Aux élections présidentielles et aux élections législatives de 2017, la stratégie de conquête du pouvoir de Macron a parfaitement fonctionné en jouant sur le rejet des appareils sclérosés de la gauche et de la droite traditionnelles. A Grenoble comme dans les grandes villes, les scores de Macron à la présidentielle et aux législatives étaient très élevés. Mais la découverte par un grand nombre d’électeurs que la politique de Macron virait rapidement à droite, a entrainé que son assise politique s’est fortement réduite.

Pour éviter que les élections municipales ne soient un échec, les tenant du macronisme soit s’allient avec des équipes sortantes, soit proposent plusieurs listes au premier tour pour ratisser large et voir quelles alliances passer au deuxième tour pour gagner ou limiter les dégâts. C’est le cas de Grenoble où deux listes pro-Macron sont proposées, car la majorité sortante, menée par Eric Piolle, est très opposée à la politique de Macron et de son gouvernement, il n’y a donc aucune possibilité d’alliance pour les pro-Macron avec les sortants.

Le mouvement « En marche » a désigné comme candidate officielle, la députée E. Chalas. Mais elle n’est pas connue et reste marquée à droite (elle a été directrice générale des services de Moirans, commune très à droite). C’est pourquoi un accord a été passé par Macron avec O. Noblecourt qui a fait toute sa carrière à Grenoble dans l’ombre de M. Destot (cabinet du maire, puis adjoint) pour qu’il se présente à l’élection en se marquant plus à gauche en obtenant après quelques magouilles politiciennes le soutien du PS, qui localement n’a toujours pas digéré ni compris sa défaite de 2014. Après la défaite de mars 2014 de la liste menée par J. Safar, O. Noblecourt s’est retrouvé dans l’opposition et a trouvé du travail à Paris dans un cabinet ministériel et après la victoire de Macron en 2017, il est devenu un proche collaborateur du gouvernement en tant que délégué interministériel pour la lutte contre la pauvreté et n’est plus adhérent au PS.

Pour pouvoir faire campagne il lui fallait ne plus être en opération pour le gouvernement, c’est pourquoi en accord avec Macron, il a été mis fin en Conseil des ministres du 6 janvier à sa mission de délégué interministériel et une personnalité a été nommée dans cette fonction par intérim, ainsi s’il n’est pas maire (ce qui est très probable), il retrouvera sans problème une mission auprès du gouvernement. Il déclare à Libération qu’il s’agit d’«un départ construit, organisé ; je ne démissionne pas, c’est une fin de mission». C’est donc en complet accord avec Macron qu’il mène campagne.

Il suffit pour se convaincre de sa situation politique très proche de Macron d’examiner tous les écrits de la campagne qu’il lance à Grenoble pour s’apercevoir qu’il n’y a pas un seul reproche à la politique gouvernementale, pourtant cette dernière est très négative vis-à-vis des collectivités. Et sa lettre à Macron du 6 janvier 2020 démontre son allégeance totale au Président. Enfin, il prend grand soin de ne pas attaquer E. Chalas et cette dernière fait de même. A l’issue du premier tour le 15 mars, il y aura fusion des deux listes pro-Macron puisqu’aucune fusion ne sera possible avec la liste citoyenne de gauche et écologiste d’Eric Piolle au 2ème tour. On s’acheminera alors vers au moins une triangulaire le 22 mars et le choix politique sera pour une fois très clair : remettre le corrompu aux affaires, ouvrir la voix à l’ultralibéralisme pour les gagnants de la mondialisation ou voter « Grenoble en commun » pour assurer que Grenoble restera une ville pour toutes et tous.

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