Manifeste d’associations socio-culturelles de Grenoble

Publié le 24 janvier 2020

Un certain nombre d’associations grenobloises du secteur socioculturel ont présentés le 22 janvier à la presse un manifeste collectif pour « dresser un bilan non exhaustif de leurs actions, de leurs difficultés et des propositions pour améliorer leur impact, leurs conditions de travail et la relation partenariale avec la Ville ». Ce manifeste s’adresse aux candidats à l’élection municipale de 2020 à Grenoble.

Toute démarche collective visant à faire un diagnostic sur des réalités de travail de terrain de ce type d’associations est positif même si ce bilan est très incomplet en ne traitant dans le détail que des relations avec la ville et n’analysant pas les progrès possibles dans le fonctionnement interne de ces associations ou leur situation par rapport à des politiques nationales très défavorables depuis des années, notamment par la suppression des contrats aidés qui étaient un apport significatif pour ces associations, car 35 emplois aidés du secteur ont été supprimés en 2017 par Macron. 

Ce sont des associations importantes pour le « vivre ensemble » dans la ville et c’est pour cela qu’elles ont été plutôt protégées par la ville par rapport à d’autres associations. Il est important de noter que les budgets alloués en subventions sous diverses formes montrent que durant le mandat 2014-2019, les efforts de la ville ont été conséquents, la proportion des subventions pour le socioculturel a augmenté dans l’ensemble des dépenses de fonctionnement de la ville. Globalement c’est un secteur de l’action municipale qui a le moins pâti de la baisse des dotations de l’Etat pour la Ville.

De nombreuses aspects du contrat décrivent une réalité que vivent ces structures, et cela ne date pas d’hier. Ces structures sont historiquement dans une relation ambivalente avec la ville : d’un côté refus d’une trop grande immixtion dans leurs affaires (au nom d’une « municipalisation » qui ne dirait pas son nom) et de l’autre focalisation sur la relation financière quasi-exclusive avec la ville. Il y a une absence de volonté réelle des acteurs du secteur de collaborer à un projet commun. On l’a vu récemment sur la question de la mise en place d’un fonds de péréquation qui a été collectivement refusé, car cela aurait donné aux uns et aux autres un droit de regard dans leurs comptes respectifs. 

Pourtant face aux politiques ultralibérales menées nationalement, qui fragilisent de nombreuses associations, il y aurait une nécessité que tous les acteurs pensent à une collaboration et une mutualisation beaucoup plus étroite entre eux pour mieux résister financièrement et aussi pour inventer d’autres modes d’interventions pour mieux coller à la demande sociale qui évolue beaucoup.

Et puisqu’on parle d’élection municipale, il ne faut pas être trop naïf quant au pilotage politique de ce manifeste et par qui il a été initié. Il apparait qu’une administratrice de l’Institut de l’engagement présidé par Martin Hirsch, qui est aussi présidente d’une MJC, a beaucoup œuvré pour l’élaboration de ce manifeste et il se trouve que des animateurs importants de certaines de ces structures vont se retrouver dans la liste de M. Noblecourt ou dans son comité de soutien. Il est toujours problématique pour des structures dont les statuts prévoient l’indépendance par rapport au pouvoirs politiques, de se prêter à des opérations pré-électorales, qui risquent de desservir leurs justes causes.

Mais ceci ne doit pas empêcher les élus et les candidats de répondre aux interrogations de ce collectif, en refusant de les instrumentaliser comme certains entendent le faire.

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