Méfions-nous des sondages pour les élections municipales

Publié le 28 février 2020

Il faut prendre avec beaucoup de précautions les résultats du sondage effectué entre le 17 et 20 février par téléphone auprès de 604 personnes inscrites sur la liste électorale de Grenoble, dont 529 ont déclaré être certaines d’aller voter et ont exprimé une intention de vote alors que la réalité de la participation est seulement d’environ 50 % des inscrits. Le sondage a été effectué par Ipsos/Sopra Steria pour France Bleu Isère et Le Dauphiné Libéré. La liste conduite par Eric Piolle creuse un écart assez conséquent avec les listes suivantes : 36% devant Carignon 20 %, Noblecourt 19 %, Chalas 16%.

Mais il faut se souvenir que quelques jours avant les élections de mars 2014, un sondage (BVA-Orange) avait annoncé la victoire inéluctable de la liste Safar avec un écart de 10 points sur la liste Piolle au premier tour et de beaucoup plus au deuxième. Dans ce sondage, le seul petit indice qui pouvait indiquer une fragilité de la liste PS était que les électeurs voulaient qu’on baisse les impôts locaux alors que Safar-Destot les avaient augmentés de 9 % en 2009.

Le vote dans l’isoloir ne correspond pas du tout aux réponses aux sondages pour les municipales car le système de redressement ne marche pas, alors qu’il marche assez bien pour les élections nationales.

Les résultats du sondage de février 2020 sont redressés pour être représentatifs « de la structure sociodémographique de la population grenobloise de 18 ans et plus (sexe, âge, profession de la personne interrogée, quartier de résidence) et du souvenir de vote aux élections européennes de 2019, au 1er tour de l’élection présidentielle de 2017, et au 2 nd tour des élections municipales de 2014 »

Comme l’histoire des sondages pour les municipales à Grenoble démontre qu’ils se sont toujours trompés, il faut en conclure que pour l’instant rien n’est joué.

On peut tout de même tirer de cette photographie instantanée quelques leçons.

– La notoriété et la popularité des candidats : la question posée était « Avez-vous entendu parler ou connaissez-vous, ne serait-ce que de nom, les personnalités suivantes ? / Et en avez-vous une bonne opinion ou une mauvaise opinion ? » Les résultats sont sans surprise, les deux candidats les plus connus sont ceux qui recueillent le plus d’opinions négatives : Carignon fait l’objet d’un fort rejet par 45 % des sondés et seulement 27 % d’opinions favorable alors qu’Eric Piolle n’est rejeté que par 39 % alors que 48% en ont une bonne opinion). La mémoire des Grenoblois-es est là et le corrompu est devant un plafond de verre. Il croit encore que toute la droite va voter pour lui, alors qu’une partie importante de cet électorat refuse absolument de voter pour le corrompu et se reporte ailleurs beaucoup sur Chalas et aussi sur Noblecourt avec sa liste gauche-droite.

– A la question : « Estimez-vous que la Municipalité de Grenoble a accompli depuis 2014 un travail ? » il y a 6% qui estiment qu’il est excellent, 46 % bon (soit 52% bon), 30% médiocre et 17 % mauvais. Il y a seulement 1% qui ne se prononcent pas, ce qui démontre que tout le monde a sur ce sujet une opinion. Il n’y a pas de rejet clair de l’équipe sortante sur son travail, 52 % est un score très honorable pour une équipe qui n’a été élue que par 40 % des votants en 2014 et qui a dû gérer une situation financière catastrophique et qui a réussi à le faire sans augmenter les impôts, ce qui est une première à Grenoble depuis la nuit des temps.

Une leçon à tirer de cette photographie, c’est que la stratégie de Macron d’avoir deux candidats compatibles (Noblecourt et Chalas) permet de ratisser large, mais va poser de redoutables questions pour le deuxième tour à ces deux candidats. Noblecourt ayant promis aux militants PS qu’il s’allierait avec Piolle, risque de se retrouver à accepter une alliance avec Chalas s’il la devance au 1er tour.

Pour l’instant il y aurait 4 listes qui dépasseraient les 10 %, y aura-t-il une triangulaire ou une quadrangulaire au deuxième tour ? L’extrême-droite avec Mme D’Ornano sera t’elle présente au 2ème tour comme en 2014 ?

Pour lire la notice du sondage :https://www.ipsos.com/fr-fr/municipales-2020-grenoble-la-liste-deric-piolle-en-tete-des-intentions-de-vote

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