Chamrousse : la course à l’enneigement artificiel = une politique rétrograde

Publié le 15 mai 2020

Alors que l’augmentation de température dans les Alpes est deux fois plus rapide qu’ailleurs, certaines mairies de moyenne montagne font le choix d’équiper massivement leur domaine skiable de canons à neige pour espérer prolonger les périodes d’ouverture des stations. Elles sont fortement aidées par le Président de la Région Auvergne Rhône-Alpes qui a décidé de débloquer des dizaines de millions d’euros pour aider les stations de la Région à s’équiper de système d’enneigement artificiel alors qu’il ne finance quasiment pas l’avenir, c’est à dire la transition du tourisme vers un modèle local plus sobre, plus économe en ressources mais aussi plus dense en emplois. Cette vue à très court terme montre que la majorité politique à la Région n’a rien compris aux enjeux du changement climatique.

La commune de Chamrousse a décidé de construire une nouvelle retenue d’eau (d’environ 92 000 m3) à Roche Béranger pour espérer sauver le mode de développement de la station.

C’est vraiment une politique à courte vue, de gaspillage financier et qui met en péril certaines ressources d’eau potable.

Cette politique est dénoncée par les écologistes depuis des années et même la Cour des Comptes dans son rapport annuel de 2018, s’interrogeait sur le mode de développement des stations de basse et moyenne altitude qui ne prenaient pas assez en compte le changement climatique. « Qu’il s’agisse de dispositifs d’enneigement ou de retenues collinaires nécessaires à leur fonctionnement, ces investissements impliquent des financements importants engageant les collectivités sur le long terme alors que l’aléa climatique s’accroît… les conséquences du réchauffement climatique ne peuvent être ignorées. La concomitance de ces enjeux doit donc conduire les collectivités à faire évoluer rapidement la gouvernance et le fonctionnement des domaines skiables pour s’adapter suffisamment tôt à un futur où le ski et les sports de neige ne seront plus leur unique ressource. Pour les stations de basse montagne, préparer la reconversion est dès à présent nécessaire. Face à des défis croissants les stations nord-alpines doivent s’engager dans un développement plus équilibré.»

Le projet gigantesque de Chamrousse qui dénature le site et met en péril certains captages d’eau potable a donné lieu à une enquête publique en mai et juin 2019, où l’autorité environnementale régionale n’a pas daigné donner un avis.

Sans surprise, le conseil municipal de Chamrousse a donné à l’unanimité un avis favorable. Par contre, le Conseil municipal de Vaulnaveys-le-Bas a donné un avis défavorable en s’inquiétant de l’impact d’un tel projet sur les sources d’eau potable et sur la submersion possible d’habitations en cas de coulée de boue suite à une crue ou un relâchement de la retenue.

Le Conseil municipal de Vaulnaveys-le-Haut a donné un avis favorable mais assorti de très nombreuses réserves. La Métropole grenobloise, par le Directeur de la Régie des eaux a fait remarquer qu’il n’y avait pas d’étude concernant l’impact quantitatif et qualitatif sur un de captages d’eau potable de la Métropole situé à Vaulnaveys-le-Bas (Passe-Rivière). La création de cette nouvelle retenue et son interaction avec les autres retenues pourrait avoir de graves conséquences sur les sources de Fontfroide à Casserousse qui a déjà été gravement polluée en 2016 pour installer les canons à neige sur la piste de Casserousse à Chamrousse. Toutes ces plaies laissées par les travaux dans le paysage à proximité d’une zone classée Natura 2000 ne sont pas acceptables comme on peut en juger sur les photos ici et .

Fin juillet 2019, le commissaire enquêteur a donné un avis favorable avec des réserves et des recommandations qui n’ont pas empêché la réalisation de ce projet. Il a insisté pour que soit assuré à tout moment la pérennité de la zone humide (tourbière) de l’Arselle et qu’en aucun cas le pompage pour alimenter les canons à neige ne mette en péril cette réserve naturelle exceptionnelle.

Ce sujet crucial de l’avenir des stations de ski devra revenir dans l’agenda politique lors des prochaines élections régionales qui devraient avoir lieu en 2021.

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