Covid-19, les caméras thermiques critiquées

Publié le 22 mai 2020

Certaines collectivités locales ont décidé de mettre en place des caméras thermiques pour prendre la température des personnes entrant dans les lieux et trier celles dont la température dépasserait une certaine valeur (par exemple 37,5 °C). Ces caméras thermiques sont censées sécuriser la reprise du travail en contribuant à déceler de potentielles personnes atteintes du Covid-19, croyant éviter ainsi la création de clusters dans les administrations. Mais les cas asymptomatiques (les plus fréquents) ne sont pas détectés.

Ces décisions sont fermement critiquées par diverses autorités, notamment la CNIL et le HCSP

Le Haut Conseil à la santé publique (HCSP) a donné un avis à ce sujet le 28 avril 2020 :

« Dans le contexte de l’épidémie à Covid-19, le HCSP évalue la pertinence de mettre en place un contrôle d’accès, par prise de température, dans les établissements recevant du public (ERP), les entreprises et administrations, les points d’entrée du territoire, au départ et à l’arrivée des avions, les établissements médico-sociaux, les lieux de détention, … Après analyse des données disponibles notamment épidémiologiques, des textes juridiques, le HCSP recommande de :

Ne pas mettre en place un dépistage du Covid-19 dans la population, par prise de température, pour un contrôle d’accès à des structures, secteurs ou moyens de transport… »

La CNIL ajoute à ces arguments sanitaires, les risques de discrimination que pourraient générer ces installations en stigmatisant les individus fiévreux alors même que leur contagiosité n’est pas avérée. Si la prise de température n’est pas en elle-même répréhensible sur le lieu de travail, la CNIL a rappelé les lignes rouges à ne pas dépasser. Dans une note aux employeurs publiée le 7 mai, la CNIL rappelle qu’en « l’état du droit, et sauf à ce qu’un texte en prévoit expressément la possibilité, il est interdit aux employeurs de constituer des fichiers conservant des données de températures de leurs salariés. Il leur est de même interdit de mettre en place des outils de captation automatique de température (telles que des caméras thermiques). Les prises manuelles de température à l’entrée d’un site et sans constitution d’un fichier ni remontée d’information ne sont en revanche pas soumises à la règlementation sur la protection des données personnelles. La CNIL renvoie sur ce point aux recommandations de la direction générale du travail. »

Même l’AN2V (Association Nationale de la Vidéoprotection) déconseille, sauf exception, l’usage de caméras thermiques et note qu’il s’agit d’un investissement élevé pour un résultat aléatoire.

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