Clinique mutualiste de Grenoble : non à la vente au secteur lucratif

Publié le 29 mai 2020

L’Union de Quartier Berriat-St-Bruno-Europole, le Collectif des Usagers des Cliniques Mutualistes, Les Amis des Cliniques Mutualistes et Le Groupe Hospitalier d’Intérêt Collectif de Grenoble ont envoyé un communiqué le 22 mai demandant que la vente de GHM ne soit pas faite au profit de Vivalto ou de Doctegestion qui font partie du secteur privé lucratif et estiment que le projet porté par l’AGDUC (Association Grenobloise pour la Dialyse des Urémiques Chroniques) qui fait partie du secteur non lucratif est acceptable.

L’AGDUC a passé un accord de partenariat avec le CHU, ce qui renforce cette solution qui est soutenue par les collectivités locales, Ville, Métro et Département.

« Lorsque la vente du GHM (Groupement Hospitalier Mutualiste) a été annoncée par AESIO-ADREA Mutuelle, fin2019, nous, habitants du quartier, usagers et salariés du GHM, nous avons proposé pour la reprise, la création d’une Société Coopérative d’Intérêt Collectif (SCIC), offre sérieuse élaborée avec l’appui de l’URSCOP (Union Régionale des Sociétés Coopératives et Participatives) et le cabinet d’audit PWC (PriceWatterhouse et Coopers). AESIO-ADREA a fait le choix de ne pas retenir le projet de SCIC, projet trop inventif, trop participatif, trop démocratique sans doute. Pourtant, cette offre assurait au GHM le maintien intégral du statut d’ESPIC (établissement de santé privé d’intérêt collectif). De part sa taille, le GHM est le deuxième établissement ESPIC de France, le deuxième pôle de santé du département et participe pleinement à l’offre publique de soin : continuité des soins, égalité et gratuité des soins pour tous (pas de dépassement d’honoraires), adaptation aux besoins des patients.

L’épidémie de covid-19 que nous connaissons actuellement est un événement sanitaire majeur qui révèle avec une intensité particulière les fragilités et les carences de notre système de santé. C’est dans ce contexte que AESIO-ADREA poursuit son projet de vente du GHM à marche forcée. Trois candidats sont retenus, deux sont du secteur privé lucratif, VIVALTO et DOCTEGESTIO et un appartient au secteur associatif à but non lucratif, l’AGDUC. Ils doivent déposer leur offre le 29 mai et ensuite la vente sera conclue au cours de l’été avec le candidat retenu.

Habitants, usagers, et salariés, nous refusons fermement les 2 candidats du secteur lucratif : Nous refusons VIVALTO, 3ème groupe de santé du secteur privé lucratif en France, créé en 2009, réunissant près de 40 cliniques privées. VIVALTO annonce 12% de marge bénéficiaire là où les Agences Régionales de Santé limitent le taux de marge des établissements de santé à 7% afin de garantir leur capacité d’autofinancement. Ces5% supplémentaires affichés par VIVALTO ont sans doute pour unique objectif de rémunérer ses investisseurs dont Mubadala Development (fonds souverain des Émirats Arabes Unis). De plus, VIVALTO est propriété d’une holding basée au Luxembourg. Et pourtant, VIVALTO est aussi un groupe très endetté (580 millions d’euros, soit près de 80% de son chiffre d’affaires _Les Echos, 22 octobre 2019) qui n’apporte aucune garantie de pérennité. Peut-il promettre de garder le statut ESPIC ? Ses promesses sont à l’opposé de toutes ses pratiques et VIVALTO dévoile le coté opportuniste de son offre. Ses intentions sont peut-être aussi de faire main basse sur d’autres établissements de santé du bassin grenoblois. Le GHM n’est qu’une « porte d’entrée ».

Nous refusons DOCTEGESTIO, un groupe privé créé en 2000 dans le secteur de l’immobilier et de la gestion locative qui utilise, quand cela semble pertinent, des faux-nez associatifs ou mutualistes car tous les bénéfices remontent au sommet d’une pyramide complexe, sur les comptes de la société détenue par Monsieur et Madame Bernard BENSAID, les fondateurs du groupe. DOCTEGESTIO rachète à tout va des structures le plus souvent en difficulté. Les promesses au moment du rachat sont vite oubliées. La suppression massive de personnel est l’axe principal de la politique de DOCTEGESTIO. Ce qui génère un nombre incroyable de procès, de condamnations et même un retrait d’agrément (France Bleue Haute Savoie sur l’EHPAD du Val Montjoie, Saint Gervais les bains).

Le candidat qui répond pour l’essentiel aux attentes que nous exprimons est l’AGDUC (Association Grenobloise pour la Dialyse des Urémiques Chroniques) créée en 1975. L’association a déjà le statut d’ESPIC (établissement de santé privé d’intérêt collectif) pour ses activités depuis juillet 2010 et elle gère une vingtaine de centres en Rhône-Alpes et PACA. L’AGDUC a une culture de service public et un savoir-faire reconnu en matière d’éducation thérapeutique et de participation des patients à la gestion des soins. L’AGDUC prépare une offre de soins forte et un développement de la prévention. L’AGDUC choisit d’associer des partenaires de référence. Enfin, les banques reconnaissent le sérieux de sa gestion et sa solidité financière.

Notre hôpital, notre santé ne sont pas des marchandises ! La crise sanitaire doit nous servir de leçon, et le GHM doit rester un acteur du service public de la santé. Ainsi dans son allocution du 12 mars, le Président de la République a eu des paroles fortes pour affirmer « qu’il est des biens et des services qui doivent être placés en dehors des lois du marché ». Habitants, usagers, salariés, nous tenons à faire connaître avec force au Conseil d’Administration du GHM, à AESIO-ADREA et en particulier à son Président Patrick BROTHIER, que le choix qui est devant eux est déterminant pour la pérennité du GHM dans toutes ses missions sur le bassin grenoblois et en Isère. »

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