Le 2ème tour des élections municipales : de très bons résultats

Publié le 3 juillet 2020

Dans certaines grandes villes, il y a eu des victoires des rassemblements regroupant des écologistes des mouvements de gauche et souvent des collectifs citoyens, ressemblant à ce qui s’est passé à Grenoble en 2014. A Lyon et sa Métropole, Bordeaux, Strasbourg, Tours, Besançon, Poitiers, Colombes, Savigny sur Orge …et peut être à Marseille.

Cela va permettre d’organiser des coordinations de toutes ces villes avec d’autres tenues par des alliances de gauche et écologistes afin de promouvoir les transitions, peser sur les décisions régionales, nationales et européennes. Le grand enjeu sera de lier à la fois les solidarités, l’écologie et la démocratie. Ce triptyque est celui de l’ADES depuis 1983, qui le porte dans son titre même, et dans les couleurs de son bulletin « Le Rouge et Le Vert » (en clin d’œil à Stendhal), cette constance dans l’action paye. Ce qui arrive maintenant trouve ses racines dans les longs combats des associations, des mouvements citoyens et des partis écologistes et qui a diffusé dans de nombreuses parties de la gauche qui se rénove. Mais il reste beaucoup à faire et les résistances des pouvoirs installés et du « macronisme » restent fortement présentes. Il reste aussi à combattre dans nombre de villes moyennes et grandes, le RN toujours en embuscade, ainsi que des droites, dont celle « en marche », qui disent vouloir faire des propositions sur l’environnement mais à condition que cela ne trouble pas du tout leur modèle économique en place… Et çà c’est juste impossible.

Mais nous sommes sur la bonne voie. L’ADES apportera son aide ici et là pour partager sa longue expérience de l’action publique locale.

Comme partout en France, l’abstention a atteint des scores inédits pour des élections municipales. Il y a plusieurs raisons qui ont été évoquées à ce sujet. La crainte du Covid a joué notamment pour les personnes très âgées qui se sont peu déplacées mais le fait que le deuxième tour était très éloigné du premier a fait que beaucoup se sont désintéressés de ce scrutin après le long confinement. Même dans les villes où le résultat était incertain l’abstention a été très forte. Et le système élargi des procurations n’a pas joué le rôle attendu.

La question est de savoir si cela a pu jouer sur le résultat du scrutin. A Grenoble une analyse bureau par bureau indique que le taux de participation a toujours la structure habituelle en fonction de la sociologie dominante du bureau de vote et cela depuis de très longues années mais s’amplifie au fil des élections.

Il n’y a eu que 35 % de votants à ce deuxième tour et les bureaux où il y a eu moins de 20 % de participation sont : Mistral, Arlequin 1, Teisseire 2, Taillefer 3, Village Olympique 1 et 2.

Par contre les bureaux ou elle a dépassé 45 % sont : Berlioz 1 et 2, Porte de France, Jardin de ville, Jean Jaurès.

Ces écarts de participations sont inquiétants mais cette dégradation date de longues années.

Il n’y a pas eu de bouleversement politique entre les deux tours. Si on compare les résultats des 4 listes présentes au 2ème tour par rapport au premier.

Les résultats officiels sont les suivants :

Votants Piolle Carignon Chalas Noblecourt
1er tour 46,68 % 16 766 voix 19,81 % 7 114 voix 13,75 % 4 939 voix 13,31 % 4 782 voix
2ème tour 53,13% 16 169 voix 46 élus 23,44% 7 133 voix 7 élus 12,49% 3 803 voix 3 élus 10,92% 3 325 voix 3 élus

Seule la liste de Carignon gagne quelques voix au détriment des listes Chalas et Noblecourt. Et vu la très faible participation, la liste Piolle fait moins de voix qu’en 2014 au 2ème tour (19 677) et Carignon n’atteint pas (loin de là) les voix de la droite et de l’extrême droite en 2014 (15 988).

Mais pour connaitre les évolutions relatives des listes entre les deux tours il faut recalculer les pourcentages des listes du premier tour pour que leur somme fasse 100%.

Exprimés Piolle Carignon Chalas Noblecourt
1er tour recalculé 49,9% 21,2% 14,7% 14,2%
2ème tour 53,1% 23,4% 12,5% 10,9%

Il y a une augmentation nette des taux des exprimés pour la liste Piolle qui gagne plus de 3 points, celle de Carignon qui gagne plus de 2 points, par contre celle de Chalas perd 2 points et celle de Noblecourt perd plus de 3 points.

On peut remarquer que l’électorat de Piolle est très corrélé à celui du premier tour, bureau par bureau. Dans le graphique suivant est indiqué pour chaque bureau, en ordonnée le nombre de voix obtenu au 2ème tour et en abscisse le nombre de voix du 1er tour. La corrélation est quasi-parfaite (coefficient de corrélation de 99%). Cela veut dire que l’électorat a été fidèle entre les deux tours et qu’il n’y a pas ou très peu de mélange d’autres électorats.

Pour le vote Carignon, le même phénomène se produit avec une corrélation un peu inférieure. Il y a là aussi une fidélité entre les deux tours.

On voit sur ce graphique avec le point en haut à droite (qui n’est pas aligné avec les autres) qu’il y a une petite anomalie dans le vote Carignon au 2ème tour par rapport au premier, dans le bureau de vote Berlioz 1 (bureau de l’hypercentre) où il a eu 202 voix au premier tour et 35 voix de plus au 2ème alors qu’il y a eu 40 votants de moins. Ce sont des électeurs de droite de Chalas qui ont rejoint le corrompu, cette dernière perdant presque 50 voix passant de 132 à 84 voix.

Dans ce même bureau, Noblecourt perd des électeurs de gauche qui vont rejoindre Piolle à ce deuxième tour.

Par contre pour Chalas et Noblecourt la dispersion est beaucoup plus forte entre le premier et le deuxième tour, démontrant notamment une porosité entre les deux électorats et leur fragilité, ce qui n’est pas étonnant vu qu’ils représentent deux facettes du macronisme. Et dans certains bureaux de vote des électeurs de Chalas et Noblecourt sont allés renforcer le vote Carignon.

La majorité municipale gagne 4 élu-es en passant de 42 à 46, Carignon n’obtient que 7 élus (alors que la droite LR et l’extrême droite en avaient 9 dans le mandat précédent), Chalas et Noblecourt obtiennent seulement 3 élus chacun.

Pour la Métropole, il y aura 28 élu-es de Grenoble en commun, 4 pour Carignon et seulement 2 pour Noblecourt et 2 pour Chalas. La représentation de la ville-centre est enfin proche de sa représentation démographique avec 36 élus métropolitains sur 119.

Dans l’agglomération, les changements les plus importants sont le basculement à droite de Fontaine (qui était administrée depuis la Libération par le PCF), aidé par le « socialiste » Thoviste.

Meylan change de camp avec la victoire de la liste de gauche et écologiste Cardin ; la victoire de la liste écologiste et de gauche à Saint Egrève qui retrouve enfin une mairie à l’image de la sociologie politique de cette ville ; le passage à gauche et écologiste de Seyssinet-Pariset et de Vizille où une écologiste fait revenir la gauche à la mairie.

A Echirolles, le maire sortant PCF est réélu, la liste de gauche et écologiste avec le maire sortant à Eybens, malheureusement la droite se maintient à Sassenage. Une victoire à 3 voix près à Vif du maire sortant de droite.

Le Conseil métropolitain est maintenant complet avec 119 élu-es. Le vendredi 17 juillet aura lieu l’installation du nouvel exécutif avec l’élection du président et des vice-présidents. Pour l’instant, il y a deux candidats déclarés à la présidence de la Métropole, Yann Mongaburu, président du SMMAG et Christophe Ferrari, président sortant. La majorité métropolitaine écologiste, de gauche et citoyenne devra choisir le candidat qui représentera le mieux le projet majoritaire, ce qui exclut de son périmètre les élu-es « en marche », de droite et d’extrême droite.

Yann Mongaburu, élu sur la liste Grenoble en Commun, propose de faire évoluer la gouvernance de la Métro en redonnant aux communes le pilotage des actions de proximité comme les voiries. La Métropole ne doit pas être une superstructure au-dessus des communes. Il faut revenir à la définition initiale de l’établissement public de coopération intercommunale (EPCI) qui est une structure de coopération et de mise en commun. Il y a des services publics essentiels dont le périmètre d’action est l’agglomération (eau, énergie, déchets, transports publics…) et même parfois au-delà notamment pour les mobilités (SMMAG), mais de nombreuses actions peuvent être pilotées par la commune tout en étant de compétence métropolitaine.

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