Logement, travail, voisinage et conditions de vie : ce que le confinement a changé pour les Français

Publié le 8 janvier 2021

L’Institut national d’études démographiques (INED) a cherché à savoir quelles conséquences le premier confinement a eu sur la vie sociale des Français-es. La pandémie a d’abord constitué une crise sanitaire mais elle constitue aujourd’hui également une crise sociale majeure, en ayant accentué toutes les inégalités de classes sociales, de sexe et de générations.

« Les Français ne sont pas mal logés. Avec, en moyenne, 48 m2 /personne, la superficie et le confort du logement ont augmenté pour toutes les catégories de population au cours des dernières décennies, et 15 % d’entre eux possèdent un ou plusieurs autres logements en dehors de leur résidence principale. Mais la pandémie, et le confinement qu’elle a entraîné, ont changé leurs conditions de vie au quotidien, bouleversé l’usage et l’occupation du logement, et drastiquement accentué les écarts sociaux. Au risque d’un décrochage.

38 % des Français déclarent se sentir isolés dans leur logement ou leur quartier, malgré des échanges de services toujours aussi nombreux. 31 % déclarent une chute des revenus de leur ménage, 24 % craignent des difficultés pour payer leur logement dans les douze prochains mois et 7 % redoutent même de perdre leur logement. Certaines professions (artisans et commerçants, ouvriers) et les ménages aux revenus modestes sont particulièrement touchés.

Le confinement a également renforcé la pression sur l’occupation du logement et les situations de surpeuplement en France. Un ménage sur dix vit dans un logement surpeuplé pendant le confinement. 11 % ne possèdent aucun espace extérieur (jardin privatif ou partagé, cour, balcon, loggia…).

Parmi les actifs qui avaient un emploi avant le début du confinement, seuls 58 % d’entre eux travaillent encore à la 7è semaine de confinement. La surcharge professionnelle et familiale a induit une dégradation des relations entre parents et enfants. 18 % des enquêtés en télétravail déclarent une dégradation des relations avec leurs enfants depuis le début du confinement. Malgré des conditions de logement moins favorables en moyenne, les ouvriers et les employés sont plus nombreux que les cadres à avoir déclaré une amélioration des relations avec leurs enfants depuis le début du confinement, en particulier quand leur activité professionnelle s’est arrêtée.

Les femmes sont plus affectées que les hommes par les conséquences économiques et matérielles de la pandémie. Les situations de surpeuplement, les baisses de revenus et l’arrêt du travail sont plus fréquents ; au domicile, elles ont aussi de moins bonnes conditions que leurs homologues masculins. 39 % d’entre elles partagent leur espace de travail avec leurs enfants ou d’autres membres du ménage, contre 24 % des hommes.

Les jeunes paient un lourd tribut à la pandémie. Si 33 % des 18-24 ans ont quitté leur logement pour rentrer chez un parent ou un proche pendant le confinement – le plus fort taux de la population française –, 39 % déclarent avoir subi une baisse de revenus. 44 % des jeunes se sentent isolés, un taux qui a quasiment doublé par rapport à la situation qui précédait le confinement.

Ainsi, la pandémie a d’abord constitué une crise sanitaire : mais elle constitue aujourd’hui également une crise sociale majeure, en ayant accentué toutes les inégalités de classes sociales, de sexe et de générations. »

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