Pandémopolitique. Réinventer la santé en commun (La Découverte).
« Nous n’avons pas
eu à effectuer le terrible tri des malades » a-t-on pu entendre au printemps
2020. Mais en est-on si sûrs ?
Loin d’être un geste extraordinaire, le triage fait en réalité partie
intégrante des champs de la médecine et de la santé. Seulement, la crise du
SARS-CoV-2 a montré que le triage clinique n’était qu’une des
dimensions et conséquences d’un triage systémique façonné par les
politiques néolibérales et une technocratie sanitaire qui a, de longue date,
négligé la santé publique.
L’essentiel n’est donc pas tant de savoir si nous trions ou pas que de choisir
collectivement les modalités du triage et de définir démocratiquement les
priorités de notre système de santé. Des expériences alternatives se rappellent
à nous et dessinent des horizons différents, du renouveau de la santé
communautaire aux potentialités des communs, en passant par l’émergence d’un
triage écologique. La pandémie ouvre une brèche politique pour penser un autre
triage, réinventer notre santé selon d’autres priorités : sociales,
écologiques, démocratiques. La crise du SARS-CoV-2 est en cela bien plus qu’une
crise sanitaire. Elle est un événement pandémopolitique. »
Les trois auteurs : Jean-Paul Gaudillière, historien des sciences, est directeur de recherche à l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (INSERM). Caroline Izambert est docteure de l’EHESS et travaille pour l’association de lutte contre le sida et les hépatites AIDES. Pierre-André Juven est sociologue, chargé de recherche au CNRS et membre du Cermes3 et à Grenoble il est adjoint au maire de Grenoble s’occupant de la santé et de l’urbanisme.
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