Pesticides suite et le scandale de la Chlordécone aux Antilles

Publié le 5 mars 2021

Après les communes de la Montagne et de Grenoble qui ont pris des arrêtés anti-pesticides fondés sur l’obligation d’éliminer les déchets provenant de l’utilisation des pesticides, de nouvelles communes suivent ces exemples. Ce sont les villes d’Arcueil, Bagneux, Cachan, Gennevilliers, L’Île-Saint-Denis, Malakoff, Montfermeil, Nanterre, Savigny-le-Temple et Sceaux.

Dans les Antilles il existe de très importantes pollutions dues à la présence de Chlordécone et une médecin qui y travaille nous fait un point détaillé sur cette grave pollution qui est un véritable scandale.

Plusieurs pesticides dont les organochlorés sont à l’origine de pollution de tout l’environnement.

Les organochlorés ont été progressivement interdits à partir des années 60 car ils persistent dans l’environnement et s’accumulent dans les matières vivantes, et pourtant à partir de 1972, ils ont été utilisés massivement aux Antilles (Guadeloupe et Martinique) pour lutter contre le charançon du bananier et améliorer le rendement.

Malgré toutes les études défavorables sur ces produits et leur interdiction formelle aux USA en 1977, l’utilisation de deux organochlorés contenant chacun 5 % de chlordécone s’est poursuivie aux Antilles pour la culture des bananes et ne sera interdite qu’en 1990 avec des dérogations donc utilisée jusqu’en 1993.

On désigne cette pollution particulière par pesticides organochlorés par le nom du principe actif le plus délétère : la chlordécone ce qui deviendra le « scandale de la Chlordécone ».

Ce perturbateur endocrinien reconnu depuis 1979 par l’OMS comme neurotoxique, reprotoxique et cancérogène probable a pourtant été déposé aux pieds des bananiers essentiellement et dans une moindre mesure dans la canne à sucre, contaminant ainsi les sols et par le ruissellement des eaux, les rivières et le littoral. S’accumulant ainsi dans les légumes racinaires (patates douce, ignames …), dans les poissons des rivières, le milieu marin et  par voie alimentaire, les humains. La chlordécone ne disparait pas à la cuisson, ni à tout autre mesure de décontamination, on admet juste une dose minimale pour les produits de consommation courante …

En 2009, premières mesures d’interdiction de pêches en rivières et en zones littorales et ces mesures ont même été étendues en 2010.

En 2019, une étude de Santé Publique France révèle que 90 % des Guadeloupéens et Martiniquais ont de la chlordécone dans leur organisme provenant essentiellement de leur alimentation.

On estime que la disparition de la chlordécone dans l’environnement devrait prendre près de 7 siècles.

Effets sur la santé :

Une vaste étude de cohorte est en cours et prendra plusieurs années mais on sait déjà que les hommes de Guadeloupe et Martinique détiennent le record mondial des cancers de la prostate, ceci n’étant pas un effet ethnique car on ne constate pas la même proportion chez les afro-américains ou les autres hommes afro-caribéens.

On constate également une baisse de la fertilité chez les hommes guadeloupéens ou martiniquais. Pour les femmes une augmentation des cancers féminins (ovaires, sein).

Le taux de prématurité est plus élevé, et des effets néfastes sur le développement psychomoteur des enfants sont suspectés.

Plusieurs associations et les écologistes antillais ont lancé il y a 15 ans une procédure judiciaire pour empoisonnement.

Le 27 février 2021, il y a eu des milliers de manifestants dans les rues de Fort de France pour dire : « NON A L’IMPUNITE » car à ce scandale sanitaire, se rajoute un scandale juridique. En effet lors d’une audience par visioconférence le 20 janvier 2021, les juges parisiens ont laissé entendre qu’il y avait des probabilités pour que toute la procédure se solde par un non-lieu, donc pas de procès car il y a eu de mystérieuses disparitions de pièces du dossier et il pourrait y avoir prescription.

Tout le monde sait que la dangerosité de ce produit était connue mais que l’état français a laissé les antillais se contaminer pour améliorer le rendement des bananiers et donc permettre aux riches exploitants de continuer à s’enrichir en mettant en péril la santé de leurs ouvriers et de tous les habitants de Guadeloupe et de Martinique.

Il faut aussi ajouter que ces champs de bananes appartiennent pour la plupart à de riches propriétaires terriens les « Békés » descendants des premiers colons européens, ayant fait fortune grâce à l’esclavage. Ces riches propriétaires qui représentant 1 % de la population concentrent 20 % des richesses…

Une humiliation de plus pour nos compatriotes martiniquais et guadeloupéens, un soutien de la part de l’arc humaniste métropolitain grenoblois et partout ailleurs serait bienvenu.

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