Le Conseil municipal du 29 mars va adopter le budget 2021 de la ville avec retard à cause de la crise sanitaire qui rend plus difficile le travail de prospective budgétaire qui doit être sincère en recettes et en dépenses.
La crise sanitaire pèse lourdement sur les finances car elle augmente les dépenses et diminue les recettes. En 2020 c’est un trou financier de 5 M€ qu’a supporté la ville par rapport aux prévisions, essentiellement en fonctionnement et l’année 2021 va se retrouver à peu près dans la même situation.
Le budget principal proposé affiche des recettes de fonctionnement de 261,5 M€ (dont 147 M€ de recettes fiscales), 241,4 M€ de dépenses de fonctionnement et 83 M€ de dépenses d’investissement (dont 24,4 M€ de remboursement d’emprunt).
Les priorités politiques qui ont structuré ce budget : lutte contre la pandémie, en priorité pour protéger les plus vulnérables, lutter contre l’isolement, aider les aidants ; défendre les équilibres des existences : social, affectif, mental et physique, culturel, sportif, économique, politique.
Garder le cap des transitions énergétiques et écologiques : la pandémie a été un révélateur supplémentaire de la crise structurelle de notre modèle de société. Il ne faut plus s’en tenir au traitement des symptômes et il est essentiel de s’impliquer fortement pour que les mesures portent également sur les vraies causes et prendre en compte la fatigue des agent-es, la Ville a été en première ligne tout au long de la crise sanitaire et elle le reste avec un rôle de proximité et de solidarité fort et continu.
Ce qui caractérise les finances de la ville de Grenoble, c’est le manque récurrent de recettes de fonctionnement, situation qui date de 2014 lorsque le gouvernement a décidé de diminuer brutalement les dotations aux collectivités et Grenoble a été plus sévèrement touchée, car la situation financière laissée en 2014 était déjà dégradée. La nouvelle majorité élue en 2014 a eu la très mauvaise surprise de découvrir qu’il manquait 6 M€ dans le budget pour payer le personnel et au même moment le gouvernement Valls diminuait les dotations.
Grâce a une politique d’économie très importante dans son fonctionnement, la mairie a réussi à redresser les finances sans augmenter les taux des impôts.
Rappel des diminutions annuelles des dotations de l’Etat pour Grenoble
| Grenoble en M€ | 2013 | 2014 | 2015 | 2016 | 2017 | 2018 | 2019 | 2020 | 2021 |
| Dotations de l’Etat | 45,91 | 43,49 | 37,53 | 31,49 | 28,77 | 28,55 | 28,22 | 28,24 | 28,25 |
| Pertes depuis 2013 | -2,42 | -8,38 | -14,42 | -17,14 | -17,36 | -17,69 | -17,67 | -17,66 |
La ville de Grenoble a perdu définitivement entre 2014 et 2021 la somme cumulée de 112,7 M€ de dotation de l’Etat et chaque année ce trou reste.
Même avec une gestion rigoureuse de l’argent public, les dépenses augmentent pour des raisons indépendantes de la volonté de la ville car imposées par l’Etat, par exemple sur les charges de personnels ou liées à la pandémie. Le manque de recettes se traduit alors par une épargne qui diminue.
Les règles budgétaires imposées par la loi aux collectivités locales leur interdisent de faire comme les gouvernements successifs, d’emprunter pour financer le fonctionnement. Même pour investir, les collectivités doivent rembourser leur dette par des ressources propres, il est interdit d’emprunter pour rembourser la dette. Ces contraintes positives (qui évitent le surendettement) impliquent que la collectivité fasse suffisamment d’épargne pour alimenter les recettes d’investissement en ressources propres.
Sans la crise sanitaire les finances auraient été un peu délicates, avec la crise cela devient plus difficile. L’épargne nette qui était redevenue positive après la dégringolade démarrée en 2012, se retrouve négative de 1,7 M€ pour 2021.
Heureusement la ville devrait recevoir, en recettes d’investissement, 11,4 M€ de vente des 2/3 de ses actions de la Compagnie de chauffage à la Métro, ce qui va permettre de diminuer la dette en 2021 de 3,5 M€ environ.
