De la Commune à nos jours : mai 1871, mai 1941, mai 2021…

Publié le 28 mai 2021

Il y a 80 ans… Au Musée de Grenoble, il y a deux tableaux volés par les nazis pour lesquels nous avions obtenu en 2004 l’engagement de la ville d’apposer des cartels plus explicites indiquant que l’Etat et la ville de Grenoble recherchaient leurs propriétaires spoliés par les nazis.

Cet engagement n’est toujours pas vraiment tenu : le cartel de ce tableau de Gustave Courbet, « Paysage sous la neige », vers 1867, reste énigmatique même s’il comporte la mention MNR et la référence du site Rose Valland (résistante formée à l’école d’institutrices de Grenoble) :

L’indication « M.N.R. » qui figure sur les cartels de ces œuvres doit être décodée pour savoir qu’il s’agit de biens volés par les nazis dont les propriétaires sont recherchés. Il faut aller sur cette page du site du musée pour en apprendre plus.

D’autres musées ont fait le choix d’être explicites par exemple le musée d’Angers qui indique « Ce tableau a été spolié, nous cherchons son propriétaire ! ».

A ce sujet, on ne peut que conseiller la lecture de cet article universitaire : « Spoliations nazies : exposer, entre tabous et nécessité »

Au moment où Macron et ses affidés veulent réhabiliter Pétain, le Musée de la ville de Grenoble, compagnon de la Libération, doit rappeler les faits : ce sont les policiers et les gendarmes du gouvernement du régime de Vichy dit « Etat français » qui ont participé activement aux rafles, aux spoliations, aux vols, aux incarcérations, aux déportations vers les exterminations en particulier des personnes juives.

Regardons ces policiers et gendarmes français organisant la rafle du « Billet vert », le 14 mai 1941 sur les ordres de Pétain, du gouvernement de la « Révolution Nationale » (« RN »), du préfet de police de Paris, François Bard, au cours de laquelle des milliers de personnes juives seront déportés et assassinés à Auschwitz.

Regardons cette razzia par les nazis des biens de 40 000 foyers juifs parisiens, appelée « Opération Meuble » avec la complicité active de la police de Pétain : Le Pillage des appartements juifs : l’Opération Meuble, documentaire de Cyril Denvers (Fr., 2020, 52 min). A la demande du 23 au 30 mai 2021 sur France.tv

Certains des biens spoliés sont revenus ou n’ont pas quitté la France grâce au courage et à l’action de résistants comme Rose Valland, dont l’exposition du Musée Dauphinois l’an dernier retraçait l’importance. Aujourd’hui, il faut tout mettre en œuvre pour que leur travail soit poursuivi et que les biens volés soient rendus aux victimes ou à leurs descendants.

Il y a 150 ans, Gustave Courbet, artiste peintre, originaire de Franche-Comté, chef de file du mouvement « Le Réalisme », est un élu républicain en 1871 et participe activement à La Commune de Paris :

« Le citoyen Gustave Courbet est nommé en assemblée générale Président de la société des Peintres » le 17 avril 1871, et il dirige alors un comité chargé de la sauvegarde des œuvres d’art conservées à Paris et dans les environs.

Une statue de Napoléon en César avait été érigée par sur ordre de Napoléon Ier en 1810, place Vendôme, sur la « colonne Vendôme » à Paris :

« La Commune de Paris, considérant que la colonne impériale de la place Vendôme est un monument de barbarie, un symbole de force brute et de fausse gloire, une affirmation du militarisme, une négation du droit international, une insulte permanente des vainqueurs aux vaincus, un attentat perpétuel à l’un des trois grands principes de la République française, la fraternité, décrète : article unique – La colonne Vendôme sera démolie. »

La démolition de la statue de Napoléon sur la « colonne Vendôme » est effectuée par les Communeux le 16 mai 1871, il y a 150 ans.

Après l’écrasement de La Commune le 28 mai 1871, Gustave Courbet, en tant qu’élu républicain de La Commune, sera emprisonné le 7 juin 1871 et condamné. La loi sur le rétablissement de la colonne Vendôme aux frais de Courbet sera votée le 30 mai 1873. Il est acculé à la ruine après la chute de la Commune, ses biens mis sous séquestre, ses toiles confisquées. Il doit s’exiler.

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