Les Echos ont publié le 6 juin un article après avoir pu consulter une étude du ministère des Solidarités sur l’impact de la réforme des APL mise en place au 1er janvier 2021. Les APL ont été contemporanéisées et cette réforme fait nettement plus de perdants que de gagnants. L’Etat espère faire environ 750 millions d’euros d’économies sur les allocataires (chiffre réévalué à 900 M€). Après avoir pressurisé les bailleurs sociaux par le mécanisme de la réduction du loyer de solidarité (RLS) qui permet environ 1,5 milliards d’euros d’économie, ce sont les allocataires eux-mêmes qui font les frais de la politique du président des riches. Il y a 5,93 millions de ménages qui bénéficient des APL, après le RSA c’est la deuxième prestation qui contribue le plus à réduire un peu la pauvreté.
Les allocations logement s’adaptent désormais aux ressources des ménages sur les douze derniers mois, avec une actualisation trimestrielle. Le nombre de bénéficiaires a baissé de 8% en janvier, puis à nouveau fin mars. Par rapport à une situation sans réforme, 26% des allocataires sont gagnants, et 41% sont perdants (soit plus de 2 millions de foyers). Si la réforme n’avait pas eu lieu, leur aide aurait stagné ou aurait baissé mais moins rapidement.
Les grands gagnants de la réforme ne sont finalement que 9% des foyers : ceux dont la réforme a fait augmenter les APL alors que, sans elle, ils auraient vu leurs aides baisser en 2021.
Ces chiffres interviennent alors que l’Union nationale pour l’habitat des jeunes a tout récemment tiré la sonnette d’alarme. L’union a publié une enquête dans ses foyers de jeunes travailleurs. 39% des sondés a vu leur prestation baisser, à hauteur de 118 euros. L’Unhaj s’insurge et dénonce un effet de rattrapage brutal :
« Dès février l‘UNHAJ avait fait part de son inquiétude face à l’application de cette réforme, le recalcul du montant des APL tous les 3 mois étant un facteur d’incertitude supplémentaire pour des jeunes déjà largement touchés par les effets de la pandémie.
A défaut d’étude d’impact de cette réforme produite par le Gouvernement, et parce que de longue date le réseau Habitat Jeunes s’est doté d’un dispositif d’observation de ses activités et du public accueilli et/ou logé, l’UNHAJ s’est engagée auprès de la Ministre du Logement à analyser ses propres données.
Sans surprise, il en ressort que la contemporanéisation de la prise en compte des ressources des allocataires impacte particulièrement les jeunes. En raison d‘un effet de rattrapage brutal, tous sont perdants et ce quel que soit leur niveau de ressources. D’après les données de l’étude menée par l’UNHAJ, les plus impactés par la baisse des APL sont les jeunes actifs dont les revenus sont proches du SMIC (entre 800 et 1 300 euros) pour lesquels elle s’élève en moyenne à 95 euros par mois. Pour l’ensemble des jeunes, la baisse moyenne est de 38,50 euros par mois.
Sur le long terme, cela implique beaucoup de choses : des projets remis à plus tard du fait de l’incertitude, de l’incapacité à financer, mais aussi une formation abandonnée, une offre d’emploi refusée, des opportunités non saisies… On se souvient de l’émoi légitime qu’avait soulevé la baisse générale d’APL de 5 euros. Aujourd’hui, et alors que le contexte social est bien plus préoccupant, cette baisse est presque 8 fois supérieure, voire 20 fois pour certains !
Alors que la moitié des 18/24 ans sont en voie d’insertion professionnelle, l’UNHAJ demande a minima la mise en place d’un mécanisme compensatoire pérenne pour protéger les jeunes actifs les plus précaires, à l’image des solutions déjà appliquées aux étudiants ou aux apprentis, et bientôt aux contrats de professionnalisation. »
De même, l’Unafo (Union professionnelle du logement accompagné), publie un bilan sectoriel de l’impact de la réforme qui indique une baisse généralisée du montant des APL dans le logement accompagné : « Cette enquête, qui porte sur les données comparées entre les mois d’avril 2021 et d’avril 2020, montre une baisse du montant des APL dans tous les types de logements, y compris dans les pensions de famille. Mais ce sont les personnes logées en résidences jeunes qui sont les plus impactées avec un montant moyen diminué de 10 %… »