Néonicotinoïdes, un rapport de l’Anses indique que des alternatives existent…

Publié le 18 juin 2021

Six mois après l’autorisation des néonicotinoïdes pour le traitement des semences de betteraves, l’Agence nationale de sécurité sanitaire et environnementale (ANSES) vient de confirmer qu’il existe 22 alternatives moins toxiques que les insecticides « tueurs d’abeilles » pour lutter contre les pucerons responsables de la jaunisse de la betterave. Le rapport d’expertise collective s’intitule : « Efficacité des traitements disponibles pour lutter contre les pucerons de la betterave CONNAÎTRE, ÉVALUER, PROTÉGER ». Il existe une large gamme d’options de substitution aux néonicotinoïdes. La décision de Macron de réautoriser les néonicotinoïdes pour traiter la production de betteraves était donc non fondée.

Voici quelques extraits de ce rapport : « Ce rapport montre qu’il existe une large gamme d’options de substitution aux néonicotinoïdes parmi les 8 familles de méthodes de lutte analysées, identifiées sur la base d’une efficacité reconnue contre les deux principaux pucerons vecteurs des virus de la jaunisse de la betterave, ou contre les virus eux-mêmes. Le principal défi demeure cependant celui de l’adaptation de ces méthodes au cas particulier de la culture de la betterave sucrière dans ses bassins de production en France.

Au total, 76 options ou produits ont été étudiés comme alternatives possibles aux néonicotinoïdes pour la lutte contre les pucerons vecteurs de la jaunisse de la betterave (ou leurs virus associés), avec une répartition hétérogène puisque les produits phytopharmaceutiques alternatifs en constituent la majeure partie (43, dont 21 de synthèse et 22 d’origine naturelle)…

À l’échelle des familles de méthodes alternatives, les notes moyennes de critères permettent de distinguer 5 groupes :

(1) Les produits phytopharmaceutiques de synthèse comme étant en moyenne les plus efficaces mais avec la note de durabilité la plus basse, soulignant le risque important d’évolution de résistance chez les espèces de pucerons concernées. Leur praticité est bonne (pulvérisation) mais leur opérationnalité est modérée car leur autorisation de mise sur le marché nécessite la constitution d’un lourd dossier d’homologation. A noter qu’un certain nombre de produits listés ayant déjà des autorisations sur d’autres usages auraient besoin à court terme d’une dérogation.

(2) Les méthodes culturales présentent la deuxième meilleure efficacité moyenne, avec une durabilité maximale, une bonne opérationnalité moyenne (la plupart ayant déjà été testées sur d’autres cultures que la betterave) et une praticité faible à modérée du fait de la nécessité de modifier le système de culture et/ou les itinéraires techniques.

(3) Les produits phytosanitaires d’origine naturelle, les macroorganismes et les variétés résistantes aux virus (lutte génétique) présentent un profil similaire aux méthodes culturales avec en moyenne des efficacités correctes, une très bonne durabilité mais une note moyenne d’opérationnalité faible car nécessitant de plus amples recherches ou des ajustements techniques pour leur application.

(4) Les microorganismes, les variétés résistantes aux pucerons, les stimulateurs de défenses des plantes, les méthodes physiques ont des notes d’efficacité moyenne comparables entre eux et modérées, une bonne durabilité, une note moyenne d’opérationnalité assez bonne et une bonne praticité.

(5) La lutte par l’utilisation de médiateurs chimiques se distingue par la plus faible moyenne d’efficacité, d’opérationnalité et de praticité…

Identification de méthodes alternatives substituables à court terme pour pallier le retrait des néonicotinoïdes dans la lutte contre les pucerons de la betterave…

Un total de 4 méthodes ou produits apparaissent suffisamment efficaces, durables, opérationnelles et pratiques pour être rapidement substituables aux néonicotinoïdes pour la lutte contre les pucerons de la betterave :

· Une substance active de la famille des pyridines-carboxamides, le flonicamide, entrant dans la composition d’un produit phytopharmaceutique de synthèse ;

· Une substance active de la famille des kétoénoles, relativement efficace, le spirotétramate, qui entre dans la composition d’un produit phytopharmaceutique qui a déjà été autorisé par dérogation sur culture de betterave sucrière ;

· Deux méthodes culturales n’impliquant pas de modification drastique du système de culture de la betterave à sucre car fondées sur la modification du mode de fertilisation ou protection des sols : le paillage, d’une part, et la fertilisation organique à l’aide de vermicompost, d’autre part.

L’analyse d’Agir pour l’environnement à lire ici.

Mots-clefs : , ,

Le commentaires sont fermés.