L’Institut des Politiques Publiques (IPP) vient de rendre publique l’évaluation à grande échelle du programme Parler Bambin menée par les laboratoires J-PAL (Ecole d’économie de Paris – ENS) et Dynamique du Langage (Lyon II). 94 crèches, plus de 1000 professionnelles de la petite enfance et familles parmi les plus précaires ont participé à ce rigoureux protocole d’évaluation, afin d’estimer les effets de la méthode à court et plus long terme.
Ces dernières années, Parler Bambin était soutenu à fond par O. Noblecourt qui pensait avoir trouvé la pierre philosophale, c’est raté. Alors que l’ANSA, porteuse du projet, comptait sur cette étude d’envergure pour booster l’implantation du dispositif, le rapport conclue que « PARLER Bambin ne semble pas avoir d’effet sur le développement langagier des enfants mais produit un léger impact positif à court terme sur leur développement socio-affectif (…) Cet effet ne se maintient pas à long terme. » Du côté de la formation, « les professionnelles des crèches formées à PARLER Bambin adoptent de façon plus systématique les postures et les stratégies qui favorisent des interactions langagières riches et plus stimulantes avec les enfants. Cependant cette évolution ne semble pas affecter leur développement langagier à court terme comme à moyen terme. »
« Résumé :
Quand un enfant issu d’un milieu défavorisé entre à l’école, il maitrise en moyenne moins bien le langage qu’un enfant issu d’un milieu favorisé. Ce désavantage le pénalisera dans ses apprentissages pendant sa scolarité, augmentera ses risques de décrochage et aura des conséquences sur ses conditions de vie futures. De nombreux travaux de recherche soutiennent que l’on peut cependant corriger cette situation dès la petite enfance, par exemple en introduisant des programmes de haute qualité éducative en crèche. Le programme Parler Bambin vise à former les professionnelles de crèche pour renforcer leurs connaissances et leurs pratiques quotidiennes dans le domaine du langage et de l’interaction langagière, et ainsi améliorer le développement langagier des jeunes enfants. Le programme a pour vocation de réduire ces inégalités précoces de développement langagier, dans l’espoir, à terme, de réduire les inégalités scolaires et socio-économiques. Cette étude évalue les effets du programme Parler Bambin sur les pratiques des professionnelles et sur le développement des enfants. Pour ce faire, nous avons mené une évaluation randomisée à grande échelle auprès de 94 crèches réparties sur le territoire de la France métropolitaine, en suivant des enfants issus de familles défavorisées. Nous avons travaillé avec ces crèches pendant trois années dans le but d’estimer des effets de court et de plus long termes.
Points clés :
A la suite de la formation, les professionnelles adoptent largement les principes et les pratiques de Parler Bambin : elles ont des interactions plus stimulantes et plus riches avec les enfants. Ce changement de pratiques a cependant du mal à se maintenir dans le temps.
Parler Bambin ne semble pas avoir d’effet sur le développement langagier des enfants mais produit un léger impact positif à court terme sur leur développement socio-affectif (confiance en soi, relations avec les autres). Cet effet ne se maintient pas à long terme.
Plusieurs interprétations sont possibles. Peut-être que le changement de pratiques des professionnelles des crèches formées à Parler Bambin n’a pas été suffisamment soutenu dans le temps pour pouvoir produire les effets attendus sur le développement langagier des enfants. Peut-être aussi que les gestes promus par le programme, dans un contexte d’accueil en crèche où beaucoup est déjà fait par les professionnelles, n’ont pas d’effet important sur ce développement langagier. Enfin, il est possible que les outils utilisés pour mesurer le développement langagier des enfants ne soient pas assez sensibles pour repérer certains changements chez les enfants. »
Mots-clefs : enfance, ens. supérieur et recherche