État du climat mondial en 2021 par l’Organisation Météorologique Mondiale

Publié le 5 novembre 2021

L’Organisation Météorologique Mondiale (OMM) a rendu public le 31 octobre 2021 son rapport provisoire sur l’état du climat mondial. Sans surprise, après les travaux du GIEC, l’OMM indique que des concentrations atmosphériques de gaz à effet de serre sans précédent et la chaleur cumulée qu’elles entraînent, ont propulsé la planète sur un terrain inconnu, ce qui a de graves conséquences pour les générations actuelles et futures. Pour l’année 2021, les données sont prises sur les 9 premiers mois de l’année. Les sept dernières années sont les sept années les plus chaudes enregistrées à ce jour. Par suite d’un refroidissement temporaire lié à l’épisode «La Niña» observé en début d’année, 2021 ne se trouvera probablement qu’à la cinquième place dans le classement des sept années les plus chaudes jamais enregistrées. Il n’empêche que la tendance à long terme d’une élévation des températures ne va ni s’inverser ni s’infléchir.

« Le rapport présente un instantané de plusieurs indicateurs climatiques, tels que les concentrations de gaz à effet de serre, les températures, les phénomènes météorologiques extrêmes, le niveau de la mer, le réchauffement et l’acidification des océans, le retrait des glaciers et la fonte des glaces, tout en exposant les incidences socio-économiques de ces évolutions…

Ce qu’il faut retenir :

Gaz à effet de serre

En 2020, les concentrations de gaz à effet de serre ont atteint des niveaux record. Le taux de dioxyde de carbone (CO2) s’élevait à 413,2 parties par million (ppm); le taux de méthane (CH4) à 1889 parties par milliard (ppb) et le taux de protoxyde d’azote (N2O) à 333,2 ppb, soit respectivement 149 %, 262 % et 123 % des taux préindustriels (1750). Leur progression s’est poursuivie en 2021.

Températures

La température moyenne de la planète en 2021 (estimée sur la base des données recueillies entre janvier et septembre) dépasse d’environ 1,09 °C la moyenne de la période 1850-1900. Actuellement, selon les six ensembles de données sur lesquels se fonde l’analyse de l’OMM, 2021 s’annonce la sixième ou la septième année au classement des années les plus chaudes à l’échelle planétaire qui ont été enregistrées. Le classement pourrait certes s’avérer différent à la fin de l’année.

Il est néanmoins probable que 2021 se situera entre le 5e et le 7e rangs des années les plus chaudes jamais enregistrées et que les années 2015 à 2021 seront les sept années les plus chaudes de nos archives.

L’année 2021 est moins chaude que les précédentes en raison de l’influence qu’a exercé en début d’année un épisode modéré de La Niña. La Niña refroidit temporairement la température moyenne de la planète et influe sur le temps et le climat à l’échelle régionale. L’empreinte de La Niña était clairement visible dans le Pacifique tropical en 2021. La précédente manifestation d’envergure du phénomène remonte à 2011. La température de 2021 est supérieure d’environ 0,18 °C à 0,26 °C à celle de 2011.

Dès que l’effet de l’épisode La Niña de 2020-21 s’est atténué, les températures moyennes mensuelles à l’échelle du globe ont repris leur ascension. L’année 2016, qui a débuté au cours d’un épisode El Niño de forte intensité, reste l’année la plus chaude jamais enregistrée selon la plupart des ensembles de données examinés.

Océans

Environ 90 % de la chaleur accumulée dans le système terrestre est stockée dans les océans. Cette chaleur se mesure à l’aide de la «teneur en chaleur de l’océan».

Jusqu’à 2000 m de profondeur, l’océan a continué de se réchauffer en 2019, de sorte que sa température a atteint un nouveau record. Une analyse préliminaire fondée sur sept ensembles mondiaux de données donne à penser que ce record a été dépassé en 2020. Selon tous les ensembles de données, les taux de réchauffement des océans ont subi une augmentation particulièrement marquée au cours des deux dernières décennies et devraient continuer de s’élever à l’avenir.

Une large part des océans ont connu au moins une forte vague de chaleur marine au cours de l’année 2021, à l’exception de l’est de l’océan Pacifique équatorial (en raison de La Niña) et d’une grande partie de l’océan Austral. Les mers de Laptev et de Beaufort, qui se trouvent dans l’Arctique, ont connu des vagues de chaleur marine «intenses» et «extrêmes» entre janvier et avril 2021.

Les océans absorbent environ 23 % des émissions atmosphériques annuelles de CO2 d’origine anthropique, ce qui les rend plus acides. Au large des côtes, le pH de surface a diminué à l’échelle mondiale au cours des 40 dernières années, au point qu’il est aujourd’hui plus bas qu’il n’a jamais été depuis au moins 26 000 ans. Les taux de variation du pH actuels sont sans précédent depuis au moins 26 millénaires. Plus son pH diminue, moins l’océan peut absorber le CO2 de l’atmosphère.​

Niveau de la mer

Les variations du niveau moyen de la mer à l’échelle du globe s’expliquent principalement par le réchauffement des océans, qui entraîne une dilatation thermique de l’eau de mer, et par la fonte des glaces terrestres.

Mesurée depuis le début des années 1990 par des satellites altimétriques de haute précision, l’élévation moyenne du niveau de la mer à l’échelle du globe a été de 2,1 mm par an entre 1993 et 2002 et de 4,4 mm par an entre 2013 et 2021, soit une augmentation d’un facteur 2 entre les deux périodes. L’exacerbation du phénomène tient essentiellement à l’accélération de la perte de masse de glace que subissent les glaciers et les calottes glaciaires.​

Glace de mer

À son pic annuel, en mars, l’étendue de la glace de mer arctique était inférieure en 2021 à l’étendue moyenne de la période 1981 à 2010. Par la suite, en juin et au début juillet, elle a rapidement diminué dans les régions de la mer de Laptev et de l’est de la mer du Groenland. Dans toute la zone arctique, l’étendue de la glace de mer s’est donc ramenée à des minima record dans la première quinzaine de juillet.

Puis la fonte s’est ralentie en août et l’étendue minimale de septembre (après la saison estivale), de 4,72 millions de km2, était plus importante qu’aux années précédentes. L’année 2021 est la douzième au classement des années présentant les plus petites étendues de glace enregistrées par satellite en 43 ans. L’étendue de la glace de mer dans l’est de la mer du Groenland a marqué un minimum historique très prononcé.

L’étendue de la glace de mer de l’Antarctique, qui a atteint sa valeur maximale à la fin août, relativement tôt dans l’année, a été en général proche de la moyenne de la période 1981-2010.

Glaciers et calottes glaciaires

La perte de masse des glaciers d’Amérique du Nord s’est accélérée au cours des deux dernières décennies, doublant presque au cours de la période 2015-2019 par rapport à 2000-2004. En 2021, un été exceptionnellement chaud et sec dans l’ouest de l’Amérique du Nord a durement frappé les glaciers de montagne de la région.

L’étendue de la fonte de la calotte glaciaire du Groenland était proche de la moyenne à long terme au début de l’été. Toutefois, les températures et le ruissellement des eaux de fonte ont été nettement supérieurs aux valeurs normales en août 2021, par suite d’un important afflux d’air chaud et humide à la mi-août.

Le 14 août, des chutes de pluie ont été observées durant plusieurs heures à la station Summit, le point le plus élevé de la calotte glaciaire du Groenland (3 216 m), et la température de l’air est restée au-dessus du point de congélation pendant environ neuf heures. Aucun rapport n’a jamais fait état de chute de pluie à la station Summit. C’est la troisième fois au cours des neuf dernières années que la station Summit connaît des conditions de fonte. Les données recueillies sur les carottes de glace indiquent qu’un seul épisode de fonte comparable s’est produit au cours du XXe siècle… »

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