Décroissance pour les plus riches, croissance pour plus de la moitié de l’humanité !

Publié le 12 novembre 2021

Les émissions de gaz à effets de serre sont un phénomène mondial, les réduire exige un changement radical dans les modes de consommation notamment parmi les 10 % des plus riches du monde, plus de la moitié de l’humanité n’est pas responsable du changement climatique, ses émissions sont inférieures aux seuils indiqués par le GIEC.

Le 5 novembre, Oxfam international publie une étude montrant que l’empreinte carbone des 1% les plus riches du monde est 30 fois supérieure à celle compatible avec la limite du réchauffement à 1,5 °C d’ici 2030. Pour les 10 % les plus riches c’est encore 9 fois supérieur. En revanche, l’empreinte carbone de la moitié la plus pauvre de l’humanité restera bien en-dessous de ce seuil.

La population mondiale en 2030 sera d’environ 7,9 milliards de personnes. Sur ce total, 80 millions de personnes feront partie des 1 % les plus riches, 800 millions des 10 % les plus riches, 3,4 milliards des 40 % restants et 4 milliards des 50 % les plus pauvres.


Sur la base de la parité de pouvoir d’achat du dollar en 2011, en 2030, le revenu annuel des personnes appartenant à la catégorie des 1 % les plus riches devra être supérieur à 172 000 dollars, celui des 10 % les plus riches supérieur à 55 000 dollars, celui des 40 % restants supérieur à 9 800 dollars, et celui de la moitié la plus pauvre de la population mondiale inférieur à 9 800 dollars.

S’attaquer aux inégalités extrêmes et identifier les émissions excessives liées à la consommation et aux investissements des personnes les plus riches du monde est crucial pour maintenir l’objectif de 1,5°C. Pour ne pas dépasser ce seuil, chaque personne sur terre devrait émettre en moyenne 2,3 tonnes de CO2 par an d’ici 2030, ce qui reviendrait à pratiquement diviser par deux les émissions moyennes actuelles par habitant de la planète. 

« Dans cette nouvelle note d’information commandée par Oxfam sur la base d’une analyse de l’Institut pour la politique environnementale européenne (IEEP) et du Stockholm Environment Institute (SEI), nous fournissons des estimations de l’impact des NDC sur l’empreinte carbone par habitant de différents groupes de revenus en 2030. Ces chiffres révèlent l’inégalité flagrante entre les personnes dont l’empreinte carbone est compatible avec l’objectif de 1,5°C de l’Accord de Paris et celles dont l’empreinte carbone ne remplit pas cet objectif. Nous estimons alors que :

  • En 2030, l’empreinte carbone des 1 % les plus riches de la population mondiale sera 25 % plus élevée qu’en 1990, 16 fois plus importante que la moyenne mondiale, et 30 fois plus que l’empreinte carbone mondiale par habitant compatible avec l’objectif de 1,5°C, tandis que l’empreinte carbone de la moitié la plus pauvre de la population mondiale restera bien en-dessous de l’objectif de 1,5°C.
  • La part des émissions mondiales totales associées à la consommation des 1 % les plus riches devrait continuer à augmenter, passant de 13 % en 1990 à 15 % en 2015 et à 16 % en 2030.
  • De 2015 à 2030, la « classe moyenne » mondiale7 est en passe de réduire ses émissions par habitant, se rapprochant d’un niveau compatible avec l’objectif de 1,5° (même si ses émissions seront encore au-dessus). Etant donné que ce groupe social a connu la plus rapide augmentation d’émissions carbone entre 1990 et 2015, ce phénomène peut être vu comme un signe de « l’effet Paris »8 qui modifie l’évolution des émissions de CO2.
  • La géographie des inégalités mondiales en matière de carbone est susceptible de changer avec une part croissante des émissions des 1 % les plus riches du monde liée aux citoyens des pays à revenu intermédiaire.
  • Au niveau national, dans chacun des principaux pays émetteurs de CO2, les 10 % des citoyens les plus riches devraient avoir en 2030 des émissions par habitant nettement supérieures au niveau moyen mondial par habitant compatible avec l’objectif de 1,5°C. Les inégalités des émissions sont extrêmes, tant au niveau mondial qu’au sein de la plupart des pays. Si l’on veut maintenir en vie l’objectif de 1,5°C, il faut réduire les émissions de carbone beaucoup plus rapidement et dépasser les objectifs qui sont proposés actuellement. En revanche, il est essentiel que ces efforts aillent de pair avec des mesures visant à réduire les inégalités dans le monde, afin que les citoyens les plus riches du monde montrent l’exemple et ce, quel que soit l’endroit où ils vivent… »

Les Inégalités des Émissions en 2030 : L’empreinte carbone par habitant et l’objectif de 1,5⁰C (openrepository.com)

Cette étude est comparable à celle de Lucas Chancel co-directeur du Laboratoire sur les inégalités mondiales (en anglais).

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