Bilan 2017-2022 : les mesures fiscales et sociales ont surtout bénéficié aux très riches

Publié le 25 février 2022

Deux documents de l’Observatoire des inégalités sont axés sur les impacts de la politique Macron sur les plus riches et sur les plus défavorisés.

Dans un entretien édité dans La Voix du Nord, Louis Maurin directeur de l’Observatoire montre que les inégalités créent des tensions majeures dans notre société.

Une analyse de l’Observatoire montre que les réformes de la fiscalité et de la protection sociale du quinquennat qui s’achève ont modifié le paysage des inégalités de revenus. Principalement en faveur des plus riches et au détriment de ceux qui ne travaillent pas.

« Les réformes de la fiscalité et des prestations sociales décidées au cours du quinquennat 2017-2022 ont augmenté les inégalités entre les deux extrémités de l’échelle des revenus, selon une évaluation de l’Institut des politiques publiques (IPP). Les 5 % les plus pauvres n’ont tiré aucun bénéfice des mesures prises, leur niveau de vie a même diminué pour certains. Pour l’immense majorité de la population, située entre les 5 % les plus pauvres et le 1 % le plus riche, l’amélioration des revenus sous l’effet des politiques menées est de l’ordre de 1 % à 2 % annuels. Les membres du 1 % le plus riche sont les grands gagnants de ces mesures, qui font progresser de près de 3 % leurs revenus après impôts. Au total, si on raisonne en pourcentage, les mesures de ces cinq dernières années ont eu un effet relativement égal sur la quasi-totalité des ménages, avec deux exceptions : les très riches, qui se sont beaucoup plus enrichis, et les très pauvres, qui en ont été exclus.

En euros, plus on est aisé, plus on a bénéficié des réformes, toujours selon cette étude. Pour les personnes situées parmi les 5 % les plus pauvres, l’effet des mesures gouvernementales serait compris entre – 35 et + 39 euros annuels, c’est-à-dire quasiment rien. Entre les 6 % les plus pauvres et le milieu de l’échelle des revenus (environ 1 800 euros par mois après impôts pour une personne seule), l’amélioration est un peu plus sensible, aux alentours de 200 euros annuels. À partir des 50 % les plus aisés, le gain s’élève. Dans le tiers supérieur, il est de 500 euros annuels. Pour les 5 % du haut, c’est 600 euros ou plus, jusqu’à 3 500 euros pour le 1 % supérieur.

L’effet taxe d’habitation

Un grand nombre de mesures ont été prises en cinq ans, dont les conséquences en matière de revenus se cumulent. La suppression de la taxe d’habitation est, de très loin, la plus coûteuse. Elle représente 18,5 milliards d’euros de perte annuelle pour les finances publiques, sur un total de 28 milliards de baisses d’impôts et de cotisations sociales. Les plus pauvres, déjà exonérés de cet impôt, n’y ont logiquement rien gagné. Pour les autres, le gain est proportionnel à la valeur de leur logement, qui, en gros, progresse avec le niveau de vie.

Les autres réformes fiscales, plus modestes pour le budget de l’État, ont toutes eu des effets inégalitaires. La réforme du barème de l’impôt sur le revenu a diminué l’imposition des classes moyennes (situées entre les 50 % et les 80 % les plus riches). La transformation de l’impôt sur la fortune en un impôt sur la seule fortune immobilière et la réduction de l’imposition des revenus financiers ne concernent que les très très riches (le 1 %, et même principalement le millième le plus riche de la population, selon les auteurs de l’étude). Quant aux taxes qui ont été augmentées (sur le tabac et l’énergie), elles pèsent davantage sur le budget des ménages les plus pauvres… »

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