Rappel concernant les zones de précarité urbaine dans la métropole grenobloise

Publié le 25 février 2022

Au moment où les élu-es métropolitains préparent le budget 2022, il n’est pas inutile de rappeler les situations sociales qu’il faut prendre en compte pour élaborer le pacte financier fiscal de solidarité (PFFS) imposé par la loi, et qui doit comprendre la dotation de solidarité communautaire (DSC).

La DSC actuellement versée par la Métro aux communes ne répond pas aux exigences de la loi. Pour l’instant il n’y a toujours pas d’accord dans la majorité métropolitaine pour arrêter une DSC légale, pourtant il suffisait d’augmenter de 2,5 M€ le montant de la DSC pour trouver une répartition conforme à la loi et prenant en compte les réalités sociales les plus évidentes. Mais il semblerait que la volonté de plus en plus affirmée de ne pas aider la ville-centre, qui porte des charges de centralité qu’il faut compenser, l’emporte sur la simple rationalité.

L’adoption du PFFS est obligatoire depuis le 1er janvier 2022 (voir article L 5211-28-4 du CGCT). La métropole peut-elle poursuivre plus longtemps sans se mettre en accord avec les exigences de la loi ?

Pour aider les élu-es à avancer sur la mise en place du PFFS, nous rappelons une étude de l’INSEE de 2015 qui indiquait à partir des données carroyées (zones de 200 m de coté), les zones de précarité sociale dans la métropole. Ces données n’ont pas beaucoup évolué, elles se sont plutôt détériorées car les inégalités sont allées en croissant, notamment en défaveur des plus pauvres.

En voici des extraits :

Les ménages précaires entre Grenoble et les communes du sud de l’agglomération

Les ménages en situation de précarité sont plus nombreux dans le sud de l’agglomération, spécialement dans les communes situées sur la rive droite du Drac. Cela inclut Grenoble, où vivent la moitié des allocataires de minima sociaux de la métropole, et la moitié des ménages vivant en dessous du seuil de pauvreté…

Des quartiers contrastés

Les constats communaux masquent naturellement des réalités plus diverses au sein des communes ; elles peuvent être appréhendées avec une cartographie plus fine. On voit alors apparaître des quartiers plus homogènes socialement. Parmi ces quartiers, on caractérise des territoires de concentration des situations précaires, qui correspondent bien souvent aux quartiers de la politique de la ville et à une pauvreté urbaine typique de l’habitat en logement social. Même si, comme dans le centre dense de Grenoble, la situation mérite d’être nuancée.

Trois grandes zones de précarité du Pont-de-Claix à Saint-Martin-d’Hères

Trois grands quartiers se distinguent à la fois par le cumul des signes de précarité et par une densité de population importante. Il y a d’abord la Villeneuve, vaste ensemble de cités HLM à cheval entre Échirolles et Grenoble. Les signes de précarité, notamment monétaire, y sont manifestes, mais ils dépassent les limites du quartier. C’est quasiment sur l’ensemble de la commune d’Échirolles que l’on trouve des concentrations de familles à bas revenus, à l’exception des quartiers résidentiels de la Commanderie.

Presque dans la continuité de la Villeneuve, le quartier de Teisseire présente des caractéristiques similaires, avec une surreprésentation des ouvriers non qualifiés, des salariés à temps partiel, des familles nombreuses, des bénéficiaires des minima sociaux. Dans ce cas également, la précarité dépasse les limites strictes du quartier pour dessiner une zone plus floue, qui inclut une portion de Saint-Martin-d’Hères.

Enfin, un territoire pratiquement continu s’étend sur la rive droite du Drac, qui englobe le quartier « Viscose » à Échirolles (historiquement une des premières cités ouvrières de l’agglomération grenobloise), la Luire, les Îles de Mars et la cité Olympiades à Pont-de-Claix ; ici aussi, il s’agit à la fois de précarité monétaire, d’emploi et de fragilités familiales, dans des logements principalement sociaux.

D’autres poches de précarité autour de Grenoble

À Fontaine, les situations de précarité semblent étendues à l’ensemble de la commune. La précarité monétaire frappe, comme ailleurs, les quartiers de logements HLM (Cuire et Romain Rolland) mais la précarité de l’emploi est plus diffuse et plus élargie, touchant aussi bien le centre ancien que les quartiers périphériques. Une importante opération de rénovation urbaine (dans le quartier de la Saulne) vise à modifier la structure de la population et à augmenter la mixité sociale.

Sur la rive droite de l’Isère, seule la Buisseratte à Saint-Martin-le-Vinoux présente des signes de difficultés sociales. En dehors de ce petit quartier, on retrouve surtout un peuplement rendu plus diffus par le relief naturel et une population aisée, généralement en habitat individuel.

Enfin, à Vizille, les ménages fragiles vivent dans le centre de la ville plutôt que dans les bourgs environnants. Pour une commune de cette taille, la politique sociale urbaine n’a pas le même sens que dans le cœur de l’agglomération. L’intégration de Vizille et des communes voisines dans l’espace plus vaste et plus urbain de la métropole est donc porteuse de nouveaux enjeux…

Centre de Grenoble : ménages de petite taille en difficulté et mixité sociale

Grenoble présente un profil plus complexe, comme c’est souvent le cas des centres d’agglomération. On y retrouve d’abord la précarité urbaine typique des grands ensembles de logement sociaux à la Villeneuve, au village Olympique, à Teisseire, mais aussi dans deux quartiers plus petits : le Mistral à l’ouest et Notre-Dame au nord.

Il y a également dans le centre de Grenoble des zones de précarité (monétaire ou d’accès à l’emploi) plus diffuses. Elles sont situées dans le centre ancien mais aussi de part et d’autre du cours Berriat. Au sein de logements de petite taille, la population précaire est surtout composée de personnes seules, comprenant des étudiants, des jeunes actifs, des travailleurs pauvres et des personnes âgées isolées. En revanche, les familles avec enfants y sont rares. Le parc de logements, en majorité du locatif privé dont une partie se trouve dans un état médiocre, nécessite la mise en œuvre de politiques urbaines et sociales multiples. Finalement, le centre héberge une population diversifiée, les moins favorisés partageant l’espace avec des ménages sans difficulté, dans une forme de mixité sociale courante au sein des centres villes…

Mots-clefs : , ,

Le commentaires sont fermés.