En France, l’inflation fait chuter le revenu réel des ménages

Publié le 16 août 2022

Le 4 août 2022, l’OCDE publie les résultats d’une étude sur l’évolution des revenus réels des ménages. Ils ont chuté de 1,1 % dans la zone OCDE lors du 1er trimestre 2022. Et contrairement aux déclarations du gouvernement français, la situation est particulièrement négative pour la France même si l’inflation a été un peu mieux maitrisée que dans les autres pays, les revenus réels ont baissé plus que dans certains grands pays : Canada, Italie, Royaume Uni, Allemagne, Etats-Unis (voir graphique 1)

Et depuis 2019, l’évolution des revenus réels des ménages français a stagné

Un article de Médiapart intitulé : « Inflation : le gouvernement se félicite, les Français trinquent » insiste sur le déni gouvernemental sur les salaires :

« … malgré l’emphase du ministre pour nous faire croire que nous vivons dans une sorte de paradis terrestre, le bilan des gouvernements français sous la conduite d’Emmanuel Macron est très décevant. Voici en effet un exécutif qui a dépensé 440 milliards d’euros durant la crise sanitaire et encore plusieurs dizaines de milliards d’euros pendant la poussée inflationniste pour parvenir à ce résultat médiocre.

Le déni gouvernemental sur les salaires

Pour comprendre pourquoi, il faut analyser la source de la perte de revenu réel en France. Cette source, ce sont les salaires. La Dares, la section statistique du ministère du travail, avait souligné la chute au premier trimestre du salaire réel de 2,1 %. Ce sont donc bien les salariés qui ont subi le plus fort choc de répartition face à l’inflation. Et cela, en grande partie, parce que les salaires ne suivent pas les prix lorsque ceux-ci s’accélèrent.

Le gouvernement se désintéresse de la question, estimant comme l’a indiqué en juin Olivia Grégoire, alors porte-parole du gouvernement, qu’il n’y a pas « de bouton » pour augmenter les salaires. À l’Assemblée nationale, le 20 juillet, Éric Woerth, rallié à la majorité présidentielle avait évacué le sujet en proclamant que « c’est l’économie qui fixe les salaires ». La position de l’exécutif est donc simple : les salaires doivent être les derniers servis. Leur augmentation est nécessairement soumise aux « lois économiques », autrement dit à l’intérêt du capital. C’est aussi dans cette logique que Bruno Le Maire s’est contenté de « demander » aux entreprises d’augmenter les salaires « lorsqu’elles le peuvent ».

Mais c’est ne pas comprendre – ou feindre de ne pas comprendre – que, comme on l’a vu précisément plus tôt, l’inflation est d’abord et avant tout un problème de répartition. C’est aussi refuser de voir qu’il existe une possibilité d’éviter cet écueil : l’indexation salariale sur l’inflation. En Belgique, où ce système a été maintenu, les revenus réels ont augmenté de 3,6 % au premier trimestre. L’écart avec la France, c’est-à-dire l’appauvrissement des Français par rapport aux Belges, est alors de près de 6 points, le tout avec une inflation plus forte outre-Quiévrain.

La situation est assez préoccupante. Certes, les augmentations automatiques du salaire minimum qui ont eu lieu depuis vont sans doute réduire le choc, mais il n’empêche que ces chiffres du premier trimestre ont de quoi inquiéter. Ils prouvent que la dynamique salariale sous-jacente en France est très faible, plus faible que dans des pays où, en théorie, les salariés sont moins protégés comme les États-Unis ou l’Allemagne. Ils prouvent une incapacité des salariés à défendre leurs revenus réels, dans l’indifférence complète des dirigeants. »

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