Les conditions inégales de travail en France

Publié le 7 octobre 2022

L’Observatoire des inégalités vient d’éditer son huitième numéro des Notes de l’Observatoire qui présente les principales données sur les inégalités de conditions de travail en France.

Porter de lourdes charges, travailler à la chaîne, dans un environnement dangereux, le dimanche ou la nuit : les conditions inégales du travail sont rarement en débat. Mais sur dix ans, elles ne diminuent pas.

Les différents thèmes traités dans la Note :

  • La pénibilité physique du travail augmente
  • Travailler dans un environnement hostile
  • Les hommes davantage concernés que les femmes
  • Le travail sous contrôle
  • Le travail à contretemps de la société

« Dans le débat sur les inégalités, un domaine a du mal à trouver sa place : celui des conditions de travail. On évoque les dérives de l’«ubérisation». La crise sanitaire a mis en lumière celles et ceux qui étaient en première ligne. Il ne s’agit là que d’une partie d’un ensemble de travailleurs et de travailleuses qui s’usent au quotidien, à désosser des carcasses, à bitumer des routes, à laver des sols, etc. Qui sait que 14 % des ouvriers travaillent sous la contrainte du déplacement automatique d’une pièce ? Qui débat d’ailleurs du travail à chaîne, des charges lourdes ou des produits toxiques ?

Historiquement, les conditions de travail se sont améliorées, la durée du travail a été réduite et les normes de sécurité ont été renforcées. Mais sur la dernière décennie, nos principaux indicateurs d’inégalités ne diminuent pas. Une fraction considérable de la force de travail continue à exercer des emplois éprouvants dans des environnements dangereux. Cette pénibilité est très loin d’être reconnue à sa juste valeur – qu’il s’agisse de salaire ou d’estime sociale – dans un pays qui ne jure que par le travail « intellectuel » au détriment des tâches manuelles, où les dominants n’ont souvent que faire des dominés qui doivent exécuter leurs ordres.

La France qui se lève tôt et travaille dur est massivement constituée de jeunes de milieux populaires, pour une part conséquente venus de l’étranger pour exercer ces métiers dont on ne veut plus, tellement ils sont difficiles. On y trouve de plus en plus souvent des femmes sans diplôme qui elles aussi rêvent souvent d’autres professions, mais ne trouvent pas de place ailleurs.

Leur invisibilité constitue l’une des sources des tensions sociales que notre société doit affronter. Une loi de 2017 a même réduit le nombre de critères de pénibilité pris en compte pour le droit à un départ à la retraite anticipé. Il est temps de porter ce sujet au-devant de la scène publique. Par pour rêver béatement d’un nouvel âge d’or du travail manuel en multipliant les incantations à mieux le considérer, mais en agissant concrètement. »

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