Le nucléaire français, c’est la panique

Publié le 11 novembre 2022

Le gouvernement met la pression sur EDF pour mettre en marche toutes les centrales nucléaires coûte que coûte cet hiver. Par surcroit la nationalisation décidée prend du retard car certains des actionnaires contestent le prix proposé de 12 € par action alors que le prix d’introduction lors de la privatisation de 2005 était de 32 €.

EDF essaye de redémarrer les réacteurs arrêtés même quand les conditions de sécurité ne sont pas respectées. Ce qui vient de se passer concernant le réacteur de Cattenom 1 est très inquiétant même si l’Autorité de Sureté Nucléaire (ASN) y a mis heureusement le holà.

EDF a essayé de persuader l’ASN que « la garantie d’un fonctionnement en toute sûreté du réacteur pour une période de 12 mois est apportée »

L’ASN considère que deux soudures du réacteur 1 de la centrale nucléaire de Cattenom doivent être réparées avant son redémarrage.

 Cette position très ferme a été prise suite à l’expertise demandée à l’IRSN qui a publié un avis le 26 octobre 2022, dans lequel on peut lire des condamnations sans appel de la position qu’EDF a essayé de vendre à l’ASN.

Voici quelques extraits de cet avis :

« …l’IRSN considère que la revendication par EDF des performances de détection et de caractérisation des fissures de CSC dans les lignes auxiliaires du CPP par ultrasons ne présente pas les garanties apportées par un procédé qualifié. Aussi, les résultats de ces contrôles doivent être considérés avec une grande prudence dans le cadre des dossiers de traitement d’écart du réacteur n° 1 de Cattenom.

En raison d’une stratégie de contrôle par échantillonnage des lignes RIS BF du réacteur n° 1 de Cattenom, l’IRSN considère que la garantie de détection dans les lignes RIS BF du défaut de CSC potentiellement le plus nocif n’est pas apportée par EDF…

L’IRSN observe que pour des soudures dont les abords présentent des indications ultrasonores pouvant correspondre à des défauts de CSC de hauteur supérieure à 3 mm, des zones étendues sont non couvertes. L’IRSN considère qu’EDF n’apporte pas une information complète sur l’état de santé des abords de ces soudures. Compte tenu de ces réserves sur les performances du procédé de contrôle ultrasonore, d’un contrôle par échantillonnage des soudures des lignes RIS BF et d’un contrôle des abords de deux soudures suspectées d’une fissuration par CSC comportant des zones non couvertes, l’IRSN considère que le bilan des contrôles n’apporte pas un niveau de confiance suffisant sur l’état de santé des lignes RIS BF du réacteur n° 1 de Cattenom…

Ainsi, selon l’IRSN, il n’est pas possible, à ce jour, d’exclure le risque de propagation par fatigue des fissures amorcées par de la corrosion sous contrainte. L’IRSN note qu’EDF n’a pas mené d’analyse sur le risque de propagation par fatigue…

L’IRSN considère donc que le caractère enveloppe de la géométrie du défaut de hauteur variable dans la circonférence de la tuyauterie n’est pas acquis…

L’IRSN estime donc que les calculs réalisés par EDF en considérant un défaut de hauteur variable dans la circonférence ne sont pas recevables…

Par conséquent, malgré plusieurs optimisations de méthode par rapport à la pratique habituelle de réalisation des études codifiées mises en œuvre par EDF dans ses études de nocivité dont certaines nécessitent des compléments de justification, l’IRSN estime que la démonstration d’absence de risque de rupture ductile causée par les défauts de corrosion sous contrainte détectés aux abords des soudures A9-BF1 et A18-BF2 du réacteur n°1 de Cattenom n’est pas acquise.

De ce fait, compte tenu des sources d’incertitude importantes identifiées lors de la présente expertise, l’IRSN considère que les dossiers de traitement d’écart présentés par EDF n’apportent pas de garanties suffisantes dans l’état actuel des connaissances. Aussi, dans l’objectif d’une exploitation avec un niveau de sûreté acceptable, l’IRSN estime qu’il convient qu’EDF poursuive l’évaluation de l’état de santé des lignes RIS en branche froide du réacteur n° 1 de la centrale nucléaire de Cattenom. »Avis de l’IRSN d’Octobre 2022

Mots-clefs : , , ,

Le commentaires sont fermés.