Abandon du concept du développement durable au profit de la théorie du « donut »

Publié le 3 février 2023
Kate Raworth

Chaque année dans toutes les villes de plus de 50 000 habitants, préalablement au débat d’orientation budgétaire, un « Rapport sur la situation en matière de développement durable » est présenté au conseil municipal. Il traite des thèmes imposés par la loi : la lutte contre le changement climatique ; la préservation de la biodiversité, des milieux et des ressources ; la cohésion sociale et la solidarité entre les territoires et les générations ; l’épanouissement de tous les êtres humains ; une dynamique de développement suivant des modes de production et de consommations responsables.

A cette occasion, lors du conseil municipal du 30 janvier, la majorité municipale a réitéré sa critique du concept classique de développement durable qui vise à poursuivre le mode de développement actuel des sociétés et qui nous emmène dans le mur.

La Ville de Grenoble a adopté « la théorie du donut », proposée par l’économiste Kate Raworth qui a longtemps travaillé à Oxfam.

La délibération qui prend acte du débat sur le rapport concernant la situation en matière de développement durable donne des précisions à sujet :

« En outre, conformément à la délibération-cadre « Grenoble 2040 » adoptée en février 2022, ce rapport intègre un premier « portrait donut territorial » de la Ville de Grenoble pour dépasser les trois piliers du développement durable (progrès économique, justice sociale, préservation de l’environnement).

Cette notion de développement durable, d’abord théorisée par le philosophe allemand Hans Jonas en 1979 puis intégrée en 1987 dans le rapport Brundtland et repris par la Conférence des Nations Unies sur l’environnement et le développement (Conférence de Rio 1992), définit un « développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures de répondre aux leurs ». Le développement durable vise implicitement à la préservation d’un modèle économique basé sur une hypothèse de croissance perpétuelle et d’extraction infinie des ressources, avec toutefois la volonté d’en atténuer les externalités négatives et de favoriser une relative redistribution des richesses accumulées.

Trente ans de développement durable à l’échelle mondiale n’ont nullement entamé les courbes exponentielles de réchauffement climatique, de consommation des ressources, de creusement des inégalités sociales ou d’érosion de la biodiversité. Le projet de transition vers une société juste et décarbonée défendu à Grenoble requiert donc une autre boussole. Celle-ci s’appuie sur la « théorie du donut » de l’économiste Kate Raworth (2012), visant à allier les enjeux de justice sociale aux enjeux de préservation et de régénération environnementale, ce qui nécessite de réencastrer l’économie dans les limites planétaires en appliquant les principes de circularité et de durabilité forte.

Le premier portait donut de la Ville de Grenoble s’inspire de ces principes et invite à opter durablement pour une grille de lecture à 360°, permettant de visualiser le point de départ nécessaire pour définir des trajectoires de réponse aux besoins des grenoblois-es (« plancher social ») et d’atterrissage dans les limites de ce que la planète peut offrir et reconstituer (« plafond environnemental »).

Le foisonnement d’initiatives lors de cette année-événement Grenoble Capitale Verte Européenne 2022 signe le dynamisme du territoire grenopolitain pour faire face et répondre aux défis d’un XXIe siècle porteur de profondes perturbations et d’incertitudes.Nombre de ces réponses locales au désordre global, portées par la Ville de Grenoble et le CCAS, sont ainsi illustrées de manière non-exhaustive dans l’édition 2022 de ce Rapport sur la situation en matière de développement durable. »

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