Adaptation au changement climatique : ce que peuvent (et doivent) faire les collectivités

Publié le 17 février 2023

Les impacts du changement climatique sont locaux et une grande partie de l’adaptation des territoires reposera sur les collectivités. Elles peuvent – et doivent – dès maintenant mettre en place de nombreuses actions. L’institut de l’économie pour le climat (I4CE) a édité un document qui fait une liste de ces actions pour le bloc communal, (communes et intercommunalité), les départements et les régions.

Rappelons que ce sont les collectivités locales qui portent plus des deux tiers des investissements publics et il s’agit qu’elles accélèrent rapidement. Augmenter significativement les investissements oblige aussi à renforcer certaines dépenses de fonctionnement et si on ne veut pas faire exploser la dette, il faut renforcer l’épargne des collectivités.

Le Point Climat n°74 d’I4CE liste certaines de ces actions, suivant les compétences des diverses collectivités :

« Allongement de la durée des vagues de chaleur, hausse du niveau de la mer, intensification des sécheresses, diminution de l’enneigement : les collectivités sont en première ligne face aux conséquences du changement climatique.

En agissant sur leur patrimoine et par l’exercice de leurs compétencesbloc communalDépartement et Région ont chacun un rôle crucial à jouer pour anticiper ces impacts et limiter leurs conséquences économiques, environnementales et sociales. Si certaines actions d’adaptation (par exemple les politiques de végétalisation) sont très visibles et commencent à largement se diffuser – ce qui est une bonne nouvelle – d’autres leviers, moins connus mais possiblement très structurants sont à la main des élus locaux.

De nombreuses actions sans-regret peuvent d’ores et déjà être mises en œuvre par les collectivités pour réduire les vulnérabilités du territoire en amont et mieux se préparer à répondre aux épisodes de stress et de chocs climatiques à venir. Par exemple en accélérant les investissements dans le renouvellement des réseaux d’eau pour réduire les fuites ou en renforçant les moyens dédiés à la prévention du risque inondation pour anticiper les futurs phénomènes extrêmes. Dans certaines situations, il sera également nécessaire de mettre en œuvre de réelles transformations territoriales : par exemple en réaménageant l’espace sur le littoral pour relocaliser certains équipements ou certaines activités trop exposés aux risques ou en accompagnant des changements économiques majeurs en montagne où la diminution de l’enneigement demande à repenser le modèle touristique. Les collectivités ne pourront pas systématiquement agir seules (I4CE 2023), mais elles peuvent (et doivent) s’engager dès aujourd’hui dans ces actions d’adaptation et dans la préparation des transformations. Pour cela, il revient aux collectivités de porter politiquement des exigences fortes en matière d’adaptation pour leur territoire et d’y dédier des moyens budgétaires et humains suffisants pour : 

  1. Intégrer l’adaptation dans les dépenses structurantes en réinterrogeant l’ensemble des investissements de la collectivité sous le prisme d’un climat qui change (par exemple en se projetant dans le climat futur lors de la construction d’un bâtiment). C’est en étant vigilants et exigeants le plus en amont possible qu’il est le plus facile et le moins coûteux de garantir que les infrastructures, les bâtiments et les espaces publics construits seront robustes et bien pensés pour un climat plus chaud, plus variable ou plus sec ; que les choix de développement économiques n’ignoreront pas les projections climatiques.
  2. Mobiliser des budgets spécifiques pour l’adaptation pour s’assurer que :
    1. Les actions concrètes d’adaptation (ex. actions de désimperméabilisation, adoption de référentiels de construction résiliente, accompagnement des acteurs du territoires, déploiement de solutions d’adaptation fondées sur la nature, etc.) planifiées dans les PCAET ou les feuilles de routes régionales soient réellement mises en œuvre avec l’ambition nécessaire ;
    2. Les politiques publiques existantes qui contribuent à l’adaptation (ex. politique de l’eau, de prévention du risque inondation, de prévention contre les incendies, de gestion des crises) disposent des moyens suffisants pour faire face à l’évolution des risques.
  3. Y dédier du temps et des moyens humains pour mobiliser, animer et piloter les stratégies locales d’adaptation. La prise en compte effective de l’évolution du climat demande avant tout du temps (de pédagogie, d’animation, de conduite de projets) et de l’expertise. Il est donc indispensable que ces missions puissent être confiées à des agents dont c’est l’attribution principale. Ils doivent pouvoir compter sur le soutien de l’ensemble des services concernés, pour qui l’adaptation doit devenir un objectif explicitement inscrit sur les fiches de poste de leurs agents. »

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