Qui sont les personnes accueillies à l’aide alimentaire ?

Publié le 3 mars 2023

Le réseau des Banques Alimentaires a présenté le 27 février, la nouvelle édition de son étude sur le profil sociodémographique des personnes accueillies à l’aide alimentaire.
L’étude “Profils” met en évidence l’émergence de nouvelles catégories parmi ces publics : les personnes actives “travailleurs pauvres” et les retraité.e.s, qui aspirent au “bien-manger” malgré la précarité, et confirment leurs besoins d’accompagnement sur le volet social.

L’aide alimentaire devient encore plus incontournable avec l’inflation. En effet suite à l’épidémie de Covid, l’inflation pèse sur le budget alimentaire des personnes pauvres qui se tournent davantage et plus fréquemment vers l’aide alimentaire. Les Banques alimentaires accueillaient 820.000 personnes en 2011, contre 2,4 millions fin 2022, soit trois fois plus de personnes en 10 ans !

Le Monde a consacré le 27 février un long article intitulé : « A Grenoble, dans les structures d’aide alimentaire : « J’ai toujours fait attention aux prix, mais là, je le fais doublement »

En plus de l’étude des Banques alimentaires, l’Union nationale des groupements des épiceries sociales et solidaires met aussi en évidence la diversité des profils des bénéficiaires – retraité.e.s, travailleurs et travailleuses pauvres dont salarié.e.s en CDI, étudiantes et étudiants, jeunes enfants…

Les deux études insistent sur la nécessité d’une aide alimentaire de qualité. Le prochain bouclier social de Grenoble pourrait trouver un champ d’intervention à ce sujet.

Cette étude, réalisée du 29 septembre au 15 novembre 2022, révèle que le recours à l’aide alimentaire touche désormais de nouveaux profils : 17% des personnes accueillies sont à la retraite et 17% d’entre elles ont un emploi (dont  60% à temps partiel).

Alors que l’alimentation devient le deuxième poste de dépense pour les ménages (derrière le logement et devant l’énergie), une nouvelle catégorie de personnes en état de précarité alimentaire émerge : les «travailleurs pauvres ».

Au total, 94% des personnes interrogées vivent en dessous du seuil de pauvreté. 

Pour deux tiers d’entre elles, l’aide alimentaire est jugée«essentielle, dont on ne peut pas se passer ». Ce critère accuse une progression de + 15 points par rapport à 2020. Désormais, près de 6 personnes sur dix se présentent à une association d’aide alimentaire deux fois par semaine (+6 % vs 2020). 

Le recours à l’aide alimentaire est plus récurrent et sur une période plus longue.

Une aspiration au “bien-manger” malgré la précarité

Les personnes souhaitent en priorité avoir accès aux produits qui pèsent sur leur budget : produits protéinés (viande, poisson, œufs) et les fruits et légumes. Un enjeu d’équilibre nutritionnel majeur puisque 71% des personnes déclarent au moins un problème de santé : problèmes de vue, problèmes dentaires, obésité ou encore diabète (…). 

Les produits non alimentaires (produits d’hygiène notamment) sont également très demandés.

Pour contrer les effets de la précarité alimentaire, l’accompagnement social cité comme facteur-clé

2 personnes sur 3 expriment le besoin d’être accompagnées et apprécient le soutien moral et social, qui, couplé à l’aide alimentaire, permet de faire face au quotidien de la précarité.
Pour 70% des répondants, leur motivation principale est la rencontre avec d’autres personnes, cela représente une progression de 15 points (vs 2020).
Les personnes seules représentent plus de 40% des personnes accueillies (+4 points vs 2020).

 Indicateurs “macro” : 2011 > 2022, une demande d’aide alimentaire qui a triplé.

Les Banques Alimentaires, premier réseau d’aide alimentaire en France, accompagnent 2,4 millions de personnes en situation de précarité alimentaire. A la fin de l’année 2022, le réseau constatait une hausse de 9% de la demande d’aide alimentaire. En moins de deux ans, 400 000 nouvelles personnes se sont présentées dans les associations partenaires du réseau. En 2011, les Banques Alimentaires accueillaient 820 000 personnes. En moins de deux ans, 400 000 nouvelles personnes se sont présentées dans les associations, CCAS et épiceries sociales partenaires du réseau. »

L’Union nationale des groupements des épiceries sociales et solidaires édite le panorama des épiceries sociales et solidaires. Elle pointe les difficultés accrues en 2022 entre inflation et augmentation des publics accueillis. Elle souligne la surreprésentation d’un public mineur de moins de 15 ans : 30% des publics des épiceries pour 17% de la population.

« Au sein de l’UGESS, deux modèles principaux d’épiceries se côtoient : les épiceries sociales représentant environ 60 % des membres, dont les achats de produits sont réservés aux personnes en situation de précarité et les épiceries solidaires (40 %), ouvertes à tous avec des prix différenciés entre public précaire et public solidaire. Ces épiceries peuvent être portées par des collectivités (CCAS), des associations voire des sociétés coopératives. Cette diversité de modèle est une réelle chance et un des fondements de l’UGESS.

Nos épiceries font de gros efforts pour proposer des produits de qualité en s’orientant notamment vers un approvisionnement en circuit-court auprès des producteurs avec un créneau : chacun a le droit à une alimentation de qualité, saine et produite dans de bonnes conditions sociales et écologiques.

Chaque année, l’UGESS sonde ses adhérents à travers l’envoi d’un questionnaire en ligne afin de mieux cerner leur situation. Cette année, plus de 50 % des épiceries membres ont contribué à cette enquête.

Nos actions se trouvent aujourd’hui face un triple défi : celui de la hausse des publics accueillis, celui de l’inflation et donc de la hausse des prix d’achat, dans un contexte où les soutiens financiers de l’Etat stagnent… »

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