Le média en ligne Reporterre rend compte du 6ème rapport du Giec adopté le 19 mars, synthèse des 6 rapports parus entre 2018 et 2022. Ce rapport a été adopté à l’unanimité des195 pays membres du Giec qui s’accordent sur les causes anthropiques du changement climatique, ses effets et les solutions existantes. En France l’élévation de température est déjà de 1,7°C, la moyenne mondiale étant de 1,1°C. Il va servir pour préparer la COP28 en novembre 2023.
« Justice sociale » et « justice climatique »
Pour les États signataires, ce constat sur les solutions ne les engage pas. Le texte ne comporte en effet pas de prescriptions politiques. Mais il va néanmoins guider les négociations lors de la prochaine Conférence des Nations unies sur le climat — la COP28 — qui se déroulera à Dubaï en novembre 2023. Autre point important du rapport pour les négociations à suivre, la reconnaissance des fortes inégalités face au réchauffement climatique. Les justices climatique et sociale font ainsi leur apparition dans le texte validé par les décideurs.
Face à l’urgence de mettre en place des mesures d’adaptation, la question de l’équité dans l’accès à ces mesures entre pays, mais aussi au sein d’un même pays, devient une « priorité ». Les inégalités des impacts entre les régions du globe sont largement illustrées par des cartes d’impacts saisissantes. Pour la pêche par exemple, où les stocks de poisson disparaissent dans la zone intertropicale au profit des pôles. Plus largement, le rapport rappelle que le réchauffement n’est pas le même partout. La France est bien placée pour le savoir, puisqu’elle s’est déjà réchauffée de 1,7 °C alors que le réchauffement global est de 1,1 °C.
« Rien d’essentiel n’a disparu »
Le processus nécessaire pour aboutir à un consensus international sur le climat mérite aussi que l’on s’y attarde. Au cours de la semaine qui vient de se dérouler en Suisse, les représentants des États avaient la charge de valider le rapport de synthèse rédigé par les scientifiques, mais aussi d’adopter, phrase par phrase, le résumé pour décideurs selon le principe onusien d’un pays, une voix. Chaque phrase a ainsi été discutée et validée. Au cours de cette étape diplomatique, les scientifiques ne quittent pas l’arène, puisque c’est sous leur regard attentif que se déroulent ces débats. Les États choisissent ce qu’ils mettent et omettent, mais les scientifiques sont garants que le texte respecte bien l’état des connaissances scientifiques. « Rien d’essentiel n’a disparu », commente Gerhard Krinner.
« La publication de chaque rapport reste aussi un moment important, c’est à chaque fois un signal d’alarme qui remet les enjeux climatiques en haut du débat public », insiste Anne Bringault. Même si d’aucuns peuvent rétorquer que — rapport ou pas — les conséquences du dérèglement climatique suffisent aujourd’hui à mettre le climat à la Une de l’actualité. « Si les effets du changement climatique sont déjà là, conclut Gerhard Krinner, on peut toujours influencer la vitesse du réchauffement en réduisant les émissions pour avoir plus de temps pour s’adapter. »